Les actions par défaut ?

18/05/2006 - 19:00 - Option Finance

(AOF) - Les marchés d'actions se rapprochent progressivement - voire dépassent dans le cas du Dow Jones - des plus hauts atteints en 2000, au moment de la bulle "Internet". Un tel rapprochement peut faire frémir car la baisse qui s'ensuivit et qui a duré trois longues années, de mars 2000 à mars 2003, a été l'une des plus sévères de l'histoire boursière. Pourtant, il y a trois différences très importantes. La première est le fort redressement des résultats des entreprises. La part des bénéfices dans la valeur ajoutée globale est à son plus haut niveau depuis vingt ans. Les bilans présentent un endettement beaucoup moins lourd. Enfin, la valorisation est raisonnable. Les primes de risque sur les marchés d'actions se situent autour de 5,5 - 6 %, contre une moyenne historique de l'ordre de 3,5 % et seulement à 2 % en 2000. En 2000, on pouvait parler de bulle, ce qui n'est pas le cas en 2006. Tout danger n'est pas écarté pour autant. Les Bourses doivent aujourd'hui compter avec les vents contraires provenant du durcissement des conditions monétaires. Les banques centrales retirent progressivement les liquidités qu'elles avaient injectées dans le système entre 2004 et 2006, car elles étaient effrayées, comme tout le monde, par les menaces déflationnistes et le danger d'une crise japonaise à l'échelle mondiale. Aujourd'hui, le risque plus classique provient de la plage de cycle où l'on se situe : une croissance synchronisée mondiale, avec pour conséquence un resserrement monétaire synchronisé destiné à éloigner les menaces inflationnistes. Pour le moment, les actions ignorent le danger, les marchés sont portés par la puissance de la croissance et par la persistance d'une liquidité encore abondante. La concurrence provenant des autres classes d'actifs est encore inexistante. Les marchés des matières premières, l'immobilier, le "private equity", font ressortir des prix beaucoup plus soufflés. La correction en cours sur les marchés obligataires doit probablement encore se poursuivre un peu pour représenter une véritable alternative. Mais, avec des hausses de taux de 90 à 70 points de base, une bonne partie du chemin a été faite. Par Jean Pierre Hellebuyck, vice-président, directeur de la stratégie d'investissement, Axa Investment Managers