EXCLUSIF AOF / N.Gauthier, SAFRAN DG adjoint Affaires éco. et fin.

10/10/2007 - 18:24 - Option Finance

(AOF) - Safran a publié un chiffre d'affaires de 8,592 milliards d'euros au 30 septembre, en croissance de 6,4% par rapport à la même période de 2006 et de 12% dans le périmètre des branches aéronautiques et Défense Sécurité. A devises et périmètre constants, la progression aurait été de 11% et de 17,7% dans le périmètre des branches aéronautiques et Défense Sécurité. Noël Gauthier, directeur général adjoint Affaires économiques et financières de Safran a accepté de commenter ces chiffres pour AOF., revenant notamment sur l'activité de communication haut débit.

L'AGENCE OPTION FINANCE: Un commentaire sur votre chiffre d'affaires du 3ème trimestre ?

Noël Gauthier :

Derrière la progression de 6,4%, il y a une croissance organique forte puisqu'à dollar constant la progression est de 11%. Sur les trois branches Propulsion, Equipement et Défense et sécurité, la croissance organique est de 18%.

AOF: Quels ont été les moteurs de votre croissance?

Noël Gauthier :

Il y a d'une part la croissance liée à la branche Propulsion,, qui s'élève à +24% à dollar constant. Elle est due non seulement aux volumes de "première monte" mais aussi à une progression forte des ventes de pièces de rechanges, à +37%, ce qui traduit l'importance de notre parc installé, puisque nous avons plus de 17 000 moteurs en service actuellement. Quant aux équipements,la progression n'est que de 4,7% en raison de l'impact du décalage lié à l'A380. Hormis ce décalage, la croissance aurait été identique. Quant à la partie services de la branche Equipements, elle représente maintenant 26% du total des ventes.

AOF: Comptez-vous vous séparer de votre branche téléphonie mobile, et sinon comment allez-vous redresser cette activité déficitaire ?

Noël Gauthier:

Le chiffre d'affaires chute de 39%, mais ce retrait est moins important que fin juin. En effet, nous avons vendu 3,4 millions de mobiles au troisième trimestre, contre 2,2 millions au deuxième trimestre. Notre objectif immédiat est d'essayer de revenir le plus vite possible à l'équilibre sur les mobiles.

AOF: Souhaitez-vous vendre votre activité de communications haut débit, et si oui où en-êtes vous de cette transaction ?

Noël Gauthier:

Nous avons reçu des marques d'intérêt de plusieurs acteurs, dont nous regardons les offres avec la plus grande attention. Si l'une d'entre elles correspond à nos exigences en terme de projet industriel et social et de prix, nous serons prêts à prendre une décision.

AOF : L'idée d'un rapprochement Safran-Thalès a récemment refait surface, comment voyez-vous évoluer ce dossier dans les prochains mois ?

Noël Gauthier:

Je n'ai aucun commentaire particulier à faire, nous parlons avec de nombreux acteurs. Je pense que c'est un point sur lequel notre président Jean-Paul Herteman aura l'occasion de s'exprimer le moment venu.

AOF: Quels sont vos objectifs pour l'ensemble de l'exercice ?

Noël Gauthier:

Nous maintenons notre objectif de croissance de 5% du chiffre d'affaires et de plus de 5% du résultat opérationnel. Propos recueillis par Marie-Laure Hardy. (AOF)

EN SAVOIR PLUS

ACTIVITE DE LA SOCIETE

Safran est issu de la fusion de Sagem (deuxième groupe français de télécommunications, troisième groupe européen en électronique de défense et de sécurité) et de Snecma (groupe industriel aéronautique et spatial de premier plan, spécialisé dans la propulsion, les équipements et les services associés). Le groupe , qui emploie plus de 56 000 personnes, est organisé en quatre branches d'activité : Propulsion aérospatiale, Communication, Equipements aérospatiaux, Défense Sécurité. Il réalise 61% de son chiffre d'affaires en Europe, 20% aux Etats-Unis, 9% en Asie et 10% dans le reste du monde. L'actionnariat du groupe se répartissait, au 31 décembre 2006, entre le public (39,4%), l'Etat (30,8%), les salariés (20,7%), Areva (7,4%) et l'autocontrôle (1,7%).

FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR

Les forces de la valeur

- Safran dispose d'une solide base dans l'aéronautique et la défense au potentiel de développement substantiel. Safran est ainsi le 3ème acteur de l'industrie européenne de l'aéronautique/défense (derrière EADS et BAE). Par ailleurs, la biométrie devrait connaître un flux de nouvelles favorable avec une accélération des appels d'offres européens et internationaux. - Le groupe bénéficie d'une capacité d'innovation qui s'appuie sur 14000 personnes dédiées à la R&D. - Le groupe présente une solidité financière qui repose sur un endettement limité et des cash flows récurrents élevés. - La crise traversée par la direction du groupe et la découverte d'irrégularités comptables font partie du passé: le groupe peut, à présent, se concentrer sur le coeur de son activité. Un nouvel Etat Major va rendre les rênes du groupe avec Francis Mer à la tête du conseil de surveillance du groupe.

Les faiblesses de la valeur

- L'idée de fusionner Sagem et Snecma pour créer Safran a fortement surpris le marché d'autant plus que Snecma avait précédemment refusé une offre de rapprochement avec Thales, invoquant l'absence de logique industrielle de l'opération. La création de Safran résout un certain nombre de problèmes, mais la transaction apparaît, aux yeux de la plupart des analystes, dénuée de toute logique industrielle sachant que le recoupement entre les activités de Sagem et Snecma est très limité. - L'effet de change reste un risque important pour le groupe, la faiblesse du dollar affectant la rentabilité. - Les irrégularités comptable découvertes dans la branche Défense Sécurité ainsi que la guerre des clans menée à la tête du groupe ont lourdement pesé sur la valorisation du titre en 2006. D'autre part, les investisseurs restent en attente d'une décision stratégique sur la téléphonie mobile qui plombe les résultats du groupe.

COMMENT SUIVRE LA VALEUR

- Safran est sensible à l'évolution du secteur aéronautique civil et militaire. Il est aussi sensible à l'évolution de la concurrence, et donc des prix, dans le secteur des télécommunications. La téléphonie mobile est en première ligne. - Certains analystes estiment qu'une rationalisation du portefeuille d'activités du groupe s'impose autour de quelques axes forts où il dispose d'un potentiel de développement notable.