Les valeurs du jour à Wall Street - BEAR STEARNS bradée à JP MORGAN

17/03/2008 - 15:42 - Option Finance

(AOF) - Les places boursières en état de choc. Il y a quelques heures, les marchés ont appris avec stupeur la vente de Bear Stearns (-84,93% à 4,52 dollars) à JP Morgan (+8,46% à 39,63 dollars), pour 236 millions de dollars, soit 2 dollars par action. L'annonce d'un prix de rachat ne représentant que 7% du dernier cours de clôture de la banque d'investissement souligne les risques encourus par les banques depuis la crise du "subprime" et fait plonger les valeurs financières sur les marchés du monde entier. Dans l'urgence, la Fed a réagi en baissant de 25 points de base son taux d'escompte à 3,25%, à deux jours de son comité de politique monétaire. Selon les termes de l'offre, qui a déjà reçu le soutien du Trésor américain et de la Réserve fédérale, JP Morgan échangera 0,005473 action contre une action Bear Stearns. Dans l'immédiat, le repreneur s'est engagé à garantir les obligations commerciales de Bear Stearns et de ses filiales. Selon JP Morgan, l'opération devrait être finalisée "d'ici à la fin du deuxième trimestre 2008" et augmenter, "à terme", le bénéfice après impôts du groupe d'un milliard de dollars. L'époque où le titre Bear Stearns flirtait avec les 150 dollars, il y a environ un an, est révolue. Vendredi, la banque de New York avait terminé la séance sur une perte de 46% de sa valeur, son cours atteignant à peine les 30 dollars. Ce week-end, le "Wall Street Journal" envisageait une offre de rachat autour de 20 dollars par action ou 2,2 milliards de dollars, dix fois plus que l'accord conclu avec JP Morgan. En grave manque de liquidité, Bear Stearns avait bénéficié d'un refinancement en catastrophe de la part de la Fed et de JP Morgan, ce qui avait affolé les marchés. En fin de matinée, l'indice bancaire européen perdait 5,8% à 312, après avoir touché 311,81. En Suisse, UBS cède 9,21% dans l'après-midi, les investisseurs craignant plusieurs milliards de dollars de dépréciations. A Londres, HBOS et Alliance & Leicester reculent respectivement de 6,49% et 8,39%. Côté banques d'investissement, RBS se replie de 5,69%, Barclays de 6,76% et Deutsche Bank de 5,47%. En France, Société Générale (-9,05%) enregistre une des plus fortes baisses du SRD, Dexia recule de 4,78%, BNP Paribas de 4,69%, Crédit Agricole de 3,45% et Natixis de 7,54%. Pourtant, la Fed a vivement réagi au rachat de Bear Stearns par JP Morgan en annonçant deux mesures pour éviter que la panique ne gagne les marchés. Après avoir immédiatement abaissé son taux d'escompte, elle a annoncé la création d'une facilité de crédit pour améliorer la capacité des grandes institutions financières à fournir des financements aux acteurs engagés dans les marchés de titres adossés à de la dette. Demain, lors de son comité de politique monétaire, les économistes s'attendent à une baisse d'au moins 50 points de base de son principal taux directeur. Mais cette réaction rapide et musclée ne semble pas porter ses fruits. Selon Dirk Hoffman-Beking, un expert de Stanford Bernstein interrogé par Reuters, il faut s'attendre "à des ventes massives, déconnectées des perspectives à long-terme". Le spécialiste estime qu'"étant donné qu'un acteur majeur de cette industrie, même s'il s'agit du plus petit (.), n'est pas passé loin de la faillite, nous recommandons aux investisseurs de se montrer très prudents sur le marché bancaire européen". Présenté par Alan Schwartz, le président de Bear Stearns, comme "la meilleure issue possible dans les circonstances actuelles", ce rachat sème surtout le doute sur la valorisation boursière des entreprises bancaires. M.S