EADS : les soupçons de délits sont confirmés par l'AMF

01/04/2008 - 09:05 - Option Finance

(AOF) - Concernant les soupçons de délits d'initié au sein d'EADS, le Collège de l'Autorité des marchés financiers a indiqué dans un communiqué avoir estimé nécessaire de notifier des griefs, d'une part "pour manquement aux obligations de bonne information du marché" et d'autre part, " pour manquement à l'obligation d'abstention d'intervention sur le marché du titre pesant sur les personnes détenant une information privilégiée". "Les lettres de notification, accompagnées du rapport d'enquête, seront adressées , dans les prochains jours , aux personnes concernées. Elles seront également adressées en copie au président de la Commission des sanctions et ouvriront la phase contradictoire de la procédure prévue par les textes pour organiser la sanction des possibles manquements aux textes dont l'AMF a reçu mission par la loi d'assurer le respect", a précisé l'AMF. Par ailleurs, l'ensemble du dossier sera transmis sans délai au Parquet de Paris. "Il va de soi que les personnes concernées bénéficient pleinement de la présomption d'innocence", a conclu l'AMF. (AOF)

EN SAVOIR PLUS

MOTS CLES DE L'ARTICLE

AMF (Autorité des marchés financiers)

L'autorité des marchés financiers est née du rapprochement de la COB, du CMF et du CDGF (conseil de discipline de la gestion financière). Créée par la loi de sécurité financière du 1er août 2003, cette nouvelle structure a pour objectif de renforcer l'efficacité et la visibilité de la régulation des marchés. L'AMF a quatre missions principales, réglementer, autoriser, surveiller et sanctionner. Ses compétences s'étendent aux opérations et informations financières, aux produits d'épargne collective, aux marchés, aux professionnels, sur lesquels elle peut exercer des contrôles ou lancer des enquêtes.

Délit d'initié

Le délit d'initié est défini, dans une ordonnance de 1967, comme "le fait, pour les dirigeants d'une société et pour les personnes disposant, à l'occasion de leurs fonctions, d'informations privilégiées sur les perspectives ou la situation (de la société), de réaliser ou de permettre sciemment de réaliser, soit directement ou par tiers interposé, une ou plusieurs opérations avant que le public ait connaissance de ces informations". En effet, le détenteur d'une information confidentielle a une obligation d'abstention jusqu'à ce que l'information soit rendue publique, l'investissement boursier obéissant à une règle d'équité entre les investisseurs.

ACTIVITE DE LA SOCIETE

Né en juillet 2000 de la fusion entre l'Allemand Dasa (DaimlerChrysler Aerospace), l'Espagnol Casa et le Français Aérospatiale, EADS est aujourd'hui le premier groupe aéronautique européen et le second à l'échelle mondiale. Ses activités se répartissent entre l'aviation commerciale et militaire, l'espace, les systèmes de défense et les services. EADS compte cinq divisions : Airbus (le grand concurrent de Boeing sur le marché des avions commerciaux de plus de 100 places), Avions de Transport Militaire, Eurocopter, EADS Astrium et enfin Defense & Sécurité. En réaction aux difficultés d'Airbus autour de l'A380 et de l'A350, EADS a lancé un plan de restructuration baptisé "Power 8". EADS emploie environ 116 000 personnes sur plus de 70 sites, principalement en France, en Allemagne, au Royaume-Uni et en Espagne, ainsi qu'aux Etats-Unis et en Australie.

FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR

Les points forts de la valeur

- Malgré ses déboires autour de l'A380 et de l'A350, Airbus reste un leader de l'aéronautique commerciale, à même de concurrencer le géant américain Boeing. - La mise en oeuvre de "Power 8" et le lancement de l'A350, dont le carnet de commandes grossit, place Airbus dans une situation offensive. En outre, l'avionneur européen est moins exposé que Boeing aux compagnies aériennes américaines, confrontées à d'importantes difficultés financières. - 2007 a été une année de commandes record pour Airbus, avec 1 341 commandes nettes. Le groupe reste cependant légèrement derrière Boeing.

Les points faibles de la valeur

- Le groupe EADS est sensible au dollar, dans la mesure où il facture l'essentiel de ses ventes dans la devise américaine. Néanmoins, ce risque est limité par la politique de couverture du risque de change mise en place par la direction. - C'est seulement dans quelques années que l'on saura si EADS a eu raison dans son pari sur le marché des gros porteurs matérialisé par le lancement de l'A380. -Les activités de défense manquent de taille critique tant pour atténuer la cyclicité de l'aviation civile que pour rivaliser avec les grands groupes américains. EADS affiche toutefois sa volonté de poursuivre le rééquilibrage de ses activités, en développant encore son pôle défense. - Les surcoûts liés au développement problématique de l'avion de transport militaire A400M, la montée en cadence de production de l'A380 et d'éventuels nouveaux retards risquent d'affecter le titre sur le long terme.

COMMENT SUIVRE LA VALEUR

- EADS est extrêmement sensible à l'évolution du secteur aéronautique civil et donc à la santé des compagnies aériennes qui lui achètent des avions. Or, la bonne santé du secteur du transport aérien dépend de la situation économique et géopolitique mondiale, qui influe sur le tourisme et les voyages d'affaires, mais également d'autres facteurs, comme le prix du pétrole. Les prévisions de livraisons d'avions sont de bons indicateurs de tendance. - Plus spécifiquement, le titre pourrait présenter un attrait spéculatif, en vue d'une possible consolidation du secteur spatial et de la défense. Une alliance à trois avec Thales et Alcatel a souvent été évoquée par les marchés. - Le dossier lié aux accusations de délit d'initiés est à suivre.