Air France KLM : en embuscade, derrière Delta et Northwest

15/04/2008 - 13:23 - Boursier.com

Après plusieurs mois d'incertitudes, les compagnies aériennes américaines Delta Airlines et Northwest Airlines ont décidé de s'unir alors que le...

Après plusieurs mois d'incertitudes, les compagnies aériennes américaines Delta Airlines et Northwest Airlines ont décidé de s'unir alors que le secteur est en proie au doute, entre ralentissement économique et flambée du prix du kérosène. Un mariage de raison qui en préfigure d'autres dans le ciel américain, et qui pourrait indirectement profiter à Air France KLM, partenaire des deux transporteurs au sein de l'alliance Skyteam... Quand la troisième et la cinquième compagnie aérienne américaine fusionnent, cela donne naissance à un colosse réalisant 35 Milliards de Dollars de chiffre d'affaire avec 75.000 employés et une flotte de près de 800 appareils, qui devient le nouveau numéro un mondial du secteur en terme de passagers transportés. C'est la décision prise hier par Delta et Northwest, dans le cadre d'un accord de 17,7 Mds$ qui verra l'absorption de Northwest, le plus petit des deux transporteurs, par Delta, pour un coût de 3,63 Mds$. L'opération sera réalisée intégralement par échange d'actions, les finances étriquées de la compagnie basée à Atlanta, sortie de faillite il y a tout juste un an, ne permettant pas de conclure autrement l'opération. "Dans un secteur où les transporteurs américains ont perdu plus de 150.000 emplois et 29 milliards de dollars depuis2001, la combinaison de Delta et Northwest crée une compagnie plus solide, plus à même de compenser les envolées du kérosène", expliquent les promoteurs du projet, qui pensent être en mesure d'économiser jusqu'à 1 milliard de dollars par an grâce à leur mariage. Richard Anderson, le président de Delta, prendra les commandes de la nouvelle entité qui conservera le seul nom de Delta mais a affirmé qu'elle maintiendra les "hubs" des deux compagnies, à l'image de ce qu'avaient fait Air France et KLM avec leurs bastions de Roissy et Schiphol lors de leur rapprochement. Le directeur financier de la compagnie basée en dans l'Etat de Géorgie a ajouté "Delta et Northwest sont une excellente opération stratégique, avec une complémentarité mais aussi des systèmes de liaisons séparés. Ensemble, nous aurons une plateforme plus solide pour notre croissance internationale. En combinant à la fois nos forces internationales et domestiques, avec nos partenaires de l'Alliance Skyteam, nous sommes biens positionnés pour dominer le secteur et créer de la valeur pour nos actionnaires". Car les actionnaires restent le nerf de la guerre et rien ne se fera sans leur aval. Cependant, compte tenu de l'état du ciel américain dans un contexte économique tendu et des prix du pétrole qui flambent (quatre compagnies régionales ont déjà fait faillite outre-Atlantique ces dernières semaines) les assemblées générales devraient valider la transaction. Il faudra ensuite obtenir l'aval des autorités antitrust américaines, ce qui pourrait s'avérer ardu en l'état puisque les deux compagnies et leurs réseaux détiennent peu ou prou le quart du trafic intérieur des Etats-Unis, selon un analyste de Calyon New York. Reste l'écueil des salariés, dans un secteur traumatisé par les réductions d'effectifs après l'éclatement de la bulle internet et les attentats du 11 septembre 2001. Delta a d'ores et déjà signé un accord avec ses pilotes, en leur concédant un siège au conseil d'administration au regard de leur participation de 3,5% dans le capital de la future compagnie. Mais ça coince déjà avec ceux de Northwest, qui ont communiqué dès l'annonce du projet de fusion sur leur "ferme opposition" au rapprochement, jugeant que les pilotes issus de Delta seront largement avantagés par rapport à eux. Cette opération devrait en appeler d'autres outre-Atlantique. Continental, la quatrième compagnie américaine, avait jusque-là fermement tenu à rester indépendante, à moins que les conditions de marché ne justifient un adossement. Avec la facture kérosène qui enfle, l'économie qui ralentit et l'émergence d'un nouveau géant sur son marché domestique, la donne a sans doute changé. Deux sources citées par l'Agence Reuters ont d'ailleurs confirmé que le scénario d'un rapprochement entre Continental et United Airlines (le numéro deux américain) revient au goût du jour. Le travail préparatoire aurait d'ores et déjà été réalisé et un accord de fusion pourrait être prêt "assez rapidement", a précisé l'une des sources. Air France KLM, dont les chances de mettre la main sur Alitalia se sont encore réduites avec le retour aux affaires de Silvio Berlusconi ce week-end en Italie, pourrait trouver dans l'opération Delta / Northwest un motif de consolation. Les deux compagnies sont en effet les pivots, avec la franco-néerlandaise, de l'Alliance Skyteam. Elles ont dernièrement scellé un pacte destiné à concurrencer British Airways sur son terrain de jeu favori, les liaisons transatlantiques. "Cette opération est bien évidemment une excellente nouvelle pour Air France KLM puisque cela permettra de simplifier la structure des entreprises communes et ainsi de dégager de nouvelles synergies. Par ailleurs, la fusion Delta-Northwest apporte une présence renforcée sur le réseau nord atlantique et sur l'Asie, spécialité de Northwest", explique Yan Derocles, du cabinet Oddo Securities. Air France KLM avait confirmé en mars dernier avoir été contactée par les deux compagnies qui discutaient rapprochement, en vue d'une éventuelle prise de participation au capital. "Nous pensons qu'il s'agirait d'un investissement raisonnable compte tenu de nos gros intérêts économiques sur les liaisons transatlantiques", avait précise le directeur général délégué Pierre-Henri Gourgeon à ce propos il y a quelques semaines. Il n'est cependant pas fait mention d'une telle transaction dans le projet de Delta et Northwest.



(c) Boursier.com - Les informations rédigées par la rédaction de Boursier.com sont réalisés à partir des meilleures sources, même si la société Boursier.com ne peut en garantir l'exhaustivité ni la fiabilité. Ces contenus n'ont aucune valeur contractuelle et ne constituent en aucun cas une offre de vente ou une sollicitation d'achat de valeurs mobilières ou d'instruments financiers. La responsabilité de la société Boursier.com et/ou de ses dirigeants et salariés ne saurait être engagée en cas d'erreur, d'omission ou d'investissement inopportun.