RENAULT revient sur le marché obligataire / Analyse

16/05/2006 - 12:49 - Option Finance

(AOF) - Réputé pour sa politique financière prudente, Renault ne voulait pas faire face à l'arrivée à échéance, cette année, d'une dette obligataire de 1 milliard d'euros, en ne prélevant que sur ses liquidités. "En théorie, avec plus de 4 milliards d'euros de lignes de crédit non tirées, et autant en disponibilités placées sur des valeurs mobilières, cela était possible", explique Emmanuel Weyd, managing director sur le marché de la dette obligataire, chez JPMorgan, banque nommée co-chef de file pour l'opération avec la Société Générale. Souhaitant continuer à disposer de l'équivalent de deux mois de chiffre d'affaires en trésorerie, Renault a toutefois rapidement opté pour une émission obligataire égale à la moitié de la dette à rembourser, soit 500 millions d'euros, à sept ans. "Pour ce faire, nous avons lancé une consultation auprès d'un cercle restreint de banques de la place, rapporte Patrick Claude, directeur des financements et de la trésorerie du groupe Renault. A l'issue de celle-ci nous avons retenu les deux banques qui nous paraissaient le mieux répondre à nos attentes, qu'il s'agisse de la qualité de suivi de la dette obligataire du groupe, des conseils quant au moment clé pour réaliser l'opération, ou enfin de son exécution." Des paramètres d'autant plus importants pour Renault que l'opération marquait le retour du groupe sur le marché obligataire en euros après trois ans d'absence et dix-huit mois d'amélioration continue de son rating (l'entreprise est en effet aujourd'hui notée BBB+ par les trois agences de notation). Surtout, les fenêtres pour réaliser l'opération étaient réduites. "Pour trouver la bonne date, nous avons dû prendre en compte non seulement les différentes annonces de Renault sur ses résultats ou sur sa stratégie (résultats annuels, trimestriels, plan Contrat 2009 de Carlos Ghosn), mais également la date de l'assemblée générale (4 mai), les annonces de la BCE et de la Fed sur une possible remontée des taux, et enfin la douzaine d'émissions européennes prévues sur le mois de mai", résume Emmanuel Weyd. Annoncée le 8 mai, l'opération a été officiellement lancée le 9 mai. "Sursouscrite plus de trois fois, cette émission nous a permis d'obtenir un spread de 39 points de base, qui est non seulement un spread hors de la fourchette de prix envisagée par les banques (40-42 points de base), mais également le taux le plus bas jamais obtenu par Renault SA pour une émission obligataire publique en euro", conclut Patrick Claude. Une dernière remarque qui vaut encore après prise en compte des commissions bancaires, le spread global de l'opération ressortant alors à 43 points de base. (AOF)

EN SAVOIR PLUS

ACTIVITE DE LA SOCIETE

Les activités du groupe Renault se répartissent entre sa branche automobile, qui procure plus de 95 % du chiffre d'affaires total, et la branche de financement des ventes. Dans l'automobile, le groupe s'est largement développé à l'international ces dernières années. En se rapprochant du japonais Nissan, Renault est ainsi passé du 10ème au 4ème rang des constructeurs mondiaux. Le groupe a également racheté le roumain Dacia et le coréen Samsung. Le groupe Renault compte plus de 350 sites industriels et commerciaux dans plus de 40 pays, et 131879 collaborateurs.

FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR

Les points forts de la valeur

- La nomination du redresseur de Nissan, Carlos Ghosn, à la Présidence de la Direction Générale du groupe en avril 2005 a suscité beaucoup d'enthousiasme de la part des investisseurs. - Renault détient désormais 44,4 % de Nissan : un investissement particulièrement fructueux, compte tenu du spectaculaire redressement du constructeur nippon. L'Alliance entre les deux constructeurs est également un réservoir de synergies et de réductions de coûts. - L'innovation est au cœur de la stratégie du groupe, ce qui lui procure une image de marque de qualité. - Le groupe a annoncé le 9 février 2006 le plan Renault Contrat 2009, dont l'ambition est de positionner durablement Renault comme le constructeur automobile généraliste européen le plus rentable. Renault vise une marge opérationnelle de 6% en 2009 et une croissance des ventes de 800 000 véhicules entre 2005 et 2009. - Renault lancera 26 produits d'ici 2009 et l'âge moyen des produits sera ramené de 3,8 ans en 2005 à 2,2 ans en 2009. - Renault propose à ses actionnaires une progression linéaire du dividende, passant de 1,8 euros par action en 2005 à un objectif de 4,5 euros par action en 2009.

Les points faibles de la valeur

- Renault ne bénéficiera pas en 2006 de lancements produits majeurs. - La marge opérationnelle du groupe devrait tomber à 2,5 % du chiffre d'affaires en 2006 avant de se redresser. - La concurrence japonaise et coréenne sur le terrain des petites voitures met la pression sur les marges. - L'abandon prématuré de l'Avantime, qui visait à concurrencer les routières allemandes, a constitué un camouflet par rapport aux ambitions du groupe dans le haut de gamme. Les ventes de la VelSatis n'ont pas non plus été à la hauteur des attentes. - Le groupe, comme ses concurrents, souffre de la hausse du prix des matières premières. - Les coûts associés au passage à la norme anti-pollution " Euro 4 " pèsent également sur la rentabilité des ventes. - Nissan, très présent aux Etats-Unis, est fortement exposé au taux de change du dollar.

COMMENT SUIVRE LA VALEUR

- Pour suivre Renault, il est bien sûr indispensable de suivre l'évolution du marché automobile. - Les taux d'intérêt jouent aussi leur rôle dans l'évolution des ventes de Renault. Une baisse des taux relance la capacité d'emprunt des ménages, et favorise la consommation. - Dans une activité fortement consommatrice de main d'œuvre, les évolutions sociales doivent être observées avec attention. - Enfin, dans un contexte de guerre des prix, il convient de suivre la politique commerciale des différents constructeurs, notamment en matière de remises.