France / Eco : Bercy va revoir en baisse ses prévisions de croissance

20/03/2008 - 13:57 - Boursier.com

Sans surprise, Christine Lagarde a annoncé ce matin que les prévisions de croissance française pour 2008 seront revues en "légère baisse" en avril...

Sans surprise, Christine Lagarde a annoncé ce matin que les prévisions de croissance française pour 2008 seront revues en "légère baisse" en avril prochain, alors que les deux principales économies européennes, l'Allemagne et la Grande-Bretagne, ont déjà corrigé leurs anticipations. La croissance française pourrait ainsi être attendue proche de ses niveaux de 2007 (1,9%), même si plusieurs économistes pensent qu'elle sera encore inférieure... En France, le gouvernement peine encore à appeler un chat un chat en matière de projections économiques. En 2007, Bercy s'était accroché contre vents et marées à sa prévision de croissance de 2 à 2,5%. Il y avait bien eu quelques assouplissements sémantiques en fin d'année, à mesure que l'évidence d'un ralentissement économique généralisé s'imposait : des membres du gouvernement évoquèrent coup sur coup "le milieu", puis "le bas" de la fourchette initiale, avant de s'en tenir à l'expression "proche de 2%". Résultat, le produit intérieur brut (PIB) de l'économie française a progressé de 1,9% l'année dernière, en dessous des projections initiales. Rien de bien catastrophique en soi, mais cet optimisme excessif avait tendance à se poursuivre sur l'année 2008, puisque le Ministère de l'Economie avait réaffirmé sa confiance dans une croissance du même ordre cette année, soit 2 à 2,5%. Avec l'une des crises financières les plus graves des dernières années, la plus grave depuis 1945 même selon l'ancien gouverneur de la banque centrale américaine Alan Greenspan, le ralentissement économique américain et la flambée des matières premières, la confirmation d'objectifs de croissance élevés pour 2008 avait tout de la méthode Coué. Ce matin, pourtant, Christine Lagarde a ouvert une première brèche dans les prévisions de croissance officielles. Celles-ci seraient révisées en "légère baisse", a-t-elle concédé au micro d'Europe 1. La Ministre de l'Economie a expliqué "On fait tourner nos modèles et à la mi-avril on republiera des prévisionnels de croissance", qui seront selon toute vraisemblance inférieurs au niveau de 2%, le bas de la fourchette antérieure, tandis que le budget 2008 a été échafaudé sur le milieu de la fourchette initiale, soit 2,25%. "Je pense que la baisse sera nettement inférieure en tout cas à ce qui a été indiqué par mes homologues allemand et anglais parce qu'on tient mieux", a poursuivi la Ministre, en faisant référence à l'abaissement par l'Allemagne de son objectif de croissance de 2% à 1,7%, tandis que la Grande-Bretagne a réduit la semaine dernière sa fourchette de projections de "2 à 2,5%" à "1,75 à 2,25%". Christine Lagarde a loué la résistance de la France à la crise américaine, évoquant une économie "plutôt plus solide que même nos voisins européens". Oui, mais voilà, une majorité d'économistes ne partage pas ce point de vue, comme ce fut le cas lors de l'année 2007. Certes, Bercy a aussi des arguments à faire valoir pour justifier son optimisme, mais les signaux négatifs se multiplient à l'échelle internationale. Il semble illusoire de penser que la France passera au travers de la crise et résistera à une probable récession américaine. En février dernier, le FMI, après ses traditionnelles consultations bilatérales annuelles, avait révisé en baisse sa projection de croissance pour la France cette année. "La croissance du PIB devrait atteindre 1,5% en 2008, soit une performance nettement inférieure aux attentes initiales", expliquait l'organisation, jugeant que "la montée des prix du pétrole, l'appréciation de l'euro et le ralentissement des perspectives économiques des partenaires commerciaux de la France freineront la croissance". Le FMI précisait que les risques entourant sa prévisions avaient tendance à se neutraliser : "la conjoncture internationale pourrait entraîner des performances moins bonnes que prévu, tandis qu'une plus forte reprise dans les secteurs de l'aéronautique et de l'automobile pourrait entraîner des résultats meilleurs qu'escompté". Cette estimation de 1,5% est cependant parmi les plus basses qui circulent actuellement. Fin février, l'enquête mensuelle réalisée par Bloomberg auprès de 11 analystes laissait entrevoir une croissance de 1,8% (estimation médiane). Un niveau légèrement supérieur à la projection de la Commission Européenne, qui envisage un niveau de 1,7% pour l'hexagone cette année, contre 2,1% lors de sa précédente estimation. Mais une fois encore, la visibilité reste très mauvaise et des ajustements supplémentaires pourraient avoir lieu lorsque les chiffres de l'économie américaine du 1er trimestre 2008 auront été publiés. Christine Lagarde a d'ailleurs rappelé ce matin que le budget 2008 avait été préparé sur la base d'une parité euro / dollar de 1,35, inférieure de plus de 9% à la moyenne qui a cours depuis le début de l'année (environ 1,49), et sur un baril de pétrole à 75$ alors que la moyenne du Brent depuis le début de l'année est de 95,65$. Dans une étude parue ce matin, l'OCDE estime que le PIB français progressera de 0,4% au 1er trimestre 2008 puis de 0,4% également au second trimestre, contre respectivement 0,6% et 0,3% aux mêmes trimestres de 2007.



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