La finance mondiale s'enfonce dans la crise

13/03/2008 - 16:09 - Option Finance

(AOF) - Plus qu'une nouvelle vague de la tempête "subprime", c'est une lame de fond qui s'abat en ce moment sur les marchés financiers. L'accalmie provoquée par l'annonce d'une action concertée entre les Banques centrales n'aura été que de courte durée. La nouvelle dépression a pour nom Carlyle Capital Corporation (CCC), un fonds affilié au fonds de capital investissement américain Carlyle et coté à la Bourse d'Amsterdam. Confronté à des appels de marge de plus de 400 millions de dollars qu'il ne peut honorer, le fonds va être liquidé, faute d'accord de refinancement avec ses créanciers. "Le groupe n'a pas été en mesure de trouver un accord (avec ses créanciers, ndlr) qui soit dans l'intérêt mutuel pour stabiliser sa situation financière", a annoncé CCC ce matin. Il s'attend donc désormais à ce que ses créanciers "prennent rapidement possession de la quasi-totalité des actifs restants du groupe". Ces sept derniers jours ouvrables, CCC dit avoir reçu des appels de marge de plus de 400 millions d'euros. Des appels que le groupe n'a pu honorer, ce qui porte à 16,6 milliards de dollars le montant des dettes sur lequel il fait défaut. Beaucoup de spécialistes n'avaient pas prévu la forte baisse des indices de crédit en ce début d'année 2008. L'indice ABX AA, qui mesure la performance des titres adossés à des actifs immobiliers notés AA, a chuté de 33,6% entre janvier et février. A la fin du mois dernier, le fonds Peloton Partners a dû faire face à la dépréciation des actions adossées à des actifs de qualité, ce qui l'a contraint à liquider un de ses fonds ABS de 2 milliards de dollars, soit la pire perte jamais enregistrée par un hedge-funds européen pour le moment. La crise du crédit a durci les conditions de prêt aux hedge-funds, ce qui limite les possibilités de financement d'un effet de levier. En conséquence, les marchés anticipent une vague de liquidation de ces structures, noyées par leurs dettes. Le spectre d'une crise financière majeure et durable gagne les marchés et force les régulateurs à réagir. Même la très orthodoxe Banque centrale européenne (BCE) envisage de réagir. Avec ses homologues suisse, britannique et américaine, elle va lancer une action concertée afin de réduire la pression sur le marché monétaire. La BCE a annoncé des injections de liquidité en dollars et entend continuer aussi longtemps qu'elle le jugera nécessaire. Conséquence de cette arrivée massive de billets verts et des craintes de récession de la première économie mondiale, la monnaie américaine, déjà peu vaillante depuis quelques temps, n'en finit plus de plonger. Ce matin, l'euro a battu un nouveau record, dépassant la barre de 1,56 dollar à 1,5625 dollar, avant de redescendre aux alentours de 1,5590 dollar. Cette dépréciation de la monnaie américaine a un effet pervers: elle provoque la flambée des cours du pétrole, libellés en dollar. Dans la journée, le baril de brut a atteint 110,70 dollars, tandis qu'à Londres, le Brent a établi un nouveau plus haut historique à 106,80 dollars. Valeur refuge de référence, l'or a atteint de son côté le niveau record de 1000 dollars l'once à New York.