Le décès accidentel de Christophe Mérieux, directeur R&D et affaires médicales de bioMerieux, suscite immanquablement des interrogations sur l'avenir du groupe qui a su prospérer de façon indépendante depuis ses origines remontant à la fin du XIXe siècle. La détermination des membres de la famille fondatrice, jusqu'ici toujours aux commandes, sera plus que jamais indispensable pour surmonter cette disparition.
Par une cruelle ironie du sort, la mort de Christophe Mérieux dans sa quarantième année, vendredi dernier, intervient, presque jour pour jour, dix ans après la disparition de son frère cadet Rodolphe, à l'âge de 26 ans, dans une catastrophe aérienne. Malgré son jeune âge, ce dernier semblait promis à succéder à son père au poste de PDG.
Christophe avait alors abandonné sa carrière de médecin pour épauler Alain Mérieux à la direction du groupe pharmaceutique à partir de 1998. Son implication, tout d'abord à la tête de la recherche et développement, s'est révélée un vrai succès. Christophe Mérieux est devenu président de Transgene (biotech détenue à 57% par la holding familiale) et président du pôle de compétitivité Lyon BioPôle. Il a notamment positionné fortement bioMérieux en Chine avec l'obtention de contrats scientifiques majeurs.
Début juillet, l'équipe de direction de bioMérieux venait d'évoluer en confirmant le statut de futur président de Christophe. Stéphane Bancel venait en effet d'être nommé directeur délégué, avec la perspective de seconder Christophe Mérieux à partir de 2008 lorsque Alain Mérieux partirait à la retraite, à soixante-dix ans.
Le groupe bioMérieux parviendra-t-il à surmonter cette nouvelle atteinte brutale à sa dynamique familiale tout en conservant cette indépendance ? Certains observateurs se posent la question en redoutant une possible crise de succession. L'hypothèse d'un adossement éventuel du groupe à un tiers est même évoquée.
On note à cet égard l'intérêt de l'allemand Siemens pour ce marché avec le rachat, au cours de la seule année 2006, de Diagnostic Products Corporation pour 1,86 milliard de dollars (3,8 fois le chiffre d'affaires) et de la division diagnostic de Bayer pour 4,2 milliards d'euros (3 fois le chiffre d'affaires).
Compte tenu des valeurs historiques du groupe, toutefois, tout porte à croire que la famille Mérieux fera une nouvelle fois front dans l'adversité. Si à brève échéance s'ouvre une période d'incertitude, surtout chez Transgène, le troisième et dernier fils d'Alain Mérieux, Alexandre, pourrait à plus long terme prendre en charge l'avenir du groupe.
Agé de 32 ans, Alexandre Mérieux est aujourd'hui administrateur du groupe et prend en charge les activités de microbiologie industrielle. Il travaillait auparavant pour la filiale américaine bioMérieux Inc.
En tout état de cause, Alain Mérieux demeure aujourd'hui et comme il était prévu PDG du groupe et il continuera à préparer sa succession dans les deux ans qui viennent.
A la suite d'Alain, de son père Charles et de son grand-père Marcel, collaborateur de Louis Pasteur et fondateur de l'Institut Mérieux, ce serait donc avec Alexandre la quatrième génération Mérieux aux commandes de l'entreprise.
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