Les matières premières victimes de leur succès ?

24/05/2006 - 18:52 - Option Finance

(AOF) - Considérées auparavant comme des placements de niche, les matières premières sont aujourd'hui de plus en plus recommandées dans les portefeuilles diversifiés. Trois promesses ont attiré les investisseurs vers cette classe d'actifs : un rendement et un profil de risque proches de celui des actions ; une protection contre l'inflation ; et une faible corrélation avec les actions et les obligations. Il convient de rappeler que les produits financiers sur les matières premières sont souvent basés sur des contrats à terme. Ainsi, le rendement est composé de trois éléments : la variation du prix de la matière première considérée ; la prime d'assurance implicite au contrat à terme (versée par les producteurs de matières premières pour garantir leur prix de vente futur) ; et le rendement sur le marché monétaire américain. Pour un investisseur européen, il faut également tenir compte du risque de change pour cette classe d'actifs cotée en dollars. Depuis un demi-siècle, ces contrats à terme sur les matières premières ont en moyenne livré un rendement proche de celui des actions avec un niveau de risque équivalent. Les cours des matières premières apparaissent cependant aujourd'hui très élevés, même en anticipant la poursuite d'une demande forte venant de Chine et d'Inde. Par ailleurs, la prime d'assurance, traditionnellement positive, est aujourd'hui négative pour un grand nombre de matières premières.La deuxième promesse relative à la protection contre l'inflation apparaît elle aussi moins crédible. Historiquement, les prix des matières premières n'ont pas réussi à suivre l'évolution de l'inflation. De fait, la protection contre l'inflation identifiée dans le passé est venue d'abord et surtout du rendement du marché monétaire. La véritable source de valeur ajoutée des matières premières pour l'investisseur financier réside avant tout dans ses propriétés de faible corrélation. Or, depuis quelque temps, les corrélations entre matières premières et avec les actions sont en nette hausse. La très forte progression des flux financiers vers les matières premières constitue sans doute l'une des causes principales de ce phénomène. Les matières premières auront du mal à tenir toutes leurs promesses, sans doute du fait de leur propre succès. Par Michala Marcussen, directeur de la stratégie et de la recherche économique, Société Générale Asset Management