EXCLUSIF AOF/ P.Durand, DG adjoint Fin. et Administration de THALES (2)

07/03/2008 - 17:21 - Option Finance

(AOF) - Suite à la publication de l'interview, Patrice Durand a souhaité préciser la réponse apportée à la deuxième question. Thales a publié ce matin un résultat net part du groupe 2007 d'un milliard d'euros, contre 388 millions d'euros en 2006 (+160%), "combinant l'amélioration des résultats opérationnels et un résultat de cession de 432 millions d'euros". Le chiffre d'affaires s'est élevé à 12,856 milliards d'euros et la croissance organique à 6,4%. Patrice Durand, directeur général adjoint Finances et Administration de l'électronicien de défense revient sur ces résultats et évoque les priorités de l'exercice en cours.

AGENCE OPTION FINANCE: Un commentaire sur les résultats annuels que vous venez de publier ?

Patrice Durand : L'année 2007 a été tout à fait positive et satisfaisante pour Thales. Nous avons notamment tenu nos objectifs en termes de croissance, performance tout à fait appréciable dans le secteur, et aussi en termes de rentabilité, avec un résultat opérationnel courant en hausse de 7,6% et un résultat net autour d'un milliard d'euros. Nous avons également réussi à désendetter le groupe malgré l'ampleur de nos acquisitions.

AOF: Comment voyez-vous évoluer votre programme de cessions d'activités non stratégiques en 2008 ?

Patrice Durand : Nous ne sommes plus en situation d'arbitrage d'actifs. L'ajustement du périmètre est à 99% derrière nous. Thales s'est recentré autour de ses grands métiers, l'Aéronautique, la Défense et la Sécurité. Nous avons un portefeuille équilibré avec des activités diverses, certaines matures, d'autres en devenir. Notre programme de désinvestissement a eu des retombées financières positives. A présent, nous allons nous concentrer sur notre développement commercial, la gestion de nos contrats et les opportunités de croissance externe.

AOF : Quels sont vos axes prioritaires pour l'exercice en cours ?

Patrice Durand : Nous souhaitons terminer l'intégration de nos nouvelles activités. Nous voulons aussi franchir un nouveau pas dans l'amélioration de nos marges, tout en faisant face aux taux de change. Enfin, nous avons un objectif de croissance organique de 6% sur l'année, preuve de notre confiance dans nos capacités.

AOF: Comment avez-vous prévu de faire face à la faiblesse du dollar en 2008 ?

Patrice Durand : Il s'agit d'un travail assez spectaculaire que nous avons entamé il y a déjà plusieurs années. Nous avons mené des actions sur nos portefeuille de produits et sur nos achats. Nous avons aussi fait en sorte d'avoir une présence multidomestique, ce qui réduit les risques. Nous devrons continuer ce travail cette année, dans un contexte plus favorable car nous bénéficions d'une croissance sous-jacente et d'un carnet de commandes bien fourni. Toutefois, la brutalité des changements actuels nous donne plus de challenge.

AOF: Comment la direction financière a t-elle accompagné l'évolution du groupe depuis un an?

Patrice Durand : Elle a été impliquée dans les fusions-acquisitions. La priorité a aussi été donnée à la gestion de la dette et du cash, afin de reconstituer le plus de marge possible.

AOF: Que répondez-vous aux spéculations concernant un éventuel rapprochement de Thales avec Alcatel ou Finmeccanica ?

Patrice Durand : Je vois que l'imagination est toujours présente. Ces hypothèses n'engagent que leurs auteurs.

AOF: Comment jugez-vous l'évolution de votre cours de Bourse depuis un an?

Patrice Durand : Notre cours de bourse a plutôt mieux résisté que le secteur. Nous avons réitéré notre guidance 2008, ce qui prouve notre confiance, c'est à présent au marché d'apprécier. Nous croyons à la capacité de Thales de continuer à croître.

Propos recueillis par Marie-Laure Hardy.

(AOF)

EN SAVOIR PLUS

ACTIVITE DE LA SOCIETE

Ex-Thomson-CSF, Thales est un acteur majeur de la Défense, de l'Aéronautique et de la Sécurité en Europe et dans le reste du monde. Il se positionne au second rang des entreprises de défense en Europe avec un chiffre d'affaires approchant les 14 milliards d'euros. Ses activités se répartissent entre les Systèmes Terre et Interarmées, l'Aéronautique, le Naval, les Systèmes aériens, la Sécurité, et les Services. Présent dans une cinquantaine de pays, Thales emploie 68 000 salariés. En 2007, le groupe s'est rapproché des ex-arsenaux de la Marine, DCN, qui a acquis la totalité de ses activités navales en France. Simultanément, Thales est entré au capital de DCN à hauteur de 25%, aux côtés de l'Etat qui en conserve 75%. D'autre part, Thalès a cédé en 2006 une partie de ses activités dans les systèmes et équipements de navigations et a acquis les activités d'Alcatel dans le domaine des satellites et des systèmes critiques pour la sécurité. En échange, Alcatel a accru sa participation au capital de Thales de 9,5% à 21%.

FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR

Les points forts de la valeur

- Avec un carnet de commandes à long terme bien rempli, la société dispose d'une bonne visibilité. - Thales peut se prévaloir de la maîtrise des grands systèmes, de son portefeuille de technologies unique en Europe, et de son implantation multidomestique. - Depuis le rachat du britannique Racal en 2000, le groupe est un acteur de la défense avec lequel il faut compter outre-Manche. Il se pose en véritable concurrent du champion national BAE Systems. - Les deux partenariats noués avec Alcatel et DCN sont prometteurs pour l'avenir du groupe. - A l'échelle mondiale, les budgets de Défense des pays n'appartenant pas à l'OTAN sont en forte croissance. L'électronique de Défense connaît un essor très rapide dans le monde entier, lié notamment à la crainte des attentats. - Thales a retrouvé sa flexibilité financière grâce à la poursuite de son programme de cessions d'activités non stratégiques. Le groupe d'électronique a notamment cédé ses activités de transactions électroniques sécurisées au groupe américain Hypercom pour 120 millions de dollars.

Les points faibles de la valeur

- La communauté financière spécule régulièrement sur de nouveaux mouvements de concentration dans le secteur aéronautique. EADS, désireux de renforcer son pôle défense, fait parfois figure de prédateur même si ses difficultés actuelles semblent limiter la probabilité d'un tel scénario. On parle également d'un rapprochement avec Alcatel et/ou Finmeccanica. La recomposition probable du capital fait craindre un afflux de titres sur le marché et provoque un manque de visibilité sur la stratégie du groupe. - Thales ne réalise qu'une portion limitée de son chiffre d'affaires défense aux Etats-Unis, qui demeurent de très loin le premier marché du secteur. - Thales peut souffrir de la faiblesse du dollar qui laisse l'avantage aux entreprises de Défense américaines.

COMMENT SUIVRE LA VALEUR

- Valeur de défense, Thales est sensible à l'évolution des dépenses des gouvernements en matière militaire. - En raison de ses activités aéronautiques, la société est également soumise aux cycles de ce secteur. -La spéculation quant à un rapprochement avec Safran devrait disparaître, les dirigeants des deux groupes ayant rejeté cette option.