L'AMF sanctionne RHODIA pour sa communication financière 2001/2003

21/06/2007 - 12:27 - Option Finance

(AOF) - Au terme de son enquête sur l'information financière de la société Rhodia à compter du 31 décembre 2000, la Commission des sanctions de l'AMF a prononcé à l'encontre de la société Rhodia une sanction pécuniaire de 750 000 euros, et à l'encontre de Jean-Pierre Tirouflet, président-directeur général de Rhodia de 1998 jusqu'à sa démission, le 3 octobre 2003, une amende de 500 000 euros. La Commission a mis hors de cause Yves-René Nanot, aujourd'hui président de Rhodia et, à l'époque des faits, membre du conseil d'administration et président de son comité des comptes. A l'encontre de la société Rhodia, la Commission des sanctions a retenu divers griefs relatifs au caractère inexact, imprécis et trompeur de sa communication financière à propos de l'évolution de l'activité de la société Chirex acquise par Rhodia en 2002 ; à propos de la prise en compte d'actifs d'impôts différés ; et à propos de la dette de Rhodia et notamment de ses engagements hors bilan. Les griefs retenus à l'encontre de Rhodia l'ont été également pour Jean-Pierre Tirouflet pour la période antérieure à sa démission. S'agissant des deux commissaires aux comptes, Patrick Iweins et Pierre Riou, la Commission des sanctions a estimé que l'insuffisance de diligences qui leur était reprochée n'était pas établie. Cette décision peut encore faire l'objet d'un recours. (AOF)

EN SAVOIR PLUS

ACTIVITE DE LA SOCIETE

Ancienne filiale de Rhône-Poulenc, devenu Aventis (aujourd'hui Sanofi-Aventis), Rhodia est l'un des 10 leaders mondiaux de la chimie de spécialités. Partenaires des grands acteurs des marchés de l'automobile, de l'électronique, des fibres, de la pharmacie, de l'agrochimie, des produits de consommation, des pneumatiques et des peintures et revêtements, Rhodia propose des solutions sur mesure combinant molécules et technologies originales répondant aux enjeux de ses clients. L'organisation du groupe repose sur 9 entreprises qui s'articulent en deux groupes constituant les pôles stratégiques de Rhodia : Matériaux et Services de Spécialités et Chimie d'applications. A terme, l'objectif est d'intégrer la Chimie Fine à l'un des deux précédents pôles. Le groupe emploie 20000 personnes dans le monde.

FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR

Les points forts de la valeur

- Rhodia est positionné sur la chimie de spécialités, plus rentable que la chimie de base. - L'émission d'Oceanes devrait permettre au chimiste français de rembourser le solde de ses emprunts obligataires les plus chers à échéance 2010 et 2011 dont le taux d'intérêt moyen est proche de 9%. Le groupe a réussi son plan de refinancement et sécurisé la situation de sa liquidité à moyen terme, grâce à une augmentation de capital, une émission obligataire et de nouvelles lignes bancaires. Sa dette a été ramenée de 3 milliards en 2003 à 1,6 milliard d'euros en 2006. - Rhodia a tenu ses engagements de redimensionnement de ses activités et de réduction des coûts. -Les agences de notation Standard & Poor's et Moody's ont respectivement relevé leur notation sur le chimiste à BB- et à Ba3 afin de refléter l'amélioration de la structure de capital. - Avec le retournement du cycle de la chimie, le groupe peut désormais répercuter une partie de ses hausses de coûts dans les prix. - Rhodia devrait disposer de 11 à 13 millions de tonnes de CER par an à partir de 2007, et ce jusqu'en 2013. Rappelons que ces crédits, ou droits à polluer, sont attribués aux sociétés qui réduisent le niveau d'émission de CO2, dans le cadre du protocole de Kyoto. Elles peuvent les utiliser pour leurs propres besoins (sur d'autres sites polluants) ou les revendre, comme c'est le cas pour Rhodia grâce aux efforts consentis par le groupe au Brésil et en Corée. La valeur de ces crédits déterminée par la rencontre de l'offre et de la demande représente une part importante de la valorisation boursière de Rhodia.

Les points faibles de la valeur

- Le groupe traîne des "passifs environnementaux". Il a d'ailleurs intenté en vain une action contre son ancienne maison-mère Aventis afin d'obtenir l'indemnisation des passifs liés aux sites de Silver Bow (US) et de Cubatao (Brésil). - Rhodia est fortement dépendant du prix des matières premières, et plus particulièrement de celui des dérivés du pétrole (benzène...). Il est également pénalisé en cas de repli du dollar. - Les marges dégagées par les différents pôles du groupe sont très disparates. - Certains actionnaires minoritaires mènent une fronde contre la direction du groupe et plusieurs de ses administrateurs liés à Aventis. De son côté, l'AMF a estimé que le groupe a diffusé ces dernières années des informations inexactes et imprécises.

COMMENT SUIVRE LA VALEUR

- Le secteur de la chimie est particulièrement sensible à la conjoncture économique. Rhodia est une valeur cyclique. - Depuis le redressement du groupe, Rhodia est également considéré comme une valeur de retournement (recovery), à haut risque toutefois.