Où en est la mise en place des normes IFRS dans les entreprises ?

07/06/2006 - 13:14 - Option Finance

(AOF) - Si l'impact du passage aux IFRS aura été, en termes de communication financière, beaucoup moins significatif qu'on pouvait le redouter, les difficultés de mise en place ont en revanche été bien présentes et sont loin d'être totalement dépassées. Tel est le principal enseignement tiré de l'ouvrage publié par Ernst & Young sur la communication financière 2006 des grands groupes européens. Les auteurs se sont penchés sur les sociétés du CAC 40 et sur 46 autres sociétés cotées en Europe. "Il faut saluer les efforts accomplis par les entreprises, souligne Isabelle Santenac, associée en charge de l'offre IFRS chez Ernst & Young, les normes sont complexes et traitent parfois de sujets nouveaux comme les stock-options, par ailleurs, les entreprises ont dû préparer deux jeux de comptes, sociaux en normes françaises et consolidés en normes IFRS. Au final, la transition est réussie et les comptes sont de qualité, mais cela ne s'est pas fait sans de lourds investissements et beaucoup d'efforts". Pour autant, les travaux ne sont pas achevés. D'abord parce que certains groupes ont découvert un peu tard les difficultés soulevées par les IFRS et doivent poursuivre l'automatisation de leurs processus d'information. A cela s'ajoutent de sérieux problèmes d'harmonisation. En effet, l'ouvrage révèle que les entreprises ont largement utilisé la faculté offerte par IFRS 1 de procéder à des exemptions. Ainsi, 30 groupes du CAC 40 n'ont pas retraité les regroupements d'entreprise antérieurs à la date de transition aux IFRS. Sans compter les régulateurs eux-mêmes qui, dans certains pays comme l'Italie ou encore l'Espagne, ont procédé à des interprétations parfois éloignées de la manière dont les normes sont communément admises dans le reste de l'Europe. Au final, l'objectif consistant à harmoniser les comptes de l'ensemble des sociétés cotées en Europe n'est pas encore atteint. En outre, les IFRS ne sont pas encore parvenues à s'imposer totalement d'un point de vue culturel. "Beaucoup continuent de communiquer sur le résultat opérationnel courant, alors que celui-ci n'a plus de sens en IFRS car ce référentiel ne reconnaît pas la notion d'exceptionnel, explique Isabelle Santenac. Les groupes font cela pour maintenir un historique de résultats et ne pas déstabiliser les investisseurs et les analystes". Toutes ces difficultés pourraient sans doute s'estomper facilement dans les années à venir s'il ne subsistait un obstacle important : au lieu de suspendre ces travaux le temps que les entreprises s'adaptent, le normalisateur continue de modifier les textes en profondeur. "Il est indispensable de préserver la cohérence des résultats d'une année sur l'autre. Or si l'IASB continue de changer significativement les normes et qu'il faut chaque année modifier des traitements comptables et des systèmes d'information, nous allons au-devant de vraies difficultés", prévient cette spécialiste. Le problème, c'est que préoccupé par la convergence des IFRS avec les US GAAP, le normalisateur continue de faire la sourde d'oreille. Olivia Dufour