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Pétrole : un rapport offre/demande pas favorable à de grandes envolées (1/2)

22/02/2019 - 17:26 - Sicavonline - Vincent Bezault (mis à jour le : 22/03/2019 - 15:17)


Pétrole : un rapport offre/demande pas favorable à de grandes envolées (1/2)

Stéphane Soussan est gérant Actions Thématiques chez CPR AM et spécialiste du pétrole. Il était l’invité de l’œil du Pro. Voici la version écrite de son interview.

Sicavonline : Le pétrole qui a connu un parcours assez erratique ces derniers mois. Si on considère le Brent, il était au-dessus des 80 dollars à l'été, fin septembre, il a chuté pour retomber à dollar enfin dans la zone des de là et puis maintenant il s'est redressé pour fluctuer dans la zone des 65 dollars le baril. Vous nous dites Stéphane que ce mouvement haussier arrive à son terme. Qu'est-ce qui vous fait dire cela ?

Stéphane Soussan : Si l'on regarde le marché pétrolier pour 2019, on peut estimer aujourd'hui sur la base des prévisions de l'agence internationale de l'énergie que le marché pétrolier sera soit équilibré en 2019 soit en légère surproduction. La demande devrait continuer à être bonne avec une croissance de l'ordre de 1% à 1,5 % pourcent. D'ailleurs, la demande est bonne depuis la sortie de la grande crise financière de 2009, on a eu globalement une bonne demande de pétrole en 2019. Par contre il a fallu que l'OPEP et quelques pays non-OPEP comme la Russie et le Mexique annonce une réduction de sa production fin novembre 2018 pour équilibrer le marché ou obtenir peut-être une légère surproduction en 2019. Dans ce cadre il est quand même difficile d'espérer une poursuite d'une forte hausse du prix du pétrole.

On voit que la demande et l'offre exprimées en millions de barils jour sont parfaitement équilibrées puisqu'on à 100,9 millions de barils/jour d'offre pour une demande de 100,6 millions de barils/jour en 2019. Cela étant, est ce qu'il n'y a pas plusieurs éléments qui pourraient retendre un petit peu le rapport entre offre et demande, le déséquilibrer. Si on considère déjà l'environnement  macroéconomique, vous me dites que la demande est plutôt en rapport avec l'offre mais on a quelques inquiétudes. On voit des indices PMI des directeurs d'achat qui fléchissent un peu dans toutes les zones. Est-ce que ça ne pourrait pas affecter la demande et donc provoquer un surcroît d'offre et ramener les cours à un niveau plus bas ?

Effectivement, c'est un risque puisqu'on voit comme vous le mentionnez une décélération de la croissance mondiale par rapport à 2018. On parle beaucoup de la décélération en Chine qui était quand même un grand moteur de croissance sur la demande de pétrole ces dernières années. Donc, je pense qu'il y a plutôt un risque de révision en baisse qu'en hausse sur la demande de pétrole de mondial en 2019.

Reparlons cependant de l'offre. On a beaucoup insisté sur le développement du pétrole de schiste aux Etats-Unis expliquant qu'il avait contribué à fluidifier à étendre l'offre de pétrole et ainsi à équilibrer le rapport entre offre et demande. Or d'aucuns allèguent aujourd'hui un certain nombre de goulets d'étranglement du côté du pétrole de schiste, goulets d'étranglement qui pèsent évidemment sur l'offre. Il y a une production qui est très importante, disent-ils, mais elle n'est pas de même nature que le pétrole traditionnel. Le pétrole de schiste est beaucoup plus léger, une caractéristique qui le rend bien moins intéressant aux yeux des raffineurs puisque les marges se font sur du pétrole lourd. Autre goulet d'étranglement : la distribution avec un manque de pipelines et de main d'œuvre –le manque de conducteurs de camions citernes propulse leurs salaires à des niveaux assez astronomiques. Partant, ne surestime-t-on pas la vigueur potentielle de l'offre dans ce rapport offre demande ?

