UMR - Nous ne pouvons pas négliger les CDO

09/07/2007 - 11:18 - Option Finance

Le 21 juin dernier, vous avez investi dans un CDO à 15 ans mis au point, à votre instigation, par Deutsche Bank et Natixis Asset Management. Quels sont vos objectifs ? La poche CDO (Collateralized Debt Obligations), constituée de produits structurés ayant des crédits pour sous-jacents, est une des composantes de la politique d'allocation d'actifs que j'ai mise en place à l'UMR depuis mon arrivée. Elle ne représente toutefois qu'un montant réduit (environ 3 %) des 6,75 milliards d'euros d'actifs gérés par l'UMR. Nous ne souhaitons pas aller au-delà pour des raisons de contrôle des risques. Investir dans un CDO est de fait une opération complexe qui exige notamment de bien connaître les équipes des assets managers en charge de la gestion du produit tout au long de sa durée de vie. En cas d'évolution défavorable, il est difficile, voire impossible de déboucler sa position. Ceci étant, nous ne pouvons pas négliger les CDO. L'offre est abondante ; c'est aujourd'hui une classe d'actif à part entière qui permet une exposition dynamique au marché du crédit. Ces produits nous donnent la possibilité d'atteindre l'objectif de rendement que l'UMR s'est fixé pour ses cotisants, à savoir 300 points de base au-dessus de l'inflation sur le très long terme. Engagé dans cette logique, j'ai fabriqué, il y a quelques mois de cela, avec le concours d'assets managers préalablement sélectionnés, un CDO affichant une rémunération à taux fixe de 6 % pendant 5 ans puis inflation +300 bp les 5 années suivantes. Si la rémunération était attrayante, je souhaitais toutefois aller plus loin en fabriquant un produit ayant une maturité bien supérieure à 10 ans de manière à coller au mieux à la structure long terme de nos passifs. C'est ainsi que me rapprochant des équipes de Deutsche Bank et de Natixis Asset Management, je les ai convaincues de l'opportunité de lancer un CDO à 15 ans, à charge pour elles d'assurer la liquidité de ce marché en animant les cotations sur la courbe de crédit à 15 ans afin de pouvoir réaliser des arbitrages. Après plusieurs semaines de travail, Deutsche Bank et Natixis Asset Management viennent de lancer un CDO à 15 ans, affichant un coupon de 150 bp au-dessus des swaps 15 ans pour une tranche notée AAA, dans lequel nous avons investi avec d'autres partenaires institutionnels. Sur quels supports, autres que les CDO se répartissent les actifs de l'UMR ? Actualisée chaque année sur la base du passif au 31 décembre, la politique d'allocation d'actifs de l'UMR vise avant tout à obtenir un rendement régulier et récurrent d'un minimum inflation + 300 points de base sur la base d'actifs diversifiés. Dans ce contexte, la politique d'allocation d'actifs est la suivante : plus des 2/3 des actifs sont investis sur des obligations investment grade (taux et long terme), le solde se répartissant entre l'immobilier de rendement à hauteur de 10 %, une poche actions pour 15 %, une poche hedge funds pour 5 %, et l'investissement dans le non-coté à hauteur de 2 %. En matière d'obligations, la poche taux a été totalement renouvelée en 2003 au profit d'actifs diversifiés si bien qu'aujourd'hui notre portefeuille est d'assez bonne qualité puisqu'il affiche une notation moyenne AA-, un taux actuariel à l'acquisition de 5,51 % et une duration supérieure à 17 ans. Cette poche qui normalement doit représenter une proportion de 70 % n'a pas été entièrement investie dans les périodes de taux excessivement bas que l'on a connues ces dernières années. Aujourd'hui alors que les taux longs remontent, nous sommes en période de réinvestissement. La part non investie en direct l'est à travers des produits de performance absolue obligataire gérés en Var. Dans ce contexte, je recherche des gestionnaires qui ont les capacités de fabriquer de la performance absolue avec de nombreux moteurs diversifiés de performance comme peuvent l'être l'arbitrage de crédit, le high yield, les devises, l'arbitrage de courbes de taux entre grandes zones mondiales. Ces produits nous garantissent une performance indépendante des univers de taux et de spreads qui fondent notre univers de référence. Si les taux remontent, je