Quel score pour le match taux d'intérêt contre actions ?

07/07/2006 - 13:00 - Option Finance

(AOF) - Par Thierry Million, responsable de la gestion diversifiée et de la recherche, AGF Asset Management Les marchés traversent actuellement une période de doutes qui s'est traduite par une hausse sensible de la volatilité sur les actions. La volonté affichée des principales banques centrales de lutter préventivement contre l'apparition de l'inflation au détriment, semble-t-il, de la croissance a brisé l'élan haussier initié en 2003. L'aversion au risque des investisseurs s'est accrue brutalement, les conduisant à vendre pêle-mêle ce qu'ils plébiscitaient la veille : actions de petite capitalisation, actions de pays émergents, matières premières. Le pouvoir de la Fed est-il si grand ? Une hausse des taux directeurs ne peut être efficace contre une entreprise qui ne sait que faire de ses liquidités et qui les redistribue à ses actionnaires. Un relèvement de taux ne contraindra pas les sociétés à réfréner leur politique de délocalisation de la production afin de maximiser les profits. Que peut faire la Fed face à la hausse des cours du pétrole, alimentée par les énormes besoins des pays émergents en plein boom économique ? Le seul secteur sur lequel elle peut encore agir est celui de l'immobilier. En refroidissant la progression des prix, elle pèse indirectement sur le pouvoir d'achat du consommateur. Elle espère ainsi le transformer en fourmi et faire remonter ainsi le taux d'épargne. Au mieux la consommation ralentira, mais en aucun cas elle n'entrera dans une spirale négative. Aucune banque centrale, et encore moins le pays pour lequel elle agit, n'a intérêt à provoquer une récession au nom de la lutte contre l'inflation. Ainsi, en l'absence de choc exogène, la croissance mondiale affichera un ralentissement, certes nécessaire, mais modéré en 2007. Le réajustement récent des marchés intègre déjà largement le scénario de refroidissement décrit ci-dessus. L'attitude prudente se lit au travers des progressions attendues des bénéfices à environ 10 % et du rapport cours/bénéfices à 12 sur l'Eurostoxx 50. La santé financière des multinationales a rarement été aussi bonne par le passé, et surtout de manière synchrone. Les profits représentent des proportions records lorsqu'ils sont comparés au PIB, à savoir 12,2 % aux Etats-Unis et 10,4 % au Japon. L'excédent brut d'exploitation des entreprises européennes représente 40 % du PIB. Elles possèdent donc les moyens de résister à un choc de taux d'intérêt important. A court terme, l'effet négatif de la hausse des taux d'intérêt sur la prime de risque action peut l'emporter. Cependant, les investisseurs en actions qui résisteront aux soubresauts des marchés sortiront vainqueurs dès lors que les perspectives de profits seront mieux valorisées.