Accor : sous tutelle ?

05/05/2008 - 14:28 - Boursier.com

Les fonds d'investissement Eurazeo et Colony devraient détenir de concert d'ici la fin de l'année 30% du capital du groupe hôtelier Accor, selon une...

Les fonds d'investissement Eurazeo et Colony devraient détenir de concert d'ici la fin de l'année 30% du capital du groupe hôtelier Accor, selon une annonce commune faite ce matin. Colony avait pris pied au capital il y a trois ans, avec la bénédiction de la direction, afin d'apporter de l'argent frais destiné à alimenter la réorganisation de l'entreprise. Sa part devrait rapidement monter de 9% à 20%. Pour le français Eurazeo, présent également depuis 2005, la montée en puissance est beaucoup plus récente : à la tête de 0,7% du capital en janvier, il va monter jusqu'à 8,5% ce mois-ci et entend porter sa part à 10% "dans les prochains mois, à la fin de l'année au plus tard". Les deux investisseurs, avec 30% du capital, entendent obtenir quatre des dix-sept sièges que compte le conseil d'administration d'Accor, dirigé par Serge Weinberg, Colony disposant déjà de deux représentants. Ils ont affirmé qu'ils voteront en faveur des résolutions proposées par la direction lors de la prochaine assemblée générale et se défendent implicitement de mener un putsch rampant, en expliquant que leur investissement repose sur leur foi dans la stratégie actuelle du groupe. "Nous avons dialogué avec le management et informé les différents membres du conseil" de cette volonté d'investissement, déclarait d'ailleurs ce matin le président du directoire d'Eurazeo Patrick Sayer, dans 'Les Echos'. Le conseil d'administration d'Accor a pris acte de la constitution de ce noyau dur d'actionnaires, via un communiqué qui montre bien qu'il n'est pas complètement à l'aise. Si le conseil "considère que cette initiative confirme le potentiel d'évolution favorable du groupe", il n'en demande pas moins quelques garanties avant de se prononcer plus avant. D'abord, la direction souhaite que le duo confirme son soutien à la stratégie de développement du groupe, fondée sur deux branches, l'Hôtellerie et les Services (la lucrative banque Chèque Services, dont les tickets restaurants). Ensuite, elle entend obtenir de ses deux actionnaires un engagement de stabilité de longue durée et l'absence de prise de contrôle rampante de l'entreprise, et des éclaircissements sur leurs relations et leur volonté de montée au capital. En outre, Accor s'alarme de la position d'Eurazeo, dont la chaîne B&B Hôtels est en concurrence frontale avec certaines de ses marques. "Le conseil d'administration entend oeuvrer pour prévenir une prise de contrôle de Accor qui se dispenserait d'une offre publique visant tous les titres de son capital", termine le groupe dirigé par Gilles Pélisson, qui n'est manifestement pas complètement rassuré sur les intentions de Colony et d'Eurazeo. Les représentants d'Eurazeo ont ce matin, lors d'une conférence, insisté sur leurs intentions "amicales" et sur leur soutien à la stratégie actuelle, qu'ils espèrent voir faire grimper le titre en bourse. Mais la présence de fonds d'investissements à hauteur de 30% du capital est loin d'être neutre pour l'entreprise."Ces annonces laissent entrevoir une pression accrue sur le management d'Accor pour extraire la valorisation du titre, ce qui pourrait induire de nouvelles cessions d'actifs", explique Annick Thévenon, du CM-CIC Securities, dans une note diffusée ce matin. Les dirigeants du groupe hôtelier craignent qu'on ne les pousse à vendre leur branche Services, pour dégager de la valeur pour les actionnaires, comme le souligne l'analyste Matthias Desmarais, d'Exane BNP Paribas, qui explique que la spéculation s'accroît sur cette division, "dans la mesure où les synergies entre les deux branches restent assez limitées". Colony et Eurazeo ont signé un pacte d'actionnaires de cinq ans assorti de deux années de "lock-up" durant lesquelles le dispositif initial demeurera inchangé. "Le concert ne cherche pas à prendre le contrôle de l'entreprise", a-t-il été précisé. Mais plus que le contrôle au sens juridique du terme, c'est la mainmise de fait sur les décisions stratégiques qui inquiète la direction d'Accor.



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