Comment se prémunir contre l'inflation ?

12/07/2006 - 17:26 - Option Finance

(AOF) - Par Jean-François Boulier, responsable de la gestion de taux euro et crédit chez Crédit Agricole Asset Management Les craintes de résurgence de l'inflation ont été le catalyseur des turbulences du mois de mai sur les marchés. Les évolutions relatives des différentes classes d'actifs constatées depuis invitent une fois de plus à se demander si les obligations indexées sur l'inflation n'offrent pas la seule réelle protection contre l'inflation. Les anticipations des acteurs du marché ont clairement intégré un retour possible de l'inflation, mais nombre d'entre eux considèrent que la menace ne se situe pas à court terme. Certes, la synchronisation des économies, avec le décollage avéré de l'Europe, met l'économie mondiale dans une phase nouvelle. Les politiques monétaires visent toutes à retirer de la liquidité, prudemment si possible, et les marchés guettent la fin de la "Zero Interest Rate Policy" au Japon. Le boom des matières premières, enflé par des achats spéculatifs, est l'illustration de la force de la demande, mais l'énorme réservoir de main-d'œuvre dans les pays émergents tempère les évolutions des prix manufacturiers. Les premiers signes de pression sur les prix des services aux USA, les transports et les loyers montrent bien que le cycle avance, sans crise à l'horizon toutefois. A plus long terme, la fin du cycle peut-être, l'évolution démographique sûrement, pèsent sur les anticipations d'inflation. L'indépendance des banques centrales ne saurait suffire aux pressions créées par les besoins de financement des retraites, notamment. Comment les différentes classes d'actifs réagissent-elles à l'inflation ? Les actifs monétaires couvrent à peine l'inflation et souffrent, tout particulièrement, en période de crise. Les actions sont, quant à elles, à court terme (1 ou 2 ans) les plus touchées, car il faut plusieurs années aux entreprises pour répercuter les hausses de coût sur leur chiffre d'affaires. L'immobilier est assez peu liquide et a une dynamique propre, comme on l'a vu à la fin des années 1990. Les obligations à taux fixe sont, en cas de crise, très affectées, mais elles peuvent, si les politiques monétaires sont crédibles, retrouver de l'intérêt quand les craintes s'apaisent. Les obligations indexées sur l'inflation, comme leur nom l'indique, remboursent un principal effectivement indexé sur l'inflation. Ces obligations ont de multiples avantages : peu de corrélation avec d'autres classes d'actifs obligataires, une prime de terme et des taux réels, aujourd'hui, de presque 2 % pour des maturités très longues. Les taux réels pourraient continuer à monter, si l'économie mondiale montrait des signes de surchauffe, mais les obligations indexées sur l'inflation restent les instruments financiers les plus fiables pour se prémunir contre l'érosion monétaire.