EADS a fixé le sort de sept sites industriels

19/12/2007 - 16:42 - Option Finance

(AOF) - Les administrateurs d'EADS ont tranché. Latécoère, GKN et MT Aerospace seront les nouveaux employeurs d'une partie des salariés du groupe aérospatial. Ces trois entreprises ont en effet été sélectionnées pour reprendre les sept sites industriels d'Airbus dans le cadre du plan de réorganisation Power8. Sans surprise donc, Latécoère hérite des sites français de Méaulte et de Saint-Nazaire Ville. Le britannique GKN a été retenu pour le site de Filton en Grande-Bretagne et l'Allemand MT Aerospace pour les sites de Varel, Nordenham, Augsburg et Laupheim. "Pour Filton, l'accord porte sur une cession complète des activités industrielles à GKN. S'agissant des établissements français et allemands, l'accord avec Latécoère et MT Aerospace prendra la forme de joint-ventures, au sein desquelles Airbus conservera une participation minoritaire substantielle. Airbus se réserve toutefois la possibilité de se retirer totalement du capital au bout de trois ans", a expliqué EADS dans un communiqué publié à l'issue du conseil d'administration. En revanche, les onze administrateurs d'EADS n'ont pas évoqué publiquement les conditions financières de la transaction. Les observateurs s'interrogent notamment sur les tarifs auxquels Airbus achètera les équipements fournis par les industriels. L'équipementier américain Spirit, candidat pour reprendre l'ensemble des sites n'a donc pas été retenu. Son offre limitée aux usines britanniques ou allemande a été rejetée de la même façon. Le dossier de l'entreprise, jugée pourtant la plus performante, a calé pour des raisons politiques.La France et l'Allemagne redoutaient d'accueillir une ancienne filiale de Boeing au sein du principal programme industriel d'Airbus. Spirit bénéficiait pourtant d'une capacité technologique et d'une surface financière largement supérieurs aux repreneurs européens finalement choisis. Les heureux élus ont-ils la taille suffisante pour contenter les besoins d'Airbus ? Si les spécialistes comprennent la décision stratégique d'EADS, certains s'interrogent. L'allemand OHB Technology, dont l'activité est principalement tournée vers l'espace, a par exemple réalisé un chiffre d'affaires de 145 millions de dollars, contre 3,2 milliards pour Spirit. Les futurs repreneurs, engagés maintenant dans des négociations exclusives, auront certainement à coeur de démontrer que politique et économie font bon ménage, même chez EADS. (AOF)

EN SAVOIR PLUS

ACTIVITE DE LA SOCIETE

Né en juillet 2000 de la fusion entre l'Allemand Dasa (DaimlerChrysler Aerospace), l'Espagnol Casa et le Français Aérospatiale, EADS est aujourd'hui le premier groupe aéronautique européen et le second à l'échelle mondiale. Ses activités se répartissent entre l'aviation commerciale et militaire, l'espace, les systèmes de défense et les services. EADS compte quatre divisions : Airbus (le grand concurrent de Boeing sur le marché des avions commerciaux de plus de 100 places), l'aéronautique hors Airbus, l'espace (Astrium, Arianespace.) et enfin la défense et la sécurité. En réaction aux difficultés d'Airbus autour de l'A380 et de l'A350, EADS a lancé un plan de restructuration baptisé "Power 8".

FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR

Les points forts de la valeur

- Malgré ses récentes difficultés autour de l'A380 et de l'A350, Airbus reste un leader de l'aéronautique commerciale, à même de concurrence le géant américain Boeing. Airbus a été leader du marché en termes de livraisons en 2003, 2004 et 2005. - 2006 a été, sans conteste, une année difficile pour Airbus. Néanmoins, les risques qui entourent le dossier semblent pris en compte dans les cours. La mise en œuvre de "Power 8" et le lancement de l'A350, dont le carnet de commandes grossit, place Airbus dans une situation offensive. En outre, l'avionneur européen est moins exposé que Boeing aux compagnies aériennes américaines, confrontées à d'importantes difficultés financières. - Eurocopter a réalisé une année record en 2006 du point de vue du chiffre d'affaires et du nombre de commandes pour 2007. Le fabricant d'hélicoptères a percé sur plusieurs marchés auxquels il n'avait pas accès auparavant, comme le marché de la Défense américain.

Les points faibles de la valeur

- Le groupe EADS est sensible au dollar, dans la mesure où il facture l'essentiel de ses ventes dans la devise américaine. Néanmoins, ce risque est limité par la politique de couverture du risque de change mise en place par la direction. - C'est seulement dans quelques années que l'on saura si EADS a eu raison dans son pari sur le marché des gros porteurs matérialisé par le lancement de l'A380. Pour le moment, Airbus a annoncé de gros retards de livraison et continue de perdre des parts de marché sur le segment des long courriers. - Les activités de défense manquent de taille critique tant pour atténuer la cyclicité de l'aviation civile que pour rivaliser avec les grands groupes américains. EADS affiche toutefois sa volonté de poursuivre le rééquilibrage de ses activités, en développant encore son pôle défense.

COMMENT SUIVRE LA VALEUR

- EADS est extrêmement sensible à l'évolution du secteur aéronautique civil et donc à la santé des compagnies aériennes, lesquelles lui achètent des avions. Or, la bonne santé du secteur du transport aérien dépend de la situation économique et géopolitique mondiale, qui influe sur le tourisme et les voyages d'affaires, mais également d'autres facteurs, comme le prix du pétrole. Les prévisions de livraisons d'avions sont de bons indicateurs de tendance. - Plus spécifiquement, le titre pourrait présenter un attrait spéculatif, en vue d'une possible consolidation du secteur spatial et de la défense. Une alliance à trois, avec Thales et Alcatel a souvent été évoquée par les marchés.