La Valeur du jour à Paris- BNP PARIBAS instille le doute

09/08/2007 - 10:54 - Option Finance

(AOF) - Les marchés tombent de haut et le secteur financier français chute lourdement en cette matinée dans le sillage de BNP Paribas (-4,16% à 81,89 euros) qui vient d'annoncer la suspension du calcul de la valeur liquidative de trois de ses fonds monétaires dynamiques. Aurait-on sous-estimé la fragilité du mastodonte hexagonal? Il y a à peine dix jours, lors de la présentation de ses résultats, l'établissement bancaire avait, en effet, assuré ne pas être touché directement par la crise qui sévit outre-atlantique tout en signalant l'existence de ces fonds. La nervosité gagne les marchés. Le premier août dernier, le communiqué de BNP Paribas assurait ainsi: "BNP Paribas, grâce à la bonne qualité de son fonds de commerce et à une politique de risque prudente, n'est pas directement impacté par la crise actuelle du "subprime" ni par les tensions dans le marché des LBOs". Le marché avait été rassuré par la nouvelle, même si la banque française n'avait pas caché les problèmes rencontrés par ces trois fonds lors de la présentation de ses résultats trimestriels. Néanmoins, l'annonce de BNP Paribas Investment Partners touchant à la suspension temporaire du calcul de la valeur liquidative des fonds Parvest Dynamic ABS, BNP Paribas ABS EURIBOR et BNP Paribas ABS EONIA, semble jeter un pavé dans la mare. Ces fonds reposent sur des titres dits "asset backed securities", c'est-à-dire reposant sur des actifs ou des créances: des actifs éminemment touchées par le "subprime" américain et de moins en moins liquides. Signalons également que cet événement intervient lors d'une période de congés pour nombre d'intervenants. BNP Paribas explique cette situation de la façon suivante: " La disparition de toute transaction sur certains segments du marché de la titrisation aux Etats-Unis conduit à une absence de prix de référence et à une illiquidité quasi-totale des actifs figurant dans les portefeuilles des fonds quelle que soit leur qualité ou leur rating ". Et de préciser: " Cette situation ne permet plus d'établir une juste valorisation des actifs sous-jacents et donc de calculer une valeur liquidative pour ces 3 fonds ". La valorisation de ces OPCVM et les souscriptions/rachats reprendront dès que les marchés concernés auront retrouvé des volumes de transactions permettant de déterminer des prix de référence. Dans le cas contraire, une information sur les mesures envisagées sera communiquée aux porteurs dans un délai maximum d'un mois à compter de ce jour. (A.C-F) (AOF)

EN SAVOIR PLUS

ACTIVITE DE LA SOCIETE

Présent dans plus de 85 pays, BNP Paribas compte 138 000 collaborateurs, dont 51 600 en Europe. Elle exerce son activité dans trois grands domaines : la banque de financement et d'investissement, la banque de détail qui est la première activité du groupe, et enfin la banque privée, la gestion d'actifs et les assurances. En juillet 2006, BNP Paribas a pris le contrôle de la sixième banque italienne, Banca Nazionale del Lavoro (BNL), dans le cadre d'une offre amicale de près de 9 milliards d'euros. BNP Paribas compte sur un total de 480 millions d'euros de synergies. La banque a racheté Dexia banque privée France afin d'asseoir sa position de leader. Elle poursuit par ailleurs sa politique de développement dans les pays émergents avec la signature de plusieurs accords.

FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR

Les points forts de la valeur

- BNP Paribas présente une allocation de fonds propres rélativement équilibrée et diversifiée. - Les pôles de banque de financement et d'investissement et la gestion d'actifs, qui représentent - BNL compris - 41 % de l'activité, restent à une place tout à fait satisfaisante dans les revenus du groupe : leur croissance organique est beaucoup plus rapide que celle de la banque de détail. - Les services financiers et la banque de détail à l'international sont devenus le principal moteur de croissance des revenus du groupe et le deuxième contributeur au résultat derrière la Banque de Financement et d'Investissement. - Le niveau des risques est toujours très bas et la direction n'attend pas de changement dans un proche avenir. - Le groupe procède à des acquisitions ciblées afin de développer sa plate-forme de banque de détail aux Etats-Unis. - BNP Paribas est le leader européen du crédit à la consommation, une activité très rentable. - Le groupe maîtrise bien ses coûts. - Le groupe est bien positionné pour saisir des opportunités d'acquisition dans des marchés attrayants à faible risque.

Les points faibles de la valeur

- La valeur peut souffrir de la dégradation de l'économie française qui augmente le risque de défaut de crédit de la part des entreprises à qui la banque prête de l'argent. Le groupe ne réalise toutefois plus que 20 % de ses bénéfices dans la banque de détail en France. - Le ralentissement économique aux Etats-Unis devrait conduire à des volumes plus faibles, des marges moins élevées et des risques plus importants. La logique d'un maintien aux Etats-Unis reste cependant intacte. - La sensibilité aux marchés de capitaux via la banque de financement et d'investissement ainsi que l'accumulation d'actifs présente un risque pour le groupe. - la banque pourrait pâtir de l'utilisation de l'excédent de capital, essentiellement via des acquisitions.

COMMENT SUIVRE LA VALEUR

- BNP Paribas est une valeur financière. Elle est donc sensible à l'évolution des taux d'intérêts. Les décisions de la Réserve Fédérale américaine et de la Banque Centrale Européenne dans ce domaine sont à observer avec attention. Le titre est également sensible à l'évolution des Bourses mondiales, qui influe sur la branche banque privée et la gestion d'actifs, ainsi que sur celle de la division banque de financement et d'investissement du groupe, mais également sur les investissements en actions qu'il réalise. Enfin, au titre de son activité de banque de détail, BNP Paribas est sensible à la fois au niveau d'épargne et au niveau de consommation des ménages. Le niveau de ses provisions pour créances douteuses ou risque bancaire est aussi fortement surveillé par les investisseurs. - Depuis 2006, la priorité va à l'intégration de la banque italienne BNL. La politique d'acquisition sera donc " plus ciblée ".