EADS : Louis Gallois veut partir en reconquête

10/01/2008 - 15:14 - Boursier.com

Le groupe fait encore face à des enjeux majeurs...

Louis Gallois, le président d'EADS, a tenu la première conférence 2008 de son groupe depuis l'usine Eurocopter de Donauworth en Allemagne ce matin. L'occasion pour le dirigeant de faire le point après un exercice 2007 tourmenté par les déboires industriels, boursiers et politiques du géant européen de l'aéronautique et de la défense. Paradoxalement, 2007 sera également une année de records pour Airbus, la principale filiale du groupe, qui a engrangé des commandes sensiblement égales à celles de son grand rival Boeing. "Les commandes d'Airbus atteindront globalement le niveau de Boeing en 2007", a indiqué Louis Gallois, alors que le groupe américain a fait état de 1.413 commandes l'année dernière, le nouveau record mondial de l'aéronautique civile. Airbus, qui communiquera la semaine prochaine sur le solde définitif, était déjà à la tête de 1.204 commandes à fin novembre. La domination à titre symbolique du marché ne fait d'ailleurs ni chaud ni froid au dirigeant qui pense que "pour les clients, quand deux rivaux évoluent entre 40 et 60% du marché, ils sont à égalité à leurs yeux". Par ailleurs, l'avionneur a "légèrement dépassé l'objectif de livraisons qui avait été retenu en 2007", soit 450 avions pour le haut de la fourchette définie pour 2007. Cela devrait permettre de dépasser une nouvelle fois Boeing, qui a indiqué avoir sorti de ses chaînes de production 441 appareils l'année dernière. Une chose est sûre, EADS terminera l'année avec une trésorerie de plus de 5 milliards d'euros, "plus que ce qui était prévu", a ajouté Louis Gallois. Outre Airbus, les autres branches du groupe ont donné satisfaction, en particulier, une fois encore, Eurocopter, dont les prises de commandes ont dépassé les 800 unités. Au global, les prises de commandes d'EADS avoisineraient les 125 Milliards d'Euros sur l'année, un niveau qui reste sujet à ajustement pour prise en compte de la parité de change, qui dépasse cependant largement au-delà des 69 MdsE engrangés en 2006. Mais derrière ce bilan flatteur, se cache une réalité opérationnelle plus contrastée. En 2008, le groupe devra mener de front plusieurs défis dont celui de la réorganisation de l'outil industriel d'Airbus, qui passe par la cession, en cours, de plusieurs sites, et la poursuite du plan de restructuration "Power 8", qui a déjà fait couler beaucoup d'encre. Louis Gallois a également promis d'améliorer la gestion des projets au sein de l'organisation, après les problèmes rencontrés sur les programmes A380, A350, mais aussi sur l'hélicoptère NH90 ou l'avion de transport militaire A400M. Ce dernier appareil, dont les délais de conception ont explosé, ne devrait pas connaître de retard supplémentaire par rapport au décalage de 6 à 12 mois déjà annoncé, a estimé le président d'EADS. Pour autant, 2008 "pourrait apporter son lot de bonnes nouvelles", a poursuivi Louis Gallois, qui espère être en mesure de repasser à l'offensive après la période noire. En s'appuyant sur une gouvernance rénovée favorisant la prise de décision, il entend rééquilibrer les activités du groupe pour en réduire la dépendance à Airbus et à la zone euro. "Maintenant, il est temps d'acheter, en profitant du dollar faible", a-t-il ajouté, en ciblant des entreprises dans le domaine de la défense, de la sécurité et des services. EADS pourrait d'ailleurs se renforcer outre-Atlantique en acquérant des sociétés américaines de taille moyenne cette année. Louis Gallois souhaite rééquilibrer industriellement son groupe en faisant en sorte que la moitié des revenus proviennent d'unités non-Airbus à l'horizon 2020, contre 30% environ actuellement. Il aspire également un rééquilibrage géographique, soulignant que 90% des salariés sont payés en euros alors que seuls 43% des revenus sont générés en Europe. La parité de change euro / dollar, alors que le billet vert a perdu près de 40% de sa valeur en 5 ans, constitue du reste un défi majeur, même si le président d'EADS assure que le groupe européen dispose d'un "bon niveau de couverture" de change jusqu'en 2010. Louis Gallois n'a pas voulu apporter de détails sur la teneur des résultats 2007 du groupe, eux qui avaient reculé de 1,676 MdE en 2005 à 99 Millions d'Euros en 2006, sur fond de lourdes pertes accumulées chez Airbus du fait des nombreuses provisions prises pour intégrer les retards de plusieurs programmes clefs. A peine le président a-t-il indiqué que la génération de trésorerie libre avait dépassé ce qui était attendu en novembre dernier, tout en concédant que l'évolution défavorable de la parité de change se verra dans les comptes. Si la visibilité reste mauvaise à court terme, il reste attaché à faire remonter à 10% la marge opérationnelle d'EADS d'ici à 2015, ce qui s'annonce d'ores et déjà comme un exercice de haut vol puisque le groupe n'a jamais fait mieux que 7,3%, en 2005.



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