EVENEMENT/ Le FRR défend sa stratégie

24/04/2008 - 15:27 - Option Finance

A l'occasion de son cinquième anniversaire, le Fonds de réserve pour les retraites (FRR) a cherché à démontrer que sa performance était en ligne avec ses objectifs de progression sur le long terme. Il réaffirme ainsi la pertinence de son allocation d'actifs qui donne une place importante aux actions (60%).

"La crise nous a permis de prouver que le Fonds de réserve pour les retraites (FRR) est robuste et économe", affirme Raoul Briet, président du conseil de surveillance du FRR, au moment où certains s'interrogent sur l'avenir de ce fonds, qui vient de fêter son cinquième anniversaire. Il faut dire que les préoccupations sont légitimes, puisque le FRR a pour mission de couvrir, grâce à la gestion optimale des ressources qui lui sont confiées, une part "significative" des besoins de financement des régimes de base des salariés du secteur privé, des artisans et des commerçants, à partir de 2020. Or, depuis le début de l'année, la performance de son portefeuille (arrêtée au 21 mars 2008) est tombée à - 9,6 %. "Nous sommes un investisseur de long terme, par conséquent notre performance doit être observée sur plusieurs années et pas seulement sur quelques mois", insiste Raoul Briet. Si le FRR a été affecté par les turbulences de marché depuis l'été dernier (voir graphique), il affiche néanmoins une performance de + 4,8 % sur 2007, comparable à celle enregistrée par ses homologues au niveau international : + 4,1 % pour le fonds irlandais NPRF, + 4,2 % pour le fonds suédois APF2, + 4,3 % pour le fonds norvégien GPFG. Sa performance est d'ailleurs supérieure à la moyenne de + 3,5 % établie pour les fonds de pension européens, selon le cabinet IPE. "Plus important encore, le FRR affiche depuis le début de ses investissements, en juin 2004, une performance nette annualisée de 8,8 %, qui est également comparable à la plupart de ses homologues étrangers", souligne Antoine de Salins, membre du directoire. Ainsi, le FRR est en ligne avec son objectif de performance de 6,3 % en moyenne annuelle sur le long terme. En entrant sur les marchés actions à un point bas, il a pu pleinement profiter de leur forte progression entre 2004 et 2006, ce qui lui permet de compenser leur baisse actuelle. Il est important que la performance moyenne annualisée du portefeuille ne descende pas au-dessous de 4,4 %, le seuil minimal de rentabilité sur le long terme pour pouvoir assumer le fonctionnement du FRR. Or, malgré les turbulences enregistrées par les marchés, la probabilité que l'allocation stratégique permette de générer un rendement moyen supérieur à 4,4 % sur une longue période, qui était de l'ordre de 80 % en 2006, reste élevée (74 %). "Nous enregistrons sur le long terme une performance supérieure à un portefeuille qui serait investi à hauteur de 100 % en produits de taux, tout en affichant une volatilité inférieure à celle d'un portefeuille investi à hauteur de 100 % en actions", ajoute Antoine de Salins pour défendre l'allocation stratégique du FRR. En cette période de baisse des marchés, la part importante de ses investissements en actions (60 % du portefeuille) est en effet critiquée par certains. Le Fonds tient à rappeler que cette dernière n'a rien d'exceptionnelle. Les actions représentent en effet 63,5 % du portefeuille du fonds canadien OIRPC, ou encore 66 % dans celui du fonds irlandais NPRF. Un portefeuille ajusté en fonction des conditions de marché Certes, cette poche oblige le FRR à faire évoluer son portefeuille de manière tactique pour accompagner les évolutions de marché. Au cours de l'année 2007, il est resté légèrement surexposé aux actions (plus de 60 %) jusqu'au mois de mai. Il a neutralisé cette position avant la crise, puis, à partir de fin septembre, il s'est de nouveau surexposé, considérant que les actions avaient retrouvé un niveau de valorisation attractif sur un horizon de six mois. A fin décembre 2007, les actions représentaient 64,5 % de ses investissements. Cette année, le FRR compte réduire ses investissements dans les grandes capitalisations, au profit de gérants spécialisés sur des niches (petites et moyennes capitalisations ou couvrant les pays émergents), susceptibles de produire de meilleures performances que les autres. Il va en partie pouvoir ajuster la structure de son portefeuille par le biais des renouvellements de mandats (attribués en 2003 et 2004) prévus cette année et l'année prochaine. Le FRR vient d'ailleurs de lancer un appel d'offres pour renouveler une partie de ses mandats investis en actions européennes. Dans le même temps, il va poursuivre l'ouverture de son portefeuille aux actifs de diversification (10 % des encours à terme) décidée en mai 2006 pour renforcer la performance de son portefeuille tout en limitant sa volatilité (voir encadré). Outre la robustesse de son allocation d'actifs stratégique, le FRR a démontré qu'il était également économe. Il affiche en effet un coût de fonctionnement particulièrement faible. Alors que, selon le cabinet McKinsey, la référence internationale chez les investisseurs institutionnels se situe autour de 19 à 20 points de base, le Fonds affiche pour 2007 un coût de fonctionnement égal à 0,17 % de ses actifs. "Ce coût est cinq fois moins élevé que chez un gestionnaire d'actifs qui gérerait de petites sommes !", souligne Augustin de Romanet, président du directoire du FRR. Il est vrai cependant que les montants importants investis par le FRR permettent à ce dernier de faire pression sur les frais de gestion en faisant jouer à plein la concurrence entre les sociétés de gestion. Ludivine Garnaud