EADS, un dossier prioritaire pour Nicolas Sarkozy

18/05/2007 - 16:12 - Option Finance

(AOF) - Nicolas Sarkozy, pour son premier déplacement de chef de l'Etat en province, a multiplié les annonces sur le dossier Airbus, qu'il juge prioritaire. Devant les syndicats de l'entreprise, le président a annoncé que l'Etat répondra présent en cas d'augmentation de capital d' EADS et estimé que le pacte d'actionnaires devait être revu. "Je vais mettre les pieds dans le plat: le pacte d'actionnaires de 2000 ne peut pas continuer en l'état", a-t-il déclaré, demandant: "comment voulez-vous faire entrer de nouveaux actionnaires dans un pacte quand ils auront le droit de payer mais pas de parler?". Nicolas Sarkozy a déclaré que la France était prête à faire son devoir d'actionnaire pour aider financièrement EADS, ajoutant toutefois que l'Etat n'avait pas vocation à rester dans le capital du groupe aéronautique européen une fois que celui-ci aura retrouvé une bonne santé. Le capital d'EADS est réparti principalement entre actionnaires français et allemands, privés et publics, avec Lagardère (en train de passer de 15% à 7,5%) et l'Etat français (15%), DaimlerChrysler (15%) et un consortium d'investisseurs (7,5%) incluant des Länder allemands. Mais en vertu du pacte d'actionnaires signé il y a sept ans, ce sont les groupes privés qui détiennent le pouvoir de décision. Cette gouvernance atypique apparaît de moins en moins tenable alors que Lagardère et Daimler entendent se désengager. Concernant le plan de sauvegarde Power 8, Nicolas Sarkozy a estimé qu'il ne se sentait pas tenu par ce dernier. Il s'est également engagé au maintien du site EADS de Méaulte, menacé de cession, tout en envisageant cependant une participation de l'entreprise Latécoère. (AOF)

EN SAVOIR PLUS

ACTIVITE DE LA SOCIETE

Né en juillet 2000 de la fusion entre l'Allemand Dasa (DaimlerChrysler Aerospace), l'Espagnol Casa et le Français Aérospatiale, EADS est aujourd'hui le premier groupe aéronautique européen et le second à l'échelle mondiale. Ses activités se répartissent entre l'aviation commerciale et militaire, l'espace, les systèmes de défense et les services. EADS compte quatre divisions : Airbus (le grand concurrent de Boeing sur le marché des avions commerciaux de plus de 100 places), l'aéronautique hors Airbus, l'espace (Astrium, Arianespace.) et enfin la défense et la sécurité. En réaction aux difficultés d'Airbus autour de l'A380 et de l'A350, EADS a lancé un plan de restructuration baptisé "Power 8".

FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR

Les points forts de la valeur

- Malgré ses récentes difficultés autour de l'A380 et de l'A350, Airbus reste un leader de l'aéronautique commerciale, à même de concurrence le géant américain Boeing. Airbus a été leader du marché en termes de livraisons en 2003, 2004 et 2005. - 2006 a été, sans conteste, une année difficile pour Airbus. Néanmoins, les risques qui entourent le dossier semblent pris en compte dans les cours. La mise en œuvre de "Power 8" et le lancement de l'A350, dont le carnet de commandes grossit, place Airbus dans une situation offensive. En outre, l'avionneur européen est moins exposé que Boeing aux compagnies aériennes américaines, confrontées à d'importantes difficultés financières. - Eurocopter a réalisé une année record en 2006 du point de vue du chiffre d'affaires et du nombre de commandes pour 2007. Le fabricant d'hélicoptères a percé sur plusieurs marchés auxquels il n'avait pas accès auparavant, comme le marché de la Défense américain.

Les points faibles de la valeur

- Le groupe EADS est sensible au dollar, dans la mesure où il facture l'essentiel de ses ventes dans la devise américaine. Néanmoins, ce risque est limité par la politique de couverture du risque de change mise en place par la direction. - C'est seulement dans quelques années que l'on saura si EADS a eu raison dans son pari sur le marché des gros porteurs matérialisé par le lancement de l'A380. Pour le moment, Airbus a annoncé de gros retards de livraison et continue de perdre des parts de marché sur le segment des long courriers. - Les activités de défense manquent de taille critique tant pour atténuer la cyclicité de l'aviation civile que pour rivaliser avec les grands groupes américains. EADS affiche toutefois sa volonté de poursuivre le rééquilibrage de ses activités, en développant encore son pôle défense.

COMMENT SUIVRE LA VALEUR

- EADS est extrêmement sensible à l'évolution du secteur aéronautique civil et donc à la santé des compagnies aériennes, lesquelles lui achètent des avions. Or, la bonne santé du secteur du transport aérien dépend de la situation économique et géopolitique mondiale, qui influe sur le tourisme et les voyages d'affaires, mais également d'autres facteurs, comme le prix du pétrole. Les prévisions de livraisons d'avions sont de bons indicateurs de tendance. - Plus spécifiquement, le titre pourrait présenter un attrait spéculatif, en vue d'une possible consolidation du secteur spatial et de la défense. Une alliance à trois, avec Thales et Alcatel a souvent été évoquée par les marchés.