Côté logistique effectivement, il existe un goulet d'étranglement qui a apparu à peu près milieu de l'année 2018 et qui devrait persister jusqu'au troisième trimestre de 2019 puisque la hausse de production pétrolière aux Etats-Unis est effrénée et extraordinaire depuis ces dernières années et que les capacités des pipelines pour déplacer ce pétrole dans les raffineries et dans les centres d'exportation ne sont pas suffisantes. Toutefois, à partir du troisième trimestre 2019 de nouveaux pipelines vont normalement entrer en activité et ce goulet d'étranglement devrait disparaître. Sur la qualité du pétrole, vous avez raison, le pétrole de schiste est un pétrole léger de bonne qualité. Effectivement, historiquement le système de raffinage américain, surtout dans le golfe du Mexique, a été conçu pour traiter des pétroles plus lourds ou avec plus de soufre où les marges étaient meilleures. C'est du reste l'un des motifs de cette exportation vers l'étranger, notamment à destination de la Chine, du pétrole brut léger américain. (…) Mais si on veut parler de contraintes sur la production américaine, je pense qu'il y a une contrainte encore plus simple et plus directe : la baisse du prix du baril.  Les compagnies pétrolières américaines [de pétrole de schiste] ont deux spécificités. La première est qu'elles dépensent l'intégralité de leur cash flows. Aussi dès que le prix du baril baisse, leur cash-flow baisse et leurs investissements doivent automatiquement baisser. La deuxième particularité des compagnies de shale oil est que le cycle d'exploitation du pétrole de schiste est très court. Vous forez un puits en deux trois semaines alors qu'il faut plusieurs mois dans une autre partie du monde. Ce qui implique que les pétrolières américaines ont les moyens d'adapter leur activité assez rapidement et donc de réagir plus rapidement à une baisse du baril. Elles peuvent moduler leur production beaucoup plus rapidement qu'un ExxonMobil, qu'un Total  ou un Chevron qui opèrent en Afrique de l'ouest ou ailleurs.

J'aimerais qu'on aborde un autre point d'importance quand on étudie la question de l'offre et de la demande de pétrole : la déplétion naturelle, c'est-à-dire le fait qu'un puits de pétrole voit sa rentabilité décliner au fil du temps, puisqu'il se vide et que de surcroît il est de plus en plus difficile d'extraire le pétrole restant du fait d'une atténuation de la pression dans le puits. Cette baisse de rentabilité est de l'ordre de 4 à 5 % par an. Compenser celle-ci nécessite des investissements. Or, depuis quelques années on entend dire que le niveau d'investissement est insuffisant pour compenser la déplétion naturelle. En gros, il faudrait 650 milliards de dollars d'investissements par an alors que les compagnies procèdent à 450 milliards d'investissements chaque année depuis trois ou quatre ans. Donc, il manque à peu près un tiers des investissements. Est-ce que cet état de fait ne va pas contraindre l'offre sensiblement, et déséquilibrer le rapport entre offre et demande, en aboutissant à une offre insuffisante nonobstant le ralentissement économique et peut-être maintenir les cours à des niveaux assez élevés voire les faire progresser ?

Effectivement depuis la chute du prix du pétrole fin 2014, on a vu une très forte baisse des investissements des compagnies pétrolières à partir de 2015, qui s'est poursuivie en 2016 et 2017. Oui, vraiment on a vu une forte baisse des investissements et des coûts sur toute la chaîne de valeur du pétrole et l'industrie est confrontée à ce phénomène de déplétion.

On estime que si on n'ajoute pas de champs nouveaux à la production, la production mondiale de pétrole baisserait de 4 % par an, ce qui est gigantesque. Il y a de fait un effort d'investissement à faire ne serait-ce que pour maintenir la production mondiale, je ne parle même pas de satisfaire la croissance de la demande. Cette forte baisse des investissements à un moment, en toute logique, devrait avoir un impact sur la production. Nous ne l'avons pas encore vu aujourd'hui. Je pense qu'on pourrait peut-être le voir à partir de 2020 et il pourrait en effet soutenir les cours du pétrole en exerçant une contrainte supplémentaire sur l'offre de pétrole.

Où voyez-vous les cours du pétrole se situer à 12/18 mois ?

Sur un horizon boursier de 12/18 mois, dans le cadre actuel où on a un marché soit équilibré soit en légère surproduction, je pense qu'on peut avoir un pétrole autour de 65 dollars le baril pour le Brent. Pourquoi autour de 65 dollars le baril ? Quand vous descendez vers les 55 dollars le baril un certain nombre de compagnies pétrolières ne sont plus rentables, même les fameuses compagnies pétrolières américaines qui exploitent le pétrole de schiste. Cela crée une sorte de base à partir de laquelle les investissements baissent, la production s'ajuste.
65 dollars le baril de Brent, c'est un niveau acceptable pour la rentabilité de l'industrie pétrolière. Par conséquent, c'est un niveau à partir duquel l'industrie pétrolière peut réinvestir suffisamment avec une rentabilité suffisante. Au-delà on commence à rentrer dans des rentabilités un peu trop fortes et une tentation de produire à tout va.

Propos recueillis et édités par VB.

La suite de l'interview en compagnie de Stéphane Soussan ici

 

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