Artprice.com : "La bulle spéculative du marché de l'art atteint son pic"

25/01/2008 - 09:59 - Boursier.com

L'agence Art Market Insight anticipe une correction en 2008

"La bulle spéculative du marché de l'art atteint son pic en novembre 2007" : tel est le titre de la toute dernière étude de l'agence Art Market Insight d'Artprice. En 2007, le marché de l'art a affiché pour la 7ème année consécutive une hausse des prix, constate Art Market Insight, agence de presse d'Artprice, dans sa dernière étude. La progression annuelle à l'échelle mondiale s'élève à +18% selon l'agence. Elle accompagne un produit de ventes de "Fine Art" de 9,2 Milliards de dollars, en progression de +43,8% sur l'année, gonflé par la multiplication des enchères millionnaires. "Les marteaux des maisons de ventes sont tombés 1.254 fois au delà du million de dollars en 2007, contre 810 en 2006", ajoute l'agence. 2006 affichait déjà un niveau de transactions jamais enregistré jusqu'alors. 2007 est donc "un millésime hors norme". La fin d'année, ponctuée de résultats époustouflants, notamment dans le domaine de l'art contemporain, spéculatif et volatil, était pourtant incertaine du fait de la conjoncture défavorable. Entre la crainte de la facture de la crise des subprimes dévoilée dès le mois d'août, une bourse mondiale sensible et une économie américaine inquiète, "rien ne laissait présager un marché de l'art fort en novembre et décembre 2007", explique l'agence. Tellement soutenu que Sotheby's enregistra sa meilleure vente de tous les temps le 14 novembre avec un résultat de 316 M$ pour sa vente "Contemporary Art Evening", devant les 286 M$ pour sa vente "Impressionist et Modern Art" de mai 1990. La veille, sa rivale Christie's enregistra un chiffre d'affaires de 325 M$. Afin de profiter de cet engouement, nombre d'acteurs ont remis sur le marché des pièces acquises quelques années plus tôt à des prix très inférieurs à ceux négociés actuellement. "Il suffit de consulter une sélection d'allers-retours pour voir à quel point l'oeuvre d'art peut séduire en tant qu'actif spéculatif", selon Art Market Insight. "Que dire de ce portrait d'Elizabeth Taylor par Andy Warhol vendu 21 M$ chez Christie's, alors qu'il avait été acquis 3,25 M$ par l'acteur Hugh Grant à peine 6 ans plus tôt ?", s'interroge l'agence... Comment justifier, autrement que par le jeu de la spéculation, qu'une toile de Frank Auerbach ("Reclining Figure of Jym", 1985) puisse trouver preneur à 270.000£ contre 30.000£ en octobre 2003 ! A ce jeu, même une valeur sûre comme Claude Monet reprend des couleurs par rapport à 1990, au sommet de la précédente bulle spéculative : "Waterloo Bridge, temps couvert" a été adjugé 16 M£ (31,7 M$) le 18 juin 2007 à Londres à un collectionneur américain, décuplant le prix payé par son ancien propriétaire 17 ans auparavant. Ces opérations "ne sont pas l'apanage exclusif des collectionneurs les plus fortunés", ajoute Art Market Insight. Même à moins de 10.000 euros, secteur qui représente traditionnellement 90% des transactions, de tels allers-retours sont tout aussi fréquents. Nombre d'exemples illustrent le va-et-vient spéculatif. Un simple passage de frontière permet encore de spéculer facilement d'une salle des ventes à une autre. "Jeune fille avec chat et fleurs", une encre d'Odilon Redon acquise 3.200 euros chez Christie's Paris en décembre 2006, est repartie pour 6.500£ (9.500 euros) trois mois plus tard chez Sotheby's Olympia (Londres). "Relief sur l'idée du Requiem", un pastel de Jean Tinguely, adjugé 4.500 euros en 2006 chez Villa Grisebach (Berlin), a changé de main pour 10.100 euros chez Piasa (Paris) en décembre dernier. "Danza, danza all'erta fratellino", une toile de Mimmo Paladino acquise 6.000£ (8.735 euros) en juin 2006 à Londres, a été disputée 30.000 euros douze mois plus tard chez Meeting Art (Vercelli). "Le Tir Forain" d'André Lhote a même été adjugé trois fois en 2007 : 8.200 euros à Limoges, puis 12.580 euros à Londres et enfin 20.000 euros à Versailles ! Ces exceptionnels niveaux de cotation "prennent désormais des allures de prix plafond, surtout en ce début d'année, où le marasme économique semble se profiler", juge Art Market Insight. "La piètre santé de l'économie mondiale ne devrait pas épargner longtemps un marché de l'art qui n'est pas immunisé contre les fortes turbulences de la bourse", explique l'agence. "D'ici quelques semaines, avec les contractions de Wall-Street, il se peut qu'il n'y ait plus autant d'argent à dépenser dans les ventes à coup de million chez Sotheby's ou Christie's", anticipe l'agence. A analyser la récente volatilité des prix de l'art, "2008 devrait être l'année de la correction", pense l'agence. "Un plongeon des prix de 15 à 20% pourrait affecter le marché dans les prochains mois. Faut-il rappeler qu'entre juillet 1990 et juillet 1992, l'Artprice Global Index, calculé selon la méthode des ventes répétées, affiche pour la France une chute des prix constatée de -44% ?", conclut l'agence.



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