Natixis Assurances - Les actifs "risqués" représentent 13 % de notre portefeuille

25/06/2007 - 11:11 - Option Finance

"Nous réfléchissons à la possibilité de nous ouvrir à d'autres classes d'actifs comme la volatilité et les matières premières." Vous êtes arrivé il y a un an et demi chez Natixis Assurances, en quoi consiste votre rôle ? J'ai rejoint cette compagnie d'assurances il y a un an et demi. J'étais auparavant en charge du département financier de La Mondiale Partenaires. Je devais, à ce titre, contrôler la gestion qui était entièrement déléguée à de nombreuses sociétés de gestion. Chez Natixis Assurances, je suis directeur de l'ALM (Asset Liability Management), c'est-à-dire de la gestion actif-passif. Je m'assure, avec l'aide de quatre personnes pour l'instant (mais deux recrutements sont en cours), que la gestion financière des encours du groupe permet d'honorer nos engagements liés au passif. Natixis Assurances est une holding qui chapeaute l'assurance-vie (collective et individuelle), principale activité du groupe, une filiale dédiée à l'assurance des dommages aux biens qui est co-détenue avec la MAAF, et enfin les filiales étrangères. Le développement à l'international de la compagnie d'assurances accompagne, en effet, celui de Natixis et du Groupe Banque Populaire. Nous sommes ainsi présents depuis dix ans au Luxembourg et depuis quelques années en Italie, au Liban et en Tunisie. Au total, nos encours s'élèvent à 27 milliards d'euros à fin 2006 dont la quasi-totalité est enregistrée dans l'assurance-vie. Comment gérez-vous les encours de long terme ? Nous déléguons la gestion de l'ensemble de nos encours à Natixis Asset Management*. Nous sommes pour cela en liaison avec un responsable de la société de gestion qui a en charge le pilotage de notre allocation tactique. Il doit respecter l'allocation stratégique, c'est-à-dire l'allocation entre les différentes classes d'actifs décidée par le département ALM. Nous proposons cette allocation à un comité de gestion actif/passif qui se réunit une fois par trimestre et qui se compose notamment des membres de la direction générale et du responsable des contrôles des risques. Outre l'allocation entre les différentes classes d'actifs, nous soumettons des couvertures adaptées aux risques de notre portefeuille. Ainsi, pour la poche obligataire, nous sommes couverts contre le risque lié à la hausse des taux. Pour la poche actions, nous avons débuté il y a quelques mois une réflexion pour coupler une politique de couvertures dynamique avec la stratégie des plus-values latentes. Enfin, plus globalement, nous sommes systématiquement couverts contre le risque de change. Quelle est votre allocation d'actifs ? La poche obligataire est prépondérante puisqu'elle représente 80 à 85 % de notre portefeuille. Elle se caractérise par une duration proche de 5 ans et des investissements majoritaires dans des taux fixes de la zone euro. La part investie en taux variables, qui a augmenté de 1 % cette année, s'élève désormais à 9 %. Nous sommes également investis dans des obligations indexées sur l'inflation (OATI) et des obligations convertibles (2 %). La poche taux évolue peu, en revanche nous faisons preuve de plus d'opportunisme sur les actions. Ces dernières représentent 9 % du portefeuille, soit le minimum prévu par notre allocation stratégique. 90 % de la poche actions est investi sur la zone euro ; les 10 % restants permettent de couvrir à parts égales, les Etats-Unis et le Japon. Cette diversification géographique, couverte à 100 % contre le risque de change, a eu tendance à être renforcée en 2006. L'investissement en actions s'effectue uniquement par le biais de fonds dédiés. Nous apprécions en effet ce type de véhicule car il facilite le suivi de la gestion. Les actions font partie d'une poche dite "risquée" qui représente 13 % du portefeuille et qui comprend également le private equity, la gestion alternative (investissement inférieur à 1 % sous forme de fonds de fonds), et enfin l'immobilier, qui représente environ 2,5 % à 3 % des encours. Pour cette dernière classe d'actifs, nos achats concernent uniquement des immeubles de bureaux à Paris et en région parisienne, au travers d'une SCI (société civile immobilière). Nous avons eu tendance à renforcer cet investissement ces dernières années. Il devrait désormais rester stable et représenter au maximum 3 % de notre portefeuille. Comptez-vous renforcer la diversification de votre portefeuille ? La diversification ne passera pas par le renforcement de nos investissements sur les classes d'actifs existantes. Par exemple, la gestion alternative sur laquelle nous sommes présents depuis deux ans, ne représentera pas plus de 1 % de nos encours. En revanche, nous réfléchissons à la possibilité de nous ouvrir à d'autres classes d'actifs comme la volatilité. Au-delà de son intérêt en termes de diversification, cet actif nous servirait également d'outil de couverture pour nous protéger contre les mouvements brutaux des marchés actions. Enfin, nous envisageons également la possibilité d'investir dans des fonds spécialisés sur les matières premières. Faites-vous appel à des sociétés de gestion externes au groupe ? Il arrive que Natixis Asset Management ne soit pas compétente dans certaines classes d'actifs très spécifiques comme les actions sur les marchés émergents, la gestion alternative ou encore les produits structurés. Dans ce cas, nous faisons appel à la filiale du groupe spécialisée dans la multigestion classique et alternative. Cette dernière nous aide à trouver, dans ces différents domaines, les meilleurs talents à l'extérieur. Comment anticipez-vous la mise en application de Solvency II ? Une première version de la directive sera publiée mi-juillet, mais son application n'est pas prévue avant 2011. Cependant, nous devons nous y préparer dès aujourd'hui grâce aux QIS (études quantitatives d'impact de la directive). Nous réalisons actuellement les simulations demandées dans le cadre du "QIS 3". Nous préparons les différentes échéances avec l'aide de notre comité technico-comptable qui réunit les responsables de la gestion actif-passif, de la comptabilité et de la société de gestion. La directive devrait conduire les compagnies d'assurances à entretenir des relations encore plus étroites avec leur(s) société(s) de gestion. Notre comité technico-comptable a fait part de nouveaux besoins en matière de reporting à Natixis Asset Management. Nous demandons déjà à notre société de gestion de nous fournir un reporting détaillé par tranche de rating (notation des émetteurs) pour la poche obligataire. Il sera sans doute nécessaire dans le cas d'une filiale émettrice, d'avoir connaissance du rating de sa maison mère. Solvency II va également avoir un impact sur la gestion elle-même. Le choix des zones géographiques ne sera par exemple plus du ressort de la société de gestion mais de celui de la compagnie d'assurances. Ainsi, par le biais de l'allocation stratégique, nous ne déciderons plus seulement de la pondération de chaque classe d'actifs mais du type d'investissement au sein de chacune d'entre elles. Etant donné que les risques diffèrent, les exigences en termes de fonds propres (donc de solvabilité) sont plus ou moins pénalisantes pour l'investissement. Propos recueillis par Ludivine Garnaud * Nom qui sera adopté au terme des Assemblées générales extraordinaires du 30 juin 2007.