EXCLUSIF AOF / Entretien avec Yves Maillot (Robeco Gestions)

31/10/2007 - 12:02 - Option Finance

(AOF) - Après la crise des " subprimes " qui a secoué les places financières cet été, Yves Maillot, Directeur de la Gestion Actions et diversifiée de Robeco Gestions revient sur l'évolution des marchés avec l'Agence Option Finance.

Agence Option Finance :

Quelles sont les répercussions de la crise financière sur les marchés ?

Yves Maillot :

La crise financière de cet été se fait sentir sur les marchés monétaires. Depuis le mois d'août, on observe une réelle de crise de liquidités qui se matérialise notamment sur le marché des obligations. Les taux courts sont certes à un niveau moins élevé qu'il y a un mois, mais ils restent néanmoins supérieurs aux taux de référence, l'Euribor se situant à 4,60% actuellement. On observe un manque de liquidités évident. De plus, à mes yeux, la banque centrale européenne ne va pas abaisser ses taux dans l'immédiat. Aux Etats-Unis, le même genre de problèmes de liquidité est apparu cet été mais c'est à présent en voie de normalisation. Concernant le marché du crédit, les conditions sont difficiles : même si les spreads de crédit se resserrent, ils restent à des niveaux élevés. Globalement, il y a là une grande défiance qui incite à la prudence. Enfin, les marchés actions, eux, ont subi le choc de la crise du "subprime" mais sont actuellement en voie de rétablissement. Preuve en est le marché américain qui touche à ses plus hauts niveaux actuellement. Le principal moteur de ce redressement est, sans nul doute, les résultats solides, quoique plus partagés maintenant, des sociétés. L'Europe devrait finir par souffrir du recul du dollar. A titre d'exemple, le S&P500 a gagné 8,15% depuis le début de l'année, résultat ramené à une perte de 1,3% si l'on recalcule la performance en euros. Il s'agit donc de faire preuve d'adaptation et de se couvrir contre ce type d'évolutions. Toutefois, les performances européennes sont honorables, les entreprises profitant du commerce intracommunautaire notamment. Au final, les grands gagnants sont les pays à forte croissance : tel est le cas des pays asiatiques mais également du Brésil, dont l'évolution monétaire a été très positive face à l'euro.

AOF : Qu'en est-il du secteur bancaire ?

Yves Maillot :

Il s'agit là d'un domaine à part. Ce secteur a beaucoup souffert de la crise et semble ne pas avoir récupéré pour le moment. Les effets de la crise du " subprime " se font encore ressentir. Pour le moment, seul Merrill Lynch a dévoilé ses résultats au titre du troisième trimestre. On attend de savoir, à présent, si les autres établissements vont également afficher des pertes. Nous aurons une meilleure visibilité sur les effets de la crise dès le début de l'année prochaine, quand les résultats seront connus.

AOF : Quelle est votre stratégie d'allocation d'actifs ?

Yves Maillot :

A long terme, les actions sont privilégiées car les placements concurrents (obligations et produits monétaires) ne sont que peu rémunérateurs. La crise a entraîné un " flight to quality ", c'est-à-dire un retournement des investisseurs vers les obligations d'Etat. Or, les rendements des obligations d'Etat sont peu payants. Aujourd'hui, notre allocation d'actifs, d'un point de vue tactique, est plutôt prudente. Nous avons réduit nos positions sur les marchés actions qui ont été secoués dernièrement. De plus, on commence à ressentir des déceptions, comme ces profit warnings annoncés mardi dernier.

AOF : Quelles valeurs privilégiez-vous actuellement sur les marchés actions ?

Yves Maillot :

Nous misons sur les sociétés qui affichent une bonne régularité de cash-flow. C'est le cas des télécoms, du secteur de la santé, du secteur de l'énergie. Dans le domaine des télécoms, nous avons une préférence pour KPN, France Télécom, Deutsche Télékom et Telekom Austria qui a fait de nombreuses acquisitions dernièrement. Dans le secteur de la santé-pharmacie, il y a malheureusement peu de candidats en Europe. Néanmoins, nous misons sur Roche, Sanofi-Aventis ou Fresenius. Dans le secteur de l'énergie, nous privilégions le domaine para - pétrolier comme CGG Veritas ainsi que les " utilities " type RWE ou Suez. Nous misons également sur l'Italien Eni. Enfin, d'autres valeurs, comme ING ou Nokia, sont choisies pour leurs qualités intrinsèques.

Propos recueillis par Anna Casal Flottes.