EXCLUSIF AOF : Philippe Geyres, DG délégué d'OBERTHUR TECHNOLOGIES

20/03/2008 - 09:41 - Option Finance

(AOF) - Mercredi, Oberthur Technologies a publié un résultat net 2007 de 32,5 millions d'euros, en hausse de 116%, et un résultat opérationnel de 52,2 millions d'euros, en augmentation de 72,2%. Philippe Geyres, directeur général délégué du groupe a commenté ces résultats et évoqué les projets d'Oberthur Technologies pour "AOF".

L'AGENCE OPTION FINANCE: Quels sont vos commentaires sur ces résultats 2007 ?

Philippe Geyres

 : 2007 a été une bonne année tant sur le plan des ventes que des profits pour l'ensemble de nos activités. La division carte à puce a connu de meilleures conditions de marché qu'en 2006, en particulier dans la téléphonie mobile. Nous avons ainsi constaté un retour à la normale des prix pour les cartes SIM. Les cartes de paiement ont bénéficié de la reprise des marchés français et britannique, de la migration vers la norme EMV dans des pays comme l'Italie et du déploiement de la technologie sans contact aux Etats-Unis. Oberthur Technologies a également récolté les gains des restructurations industrielles engagées l'année dernière. Concernant la branche fiduciaire, les investissements de capacités réalisés en 2006 nous ont permis d'accroître nos ventes et nos résultats.

AOF: Quelle est votre exposition au dollar et à l'économie américaine qui est en plein ralentissement ?

Philippe Geyres

 : L'évolution du billet vert a un impact globalement neutre sur nos résultats. Nous vendons nos produits à la fois en euros et en dollars mais une part importante de nos coûts de production est libellée dans la monnaie américaine. Concernant l'impact sur le chiffre d'affaires, malgré la baisse du dollar, nous avons enregistré en 2007 une forte hausse de notre activité à +14% (+16% à dollar constant). Oberthur Technologies n'a pas constaté de signes objectifs d'un ralentissement dans notre activité de téléphonie, dont la croissance provient essentiellement des pays émergents. Même si la visibilité est par nature faible pour les cartes SIM, les bonnes conditions de 2007 perdurent sur le premier trimestre 2008. Au sujet du secteur bancaire, nous constatons des évolutions contradictoires aux Etats-Unis. Certaines banques réduisent leurs coûts et restreignent leurs programmes de cartes. Au contraire, d'autres les renforcent, estimant que les cartes sans contact constituent un argument marketing pour dynamiser leur activité. Au final, ce secteur évolue en ligne avec nos attentes.

AOF: Quelles synergies le rapprochement entre Oberthur Card Systems et les branches Fiduciaire et Cash Protection de sa maison-mère va-t-il générer ?

Philippe Geyres

 : Dans le segment identité, nous regroupons notre savoir faire dans l'électronique et l'imprimerie, mais les synergies sont principalement commerciales. Notre réseau de vente va ainsi couvrir 80 pays. Par exemple, nous avons déjà par ce biais décroché le contrat pour le passeport électronique taiwanais. Notre division cash protection va bénéficier, elle, des contacts de Card Systems dans environ 6000 institutions financières.

AOF: Comptez-vous réaliser de nouvelles opérations de croissance externe après le rachat d'XponCard ?

Philippe Geyres

 : Nous ne visons pas des zones géographiques ou des segments de produits particuliers, nous avons surtout besoin de grossir avec d'éventuelles acquisitions complémentaires et créatrices de valeur pour l'actionnaire. Actuellement, le numéro un mondial Gemalto est deux fois et demi plus gros que nous. Après l'acquisition de la société suédoise XponCard, ce ratio tombera à un peu moins de deux. Oberthur Technologies disposera alors du poids pour lutter à armes presque égales avec son principal concurrent.

Propos recueillis par Christophe Jégu.

(AOF)

EN SAVOIR PLUS

ACTIVITE DE LA SOCIETE

Oberthur Technologies, anciennement Oberthur Card Systems, est l'un des leaders mondiaux de la carte à puce. La société est le premier fournisseur mondial de cartes de paiement à puce. Oberthur Technologies est né de l'apport à Oberthur Card Systems des branches d'activités Impression fiduciaire et Protection de valeurs de François-Charles Oberthur Fiduciaire (FCOF) et de la participation de Jean-Pierre Savare, PDG de FCOF, dans Oberthur Cash Protection.

FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR

Les points forts de la valeur

- Oberthur bénéficie d'une exposition élevée aux cartes à puce bancaires, activité où les marges sont plus stables que dans la téléphonie mobile. - Dans les cartes à puce bancaires, le groupe profite de la montée en puissance des normes EMV. - La création d'Oberthur Technologies ouvre la voie à un rapprochement avec un autre acteur du secteur. Or le groupe évolue dans une industrie où la taille est un élément déterminant de la rentabilité.

Les points faibles de la valeur

- La création d'Oberthur Technologies n'a pour seul objectif que de permettre à la famille Savare de garder le contrôle de la société si une fusion avec un autre acteur du secteur des cartes à puce avait lieu. - Le groupe a accru son exposition au segment plus volatil des cartes pour la téléphonie mobile. - L'environnement très concurrentiel impose une forte pression sur les prix, notamment pour les cartes SIM. - Le flottant du titre est restreint.

COMMENT SUIVRE LA VALEUR

- L'évolution du marché des télécommunications est à suivre de près. Concernant le secteur, les perspectives sont plutôt encourageantes dans la téléphonie mobile, avec l'arrivée des téléphones nouvelle génération, et le dynamisme des pays émergents (Chine, Inde). - A l'image de ses pairs, Oberthur est sensible à l'évolution des coûts des composants. - Dans les services financiers, le segment des cartes bancaires est soutenu par l'adoption des cartes à puce EMV en Europe, en Asie et en Amérique latine. - Enfin, le segment de la sécurité est un des axes de développement privilégiés du secteur, avec les risques liés au terrorisme, qui nécessitent un renforcement des contrôles d'accès et des systèmes d'authentification. - Le secteur de la carte à puce est spéculatif depuis longtemps et diverses possibilités de regroupement sont envisagées. Oberthur pourrait bien un jour participer à la consolidation du secteur.