Quels paris prendre sur les taux d'intérêt ?

30/08/2006 - 13:00 - Option Finance

(AOF) - Par Michala Marcussen, directeur de la stratégie et de la recherche économique, Société Générale Asset Management. Durant l'été, les taux d'intérêt américains ont nettement baissé, en raison notamment de l'accalmie des pressions inflationnistes et des signes de ralentissement de la croissance économique. Le statu quo monétaire annoncé par la Réserve fédérale le 8 août, après dix-sept hausses consécutives de 25 points de base, a également été un facteur important. Désormais, le marché obligataire anticipe déjà des baisses de taux : à 4,90 %, le taux à 2 ans est aujourd'hui nettement inférieur au taux directeur de la Réserve fédérale (5,25 %). Ce pessimisme apparent du marché obligataire sur la croissance économique future ne semble cependant pas être partagé par le marché d'actions. Bien que les incertitudes géopolitiques aient pesé sur la Bourse au cours de l'été, l'annonce du statu quo monétaire lui a donné un nouveau souffle. Cette dichotomie dans l'interprétation de la situation conjoncturelle par les deux marchés s'est déjà produite en 2003, 2004 et 2005. A chaque fois, c'est le marché d'actions qui a fait le pari gagnant. En effet, ce dernier possède un avantage dans ce jeu : la baisse de taux réduit le coût du crédit, et offre ainsi un soutien aussi bien au marché immobilier qu'à la consommation des ménages et in fine à la croissance économique. Néanmoins, cet avantage du marché d'actions tend à disparaître, car le niveau d'endettement des ménages américains a depuis lors progressé - se situant aujourd'hui à plus de 125 % du revenu disponible, en progression de 25 % depuis 2002. Les consommateurs américains se trouvent ainsi dans une situation financière de plus en plus fragilisée. Dans ces conditions, la baisse récente des taux permettra au mieux d'atténuer un ralentissement de la consommation américaine qui apparaît désormais inévitable. Néanmoins, un niveau de valorisation attractif, la vigueur de l'investissement des entreprises et la reprise économique des principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis restent des facteurs de soutien pour la Bourse américaine.