vais désinvestir de cette poche pour aller investir en direct, car j'aurais de grandes chances d'obtenir un rendement conforme à nos contraintes d'adossement actif/passif. Au 15 juin dernier, cette poche, qui mobilise 18 gestionnaires, affichait un rendement annualisé de 7 %, ce qui est remarquable. Vous avez été récemment distingué au niveau français et européen pour la pertinence et la qualité de votre stratégie d'investissement en matière immobilière. Quelles sont les clés de ces succès ? En matière immobilière, nous avons hérité d'un portefeuille tout à la fois très classique et très peu diversifié puisqu'il était composé d'immeubles haussmanniens situés dans le centre de Paris, en grande majorité des immeubles d'habitation, pouvant receler d'éventuelles plus ou moins-values importantes par rapport au coût global acquisition plus travaux. Au total, ces actifs rapportaient à l'UMR moins de 3 % par an, ce qui n'était pas acceptable. N'ayant pas d'expertise interne dans ce domaine, nous avons procédé à un appel d'offres à l'issue duquel a été sélectionné Ixis AEW Europe. Spécialisé dans l'immobilier européen, ce gestionnaire nous a tout d'abord aidé à identifier les actifs que nous devions céder - le programme de cessions est d'ailleurs sur sa fin - avant de nous conseiller dans des réinvestissements stratégiques. Aujourd'hui, nous affichons un portefeuille d'actifs immobiliers très diversifié, tant sur le plan sectoriel que géographique, puisqu'il se compose de bureaux, de commerces, d'entrepôts de logistique, de sièges d'entreprise situés non seulement en France mais également en Allemagne, Italie, ou encore en Espagne. Comment gérez vous les poches "actions" et "hedge funds"? La gestion de ces poches ne constituant pas notre métier d'origine, nous avons, là encore, lancé en 2003 un appel d'offres à l'issue duquel nous avons retenu une société de multigestion, Ofivalmo Palmarès, avec laquelle nous avons créé trois fonds de fonds dédiés à l'UMR. Tandis que le premier fonds de fonds est consacré à l'Europe, le second l'est aux actions monde et le troisième à la gestion alternative ou plus précisément aux hedge funds. Aujourd'hui, le fond de fonds de gestion alternative affiche une performance annualisée de 9 %, tandis que les fonds de fonds actions tournent autour de 10 % flat depuis le début de l'année. Depuis sa création en avril 2004, UMR Select Europe a progressé de 73 %, alors que la performance de l'univers de référence avoisine 65 %. L'introduction des hedge funds via notre fonds de fonds dédié nous permet de réduire la volatilité induite par les actions. Afin de faire cela au mieux, nous pilotons notre exposition aux différentes stratégies en sélectionnant des fonds mono-stratégies et nous construisons ainsi notre propre multistratégie. Notre but n'est pas d'accroître le rendement mais bien de contenir la volatilité globale de notre portefeuille. Quelle importance accordez-vous à l'investissement dans le non-coté ? Les fonds investissant dans le non-coté ont deux grandes vertus. Ils sont tout d'abord fortement décorrélés de l'évolution des marchés financiers. Ensuite, ils sont particulièrement gratifiants lorsque l'on investit sur de très bonnes équipes. Il n'est pas rare dans ce cas que les rendements soient à deux chiffres dans la phase de cession des participations. C'est pourquoi, il est important pour nous d'investir régulièrement dans le non-coté par le biais des fonds. Pour nous conseiller dans ce domaine, nous nous sommes adjoint les services de deux banques d'affaires réputées pour leur très bonne connaissance du tissu industriel local français. Aujourd'hui nous n'investissons qu'en France, mais nous n'excluons pas à terme une diversification géographique de nos investissements dans le non-coté. Ceci étant, nous ne souhaitons guère aller au-delà du taux de 2 % préconisé d'ailleurs par Bercy. L'une de nos priorités sera toujours de réfléchir à la conception de nouveaux produits à la fois décorrélés des actifs traditionnels et ayant un rendement lié à l'inflation, comme l'est notre passif. A ce titre nous réfléchissons actuellement aux opportunités offertes par les investissements dans les infrastructures. Catherine Motol