L'ancien ministre de l'Economie et des Finances Thierry Breton, qui enseigne désormais à l'université de Harvard, donne son sentiment sur les perturbations qui agitent les places financières dans un entretien accordé au journal "Le Monde". Le grand argentier du dernier gouvernement Villepin estime que la correction actuelle sur les marché est quelque peu excessive : "Je pense que la baisse des marchés boursiers est allée au-delà de la correction nécessaire. Alors que la Réserve fédérale américaine a estimé à 100 Milliards de Dollars le risque lié aux subprimes, la baisse des valeurs boursières, ces derniers jours, a été environ 15 fois supérieure !"
Fort de son observatoire outre-Atlantique, il décoche quelques flèches à l'intention de la BCE : "La Banque centrale européenne, pour sa part, a réagi vite et fort en injectant plus de 150 milliards d'euros dans le système bancaire européen. En revanche, sa stratégie de moyen terme ne s'est pas infléchie et la plupart des investisseurs continuent d'anticiper une nouvelle hausse de taux en septembre ce qui commence à susciter de grandes interrogations de ce côté de l'Atlantique.(...) On peut se demander si elle n'est pas en train de devenir prisonnière de sa stratégie de hausse des taux, à contre courant d'un renversement de cycle économique qui pourrait bien intervenir plus tôt que prévu, en 2008."
Enfin, le nouveau professeur rappelle les conséquences potentielles de la crise financière sur la croissance mondiale : "Les entreprises auront plus de difficultés à s'endetter pour investir. Pour nos concitoyens, les conséquences concrètes sont multiples : les conditions des emprunts immobiliers risquent de se durcir, les prêts commerciaux promotionnels à taux zéro qui se pratiquaient lorsqu'on achetait une télévision ou un appareil électroménager risquent de disparaître. Dans la zone euro, nous perdrons quelques dixièmes de point de croissance cette année, et, en 2008, d'après les dernières estimations du Fonds monétaire international (FMI), la croissance sera sans doute aux environs de 2,3%".
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