POINT DE VUE/ Jean-François Boulier, Crédit Agricole Asset Management

18/02/2008 - 17:33 - Option Finance

l y a un an, les premiers soubresauts du marché des "subprimes" avaient créé des turbulences sur l'ensemble des marchés de dette. Pourtant, la détente des spreads, dès le mois de mars, avait enterré les craintes soulevées par le cocktail de mauvaises nouvelles revisitées six mois plus tard. Que la crise qui s'est développée depuis soit digérée au printemps, comme l'année dernière, les plus optimistes n'y songent même pas. Ce qui était un sujet confiné au financement d'une frange du marché immobilier américain s'est révélé beaucoup plus substantiel. Les indicateurs les plus récents montrent que c'est l'ensemble du marché du crédit aux particuliers qui pourrait être affecté. Et comme l'immobilier et la consommation sont les deux moteurs domestiques principaux, les scénarios noirs sur la croissance américaine ont de plus en plus d'adeptes. Par ricochet, les craintes sur le crédit, et notamment le plus exposé, le haut rendement, persistent. La poursuite des dégradations massives par les agences, pas moins de 6 300 tranches de CDO, et l'inquiétude légitime sur les rehausseurs de crédit, dernière digue protégeant le marché des "Munis" - autrement dit des emprunts des collectivités publiques -, nourrissent un pessimisme bien visible sur les marchés d'actions, remis d'aplomb par une baisse des taux courts considérable. Pourtant, les principaux éléments sont désormais sur la table. Le compte des pertes totales déclarées aux alentours de 150 milliards de dollars s'approche des estimations réalistes, le démontage des conduits s'est poursuivi, les banques européennes, en particulier espagnoles et hollandaises, en effectuant de l'autotitrisation, ont retrouvé des sources de liquidités auprès de la BCE. Le marché à court terme se normalise progressivement et les fondamentaux des entreprises restent solides. Aux conditions de marché actuelles, caractérisées par des swap spreads encore hauts, des spreads de crédit à des niveaux très élevés relativement aux risques de défaut sur l'"investment grade" et des taux actuariels supérieurs à 10 % sur le haut rendement, le marché du crédit, très bon marché, attend les investisseurs courageux. La fin de la publication des comptes annuels sera décisive.