POINT DE VUE/ Patrick Artus, dir. de la recherche et des études, NATIXIS

27/02/2008 - 10:16 - Option Finance

Les 5 vagues de mauvaises nouvelles sur les marchés financiers. La grande majorité des analystes et des investisseurs acceptent l'idée que beaucoup d'actifs financiers sont aujourd'hui sous-valorisés par rapport aux prix de marché que devraient impliquer les fondamentaux de ces actifs. C'est vrai, en particulier, pour les actifs d'entreprise aux Etats-Unis, en Europe et au Japon. Ainsi le PER sur l'Eurostock fluctue autour de 11 contre une valeur "normale", compte tenu des niveaux de taux d'intérêt et des perspectives de croissance des profits, de 15 au moins ; les spreads de crédit se sont considérablement élargis (de 80 points de base pour un émetteur BBB, 250 points de base pour un émetteur high yield) sans qu'il y ait la moindre hausse des taux de défaut des entreprises correspondantes. Il devrait donc y avoir un retour à la normale sur la valorisation de ces actifs, mais il risque de devoir attendre la fin de 5 vagues de mauvaises nouvelles affectant les marchés financiers. Les trois premiers groupes de mauvaises nouvelles sont déjà parvenus aux marchés et leur effet est donc normalement derrière nous : il s'agit des pertes des banques, des informations sur les économies,de la crise des monolines. Le provisionnement des banques sur les actifs liés au subprime et sur les autres produits structurés semble suffisant (et même dans certains cas excessif en raison de la faiblesse des prix de marché) ; la dégradation de la situation économique aux Etats-Unis et dans les autres pays affectés sévèrement par le retournement de l'immobilier résidentiel (Espagne, Irlande, à un nettement moindre degré Royaume-Uni) est bien connue ; les caractéristiques de la crise des monolines (sous-capitalisation, pertes encourues, de l'ordre de 70 milliards de dollars, si une recapitalisation n'est pas réalisée) sont publiques, et l'enjeu est trop important pour qu'une solution ne soit pas trouvée. Il reste deux menaces plus difficiles à évaluer : l'extension de la crise à de nouveaux actifs financiers, des pertes réalisées par d'autres intermédiaires financiers que les banques. On a vu le retournement à la baisse des cours boursiers dans les pays émergents à partir de début 2008, le recul rapide des prix des crédits syndiqués et structurés dans la période la plus récente ; on sait que les assureurs et les fonds de pension sont grands détenteurs d'actifs dont le prix de marché a beaucoup baissé (CDOS, dette bancaire.). Tant que la clarté ne sera pas complète sur l'ensemble des sources possibles de risques, on peut craindre que les prix d'actifs ne reviennent pas vers leurs fondamentaux. n