Alcatel-Lucent : 16.500 suppressions de postes en 3 ans

01/02/2008 - 12:18 - Boursier.com

En annonçant leur fusion en avril 2006, les deux spécialistes des infrastructures de communication Alcatel et Lucent avaient prévu de réduire leurs...

En annonçant leur fusion en avril 2006, les deux spécialistes des infrastructures de communication Alcatel et Lucent avaient prévu de réduire leurs effectifs cumulés de 8.800 personnes, soit environ 10% des 88.000 salariés de la nouvelle entité à travers le monde. Le français et l'américain avaient alors d'ambitieux objectifs financiers, dans un secteur où les besoins en équipement ne manquaient pas. Mais moins de deux ans plus tard, et moult révisions en baisse des perspectives de développement, force est de constater que le couple n'a rien du modèle qui avait été initialement présenté. Alcatel-Lucent, c'est ainsi que l'entreprise a été renommée pour ne vexer aucune susceptibilité sur les deux rives de l'Atlantique, a trébuché sur de nombreux obstacles depuis sa naissance. Parmi eux, des débouchés moins porteurs que prévu, mais également une concurrence accrue de la part des deux grands rivaux, Ericsson et Nokia, ainsi que des acteurs émergents tels le chinois Huawei, dont la politique de prix agressive fait des dégâts dans le secteur depuis plusieurs trimestres. Les deux groupes ont également dû gérer un rapprochement compliqué en termes technologique et culturel. Bref, la vague d'optimisme qui dominait pendant la lune de miel a rapidement pris fin. Devant la pression économique et actionnariale, Alcatel-Lucent avait dû se résoudre en février 2007 à porter de 8.800 à 12.500 son plan de réduction d'effectifs à l'échelle globale. Les salariés français payèrent alors un lourd tribut : 1.468 postes supprimés d'ici la fin 2008, soit environ 12% des employés hexagonaux. Malgré ces décisions, le groupe ne parvient cependant pas à retrouver le chemin de la rentabilité. Le titre sombre en bourse, les actionnaires s'agacent, les dirigeants se déchirent. En octobre dernier, Alcatel-Lucent annonce une troisième vague de durcissement de son plan social, en ajoutant 4.000 suppressions de postes d'ici 2009 aux 12.500 précédemment planifiées. Ces nouvelles mesures devaient permettre, couplées à "une accélération des objectifs actuels de réduction d'effectifs pour l'année 2008", de réduire les coûts de fonctionnement annuels du groupe de 400 Millions d'Euros supplémentaires, expliquait alors le groupe. La directrice générale Patricia Russo, loin de faire l'unanimité dans les rangs des salariés français, avait alors ajouté "ce sont des décisions difficiles à prendre, mais nécessaires. Nous apporterons la plus grande attention possible à la manière dont ces réductions seront mises en oeuvre". C'est le détail de ce dernier plan que le groupe a présenté ce matin au Comité Centrale d'Entreprise chez Alcatel France à Vélizy. Qualifié pudiquement de "plan de départs volontaires", il "s'inscrit dans le cadre du plan global de réductions de coûts présenté le 31 octobre 2007 et visant à adapter le groupe aux perspectives toujours difficiles de l'industrie des télécoms". Il pourrait aboutir à la réduction de 400 postes environ "entièrement basés sur le volontariat". Il n'aboutira à la fermeture d'aucun site, contrairement au plan de 2007 qui avait scellé la fin de l'activité à Rennes-Cesson et Rennes-St Grégoire. L'équipementier, dont les effectifs atteignaient avant cette décision 8.000 personnes en France, a tenté de rassurer ses troupes en annonçant concomitamment que l'hexagone "s'affirme comme pôle de recherche essentiel d'Alcatel-Lucent pour les technologies de pointe du futur, avec notamment un renforcement de nos équipes dans le développement des réseaux mobiles de quatrième génération (4G) et du WiMAX". Le groupe doit désormais publier, le 8 février prochain, ses résultats de l'exercice 2007. En moyenne, les analystes interrogés par Bloomberg anticipent une perte nette de 122,7 ME, mais les estimations sont très larges et certains bureaux d'études misent sur une perte bien plus sévère. Dans un marché hautement concurrentiel, Alcatel-Lucent n'est pas le seul à éprouver de grosses difficultés. Son concurrent Ericsson a publié ce matin des résultats qui, quoique bénéficiaires, sont en net recul. Le géant suédois, dont les effectifs ont été réduits de moitié entre 2000 et 2004, a annoncé la suppression probable de 4.000 postes supplémentaires, dont 1.000 en Suède. Ericsson pense que le marché des infrastructures mobiles, sa spécialité, devrait à peine être stable en 2008. A Paris après l'annonce des détails de son dernier plan social, Alcatel Lucent recule de 1,2% à 4,14 euros à la mi-journée. En six mois, le titre a perdu la moitié de sa valeur. Depuis l'annonce de la fusion avec Lucent, il a cédé près de 70%...



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