Les rehausseurs de crédit: nouveaux catalyseurs des marchés

07/03/2008 - 11:04 - Option Finance

(AOF) - Depuis quelques semaines, les Bourses occidentales se sont trouvées une nouvelle marotte : les rehausseurs de crédit. Au gré des nouvelles, parfois contradictoires, qui se multiplient et des évolutions de notation, ces organismes, quasi inconnus du grand public avant le début de la crise du "subprime", font maintenant la pluie et le beau temps des deux côtés de l'Atlantique. Aujourd'hui, c'est CIFG qui après avoir pesé sur Wall Street puis sur les places asiatiques, s'attaque désormais à l'Europe. Les valeurs financières sont en baisse depuis l'ouverture et pèsent sur les marchés. Axa cède 2,51% à 20,60 euros, Société Générale perd 2,74% à 64,50 euros, BNP Paribas et Dexia reculent respectivement de 1,04% à 57,30 euros et de 0,57% à 17,35 euros. Sur le SRD, Natixis, elle, se replie de 1,71% à 9,21 euros. Hier soir, Moody's a abaissé sa note AAA à A1, sur CIFG, une filiale des Banques Populaires et du Groupe Caisse d'Epargne. Cette rétrogradation de quatre degrés, l'agence de notation l'explique par la "capitalisation affaiblie" du "monoliner", victime "d'opportunités mises à mal et d'une stratégie incertaine" à cause de son "exposition importante au marché hypothécaire". Une telle décision était envisageable depuis l'automne. Natixis, alors propriétaire de CIFG s'était vu dans l'obligation de céder sa filiale à ses deux principaux actionnaires, Banques Populaires et Groupe Caisse d'Epargne, afin de maintenir sa notation AAA via une recapitalisation de 1,5 milliard de dollars. Standard&Poor's, lui a jugé cette somme suffisante et maintenu sa note AAA. Le triple A est devenu l'obsession des marchés ces derniers temps, en particulier celle de tout le secteur financier. Sans cette note maximale, les rehausseurs de crédit, qui garantissent des milliards de dollars de titres, pourraient subir des pertes colossales, entraînant avec eux banques et autres groupes de services financiers. Afin de conserver la confiance des marchés, les "monoliners" cherchent donc à maintenir un niveau de fonds propres élevé. Le numéro deux du secteur, l'Américain Ambac, a ainsi annoncé une augmentation de capital de 1,5 milliard de dollars hier. Cette nouvelle a reçu un accueil mitigé des marchés, certains estimant qu'Ambac devait lever 3 milliards pour ne pas perdre son AAA. Cette opération est portée par UBS, Credit Suisse, Citigroup et Bank of America. Dans le même temps, Ambac a annoncé la suspension pour six mois de ses activités de garantie d'opérations de titrisation. MBIA, le numéro un du secteur devant Ambac a procédé de la même façon afin de maintenir sa note AAA, mais le groupe est lui parvenu à lever 3 milliards de dollars et a décidé de scinder en deux, pour cinq ans, ses activités de garanties de titres municipaux de celles de crédits structurés. Selon les dernières informations de la presse américaine, Ambac ne souhaiterait pas appliquer cette dernière mesure. Il reste donc à savoir si l'augmentation de capital et la suspension d'activité suffiront à maintenir le triple A. D'après les agences de notation Moody's et Standard&Poor's, le rehausseur a des chances de ne pas se voir rétrograder. Mais pour Fitch, qui a déjà ramené sa note à AA, les mesures prises par Ambac ne le poussent pas à relever sa note. L'agence maintient donc le groupe "sous surveillance, avec perspectives négatives". M.S