Infogrames an 01 ? Patrick Leleu a pris il y a quelques semaines les commandes du groupe lyonnais après le départ de son mythique président Bruno Bonnell, incapable de redresser la barre depuis le début des années 2000. Pour la première fois depuis son arrivée, le nouveau dirigeant a tenu ce matin une réunion de présentation de résultats annuels d'une entreprise qui affiche une nouvelle perte nette conséquente à l'issue de l'exercice 2006/2007.
Après une lourde restructuration financière, encore une, diront les actionnaires, le bilan d'Infogrames est à peu près d'aplomb. Patrick Leleu doit désormais convaincre de la capacité de sa société à renouer avec des bénéfices qui la fuient depuis l'exercice 1998/1999. A cette fin, un plan en 3 points a été lancé. Un plan dont les contours sont encore suffisamment vagues pour empêcher de donner un chèque en blanc au responsable qui doit composer avec le poids du passé et les délais de développement inhérents à l'industrie. "Beaucoup d'efforts ont déjà été faits dans les années précédentes" au niveau opérationnel, a ce matin concédé Patrick Leleu, avant d'ajouter "notre première ambition est de stabiliser le chiffre d'affaires. Nous travaillons à fond pour que le résultat opérationnel courant revienne à l'équilibre mais je ne pense pas que nous pourrons le faire en une seule année". En d'autres termes, il faudra attendre 2008/2009, au mieux, pour retrouver des profits opérationnels chez l'éditeur (ou chez le "distributeur", comme l'a souligné un membre de l'assistance en rappelant que "l'éditeur" ne réalise que 30% de ses revenus dans l'édition).
En Europe, Infogrames est parvenu, après deux restructurations, à retrouver le chemin des bénéfices grâce à la qualité de son réseau de distribution. Reste le gros point noir : Atari Inc, la filiale américaine, qui enchaîne les pertes et voit son chiffre d'affaires fondre d'année en année. "La performance de notre filiale américaine est un problème", ne s'est pas caché Patrick Leleu, qui "travaille actuellement avec les dirigeants d'Atari Inc" pour tenter de trouver des solutions. "Vous me pardonnerez de ne pas en dire beaucoup plus aujourd'hui", a-t-il ajouté. Si toutes les options restent ouvertes, le président n'a pas souhaité évoquer une éventuelle cession. Interrogé sur un retrait de la cote de l'entreprise américaine, qui permettrait dans un premier temps de faire des économies substantielles au regard de la situation opérationnelle de la société (un coût annuel de 5 à 6 Millions de Dollars a été évoqué pour l'ensemble des contraintes liées à la cotation), Patrick Leleu n'a pas souhaité s'étendre non plus. "Tout n'est pas aussi simple que ça en évoquant le retrait de la cote... quant au coût de retrait de la cote très franchement, je ne l'ai pas en tête. Cela n'a pas qu'un coût technique".
Pour relancer la machine, Infogrames va employer des méthodes utilisées en leur temps par ses concurrents, mais qui sont longtemps restées taboues entre Saône et Rhône. L'accent va ainsi être mis sur la récurrence des marques fortes (7 ont été identifiées) et les fondamentaux : les consoles et le PC, plutôt que le mobile mis entre parenthèses (sauf en ce qui concerne l'octroi de licences sur les marques à des tiers). Prudence également sur le on-line, pas laissé de côté pour autan mais exploré avec prudence. Une pointe de "casual games", via les Atari Classics notamment. Le point fort du groupe, la distribution hors Etats-Unis, servira de socle à la relance. Le recours à des studios tiers, rendu indispensable puisque seuls les lyonnais d'Eden demeurent au sein du périmètre, continuera à être privilégié. Patrick Leleu a d'ailleurs souligné "nous n'avons pas l'intention d'acheter d'autres studios parce que nous n'en n'avons pas les moyens".
Enfin, d'un point de vue plus technique, le regroupement d'actions semble avoir été mis en sommeil. "L'assemblée générale a délégué au conseil la possibilité de regrouper les actions c'est une possibilité mais pour l'instant ce n'est pas à l'agenda de notre conseil d'administration", a ainsi expliqué le nouveau président. Quant aux indemnités de départ de Bruno Bonnell, une question dans l'air du temps qui a été évoquée par l'auditoire, Patrick Leleu n'a pas voulu s'étendre : elles seront publiées dans le prochain rapport annuel et évoquées lors de l'assemblée générale annuelle qui sera convoquée en septembre.
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