EADS : vers une organisation moins politique

16/07/2007 - 13:56 - Boursier.com

Louis Gallois, taille patron...

Il n'aura pas fallu attendre la fin de la réunion entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, débutée en fin de matinée à Toulouse, pour connaître les principaux changements appelés à intervenir à la tête d'EADS. Le groupe européen d'aéronautique et de défense a présenté, en préambule au sommet, sa future structure qui devrait être mise en place au quatrième trimestre. Les dernières rumeurs étaient les bonnes. A l'exception notable d'Arnaud Lagardère, qui quitte son poste de co-président du conseil d'administration, toutes les personnalités retenues font déjà partie des hauts dirigeants du groupe. La hiérarchie et les rapports entre les responsables sont cependant considérablement revus. Ainsi Rüdiger Grübe, actuel co-président du conseil d'administration en tant que représentant de Daimler, prend-il seul les commandes de ce conseil. En contrepartie, même si le terme n'a rien d'officiel, Louis Gallois, qui portait la double casquette de patron d'Airbus et de co-président exécutif d'EADS, accède seul à la direction opérationnelle d'EADS en tant que "Chief Operating Officer" (CEO). L'allemand Thomas Enders, second co-président exécutif actuel, prend lui les rênes d'Airbus. Il sera secondé dans sa tâche par Fabrice Brégier, qui conserve le poste de responsable opérationnel de l'avionneur (COO), auquel il avait accédé il y a quelques mois. Les nouvelles mesures seront appliquées à compter du quatrième trimestre. Mais les bouleversements à la tête du groupe ne sont pas limités au jeu des chaises musicales. Ils ont été dictés par "l'efficacité", "la cohésion", ainsi que par la volonté de simplification et de meilleures pratiques de gouvernance. Le respect de l'équilibre entre français et allemands a bien sûr dicté un certain nombre de décisions. Les actionnaires principaux, Daimler d'un côté et la SOGEADE de l'autre (qui comprend l'Etat français et Lagardère) conserveront chacun deux représentants au sein du conseil, mais abandonneront 4 sièges, qui seront dédiés à quatre administrateurs indépendants. Ils siègeront, aux côtés du représentant espagnol de la SEPI, avec le président et le CEO du groupe, à l'exclusion de tout autre responsable opérationnel. Les décisions du conseil seront désormais prises à la majorité simple, sauf concernant quelques sujets bien définis (dont les nominations à certains postes clefs et les investissements majeurs et décisions stratégiques). L'objectif est bien de fluidifier la prise de décision et de limiter au maximum les blocages partisans qui ont empoisonné le parcours récent du groupe. Dans cette architecture nouvelle, Louis Gallois bénéficiera d'une liberté de gestion accrue. Ainsi les décisions concernant les investissements inférieurs à 350 Millions d'Euros seront-elles de sa seule responsabilité avec son comité exécutif, sans avoir besoin de passer par le conseil. Il aura également la main sur la plupart des nominations, à l'exception de celles du patron d'Airbus et des membres du comité exécutif, qui nécessiteront la consultation du conseil et de son président. Daimler et la SOGEADE ont expliqué de leur côté, indépendamment des déclarations d'EADS, que la situation financière actuelle du géant de l'aéronautique et de la défense est solide et qu'elle ne requiert pas d'injection de fonds. Ils ont également révélé, chose qu'EADS n'avait pas mentionné, que les 4 postes clefs au sein du groupe, qui seront occupés par Louis Gallois, Tom Enders, Rüdiger Grübe et Fabrice Brégier, pourraient à terme connaître une alternance de nationalité. Arnaud Lagardère aura ainsi la faculté de remplacer Rüdiger Grübe à la présidence du conseil dans 5 ans, "s'il le souhaite", selon le commentaire de Nicolas Sarkozy lors de la conférence de presse qui a suivi l'annonce. Mais le principe dominant restera celui du "meilleur candidat pour le poste", comme l'ont rappelé les dirigeants, les actionnaires et les responsables politiques. A la fin de l'année, Louis Gallois sera donc le maître à bord, sous le contrôle d'un conseil élargi. Un compromis qui semble préserver les intérêts de Paris et Berlin. La Chancelière allemande Angela Merkel a déclaré à Toulouse être "très satisfaite" de l'accord conclu, qui offre au groupe une structure "efficace" et "équilibrée", une satisfaction partagée par Nicolas Sarkozy. Reste à transformer cette réorganisation administrative en succès industriel, car malgré un carnet qui regorge de commandes, le groupe entier et son fleuron Airbus sont confrontés à un trou d'air en termes de produits et à un environnement concurrentiel accru par le renforcement de l'euro contre le dollar. Il doit dès cet été gérer la mise en place du plan de restructuration "Power 8" chez Airbus, qui devrait annoncer le rachat ou le désengagement partiel de plusieurs de ses sites européens au profit de ses principaux sous-traitants.



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