Jean-Claude Trichet contre les marchés

23/01/2008 - 17:54 - Option Finance

(AOF) - Droit dans ses bottes, Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne ne veut pas céder à la pression des marchés. La décision en urgence de la Fed, une première depuis les attentats du 11 septembre 2001, de réduire son principal taux directeur de 75 points de base semblait pourtant ouvrir la voie à une politique monétaire plus accommodante de la part de l'institution européenne. Mardi, les marchés avaient déjà fait leur l'hypothèse d'une réduction de 25 points de base des taux d'intérêt de la BCE en mai, suivie par deux autres baisses de même ampleur avant la fin de l'année. Aujourd'hui, Jean-Claude Trichet a douché leurs espoirs. "En toutes circonstances, mais encore plus particulièrement dans des périodes difficiles de forte correction des marchés et de turbulences, il est de la responsabilité des banques centrales de solidement ancrer les anticipations inflationnistes pour éviter une volatilité supplémentaire dans des marchés déjà très instables", a déclaré le président de la BCE, selon Reuters. L'institution qu'il préside ne s'apprête donc pas à suivre l'exemple de sa consoeur américaine. Il a bien reconnu l'existence de risques à la baisse pour son scénario de base concernant les perspectives économiques, mais a rappelé qu'ils avaient déjà été évoqués par le passé. La BCE table donc toujours sur une croissance de 2% cette année. Cette fin de non recevoir du principal responsable de l'institution européenne intervient au moment où son homologue, Ben Bernanke, essuie les critiques de plusieurs journaux de référence anglo-saxons: le "Wall Street Journal", le "Financial Times" et "The Economist". Le président de la Fed est accusé d'avoir cédé à la panique: une baisse des taux d'une telle ampleur n'avait pas été décidée depuis 1982. Les propos de Jean-Claude Trichet ont renvoyé au tapis les marchés actions européens, également affaiblis par des publications de résultats décevants de la part de grands noms de la cote américaine, à l'image d'Apple. L'indice CAC 40 a finalement perdu 4,25% à 4636,76 points, son plus bas niveau à la clôture depuis le début de l'année.