Economie US : la suite du scénario repose sur les épaules des ménages américains

16/05/2008 - 14:49 - Boursier.com

Les convictions de ING IM...

Si le pire est sans doute passé pour les établissements financiers, c'est désormais la résilience de la consommation des ménages américains qui va dicter la suite du scénario économique, estiment les spécialistes d'ING Investment Management dans une note de synthèse publiée ce jour. Ceux-ci auront à naviguer entre affaiblissement continu du marché immobilier et détérioration du marché du travail ; au total l'économie américaine ne pourra faire l'impasse sur une récession, néanmoins, pour ING IM, celle-ci devrait rester légère. La reprise risque cependant d'être lente et faible... Le spectre d'un effondrement du système financier semble s'être éloigné depuis l'intervention déterminée de la Fed aboutissant au sauvetage de Bear Stearns, ce qui s'est traduit en bourse par un regain de confiance pour le secteur même face aux nouvelles dépréciations, à l'image de l'annonce faite par UBS début avril, qui n'a pas empêché l'action de remonter. Même si d'autres annonces de dépréciations ou d'augmentation de capital pourraient encore intervenir, ING IM constate aussi "des signes positifs à l'heure actuelle". "Toutefois, la diminution des mauvaises nouvelles dans le secteur financier ne signifie pas nécessairement que la crise du crédit touche à sa fin", reconnaît ING Investment Management alors que "la source du malaise sur les marchés financiers, à savoir la crise du marché immobilier américain ou plutôt l'effondrement des prix immobiliers aux Etats-Unis, reste d'actualité". Cette chute des prix entraîne diverses conséquences : saisie et vente forcée des maisons, pertes sur les prêts hypothécaires et certains actifs immobiliers. Or aujourd'hui les prix de l'immobilier poursuivent leur baisse. Le nombre de maisons invendues demeure encore trop élevé ; rendant difficile l'établissement d'un équilibre entre l'offre et la demande. Selon l'indice des prix immobiliers Case-Shiller, cité par les économistes d'ING, la valeur d'une maison de 400.000 dollars diminue actuellement... d'environ 1.000 dollars par semaine. A l'heure actuelle, quelque 9 millions d'américains, soit 10% de ceux ayant contracté un emprunt hypothécaire, doivent rembourser plus que la valeur de leur maison. "Personne ne peut dire jusqu'où les prix vont baisser. Dans son scénario de base, la Fed prévoit une diminution de l'ordre de 6% à 10% par rapport aux niveaux actuels", rappelle l'analyste. L'augmentation des prix immobiliers avait largement nourri la consommation (les fonds obtenus grâce aux prêts hypothécaires était immédiatement dépensé) ce qui a donné un véritable coup de fouet à l'économie US (la consommation représentant 70% du PIB) et mondiale. Certes alors que la chute de l'immobilier a débuté en 2006, les dépenses des ménages ont continué à croître (à un rythme atteignant encore +2%au quatrième trimestre 2007 par rapport au quatrième trimestre 2006). Mais "ce taux de croissance ne semble pas tenable. Le pouvoir d'achat est depuis quelque temps rongé par la flambée des prix de l'énergie et de l'alimentation ainsi que par la chute des prix de l'immobilier. Le revenu réel se trouve sous pression : les salaires nominaux ont augmenté de 3,6% (base annuelle) en mars alors que l'inflation a augmenté de 4%". De plus, la confiance des consommateurs a fortement diminué. Selon la dernière enquête de l'université du Michigan, elle est tombée à son niveau le plus bas depuis 1982. D'un point de vue historique, il y a une forte corrélation entre les dépenses et la confiance des consommateurs. "Nous tablons sur un ralentissement de la croissance de la consommation durant le premier semestre de cette année de 0% à 1% et à un léger redressement pour le second semestre". Car à la dégradation du prix des actifs immobiliers, s'ajoute celle du marché du travail, poursuit ING IM."En effet, le ralentissement de l'économie affecte également l'emploi. Le nombre de postes créés en dehors du secteur agricole et le taux de chômage constituent deux des principaux indicateurs macroéconomiques aux Etats-Unis. Au cours du premier trimestre, le nombre de nouveaux emplois n'a cessé de baisser de mois en mois. La moyenne sur trois mois est passée de +98.000 en octobre 2007 à -77.000 en mars 2008. Au cours de la même période, le taux de chômage a grimpé de 4,4% à 5,1%, taux comparable à ceux enregistrés au cours des précédentes périodes de récession". Le bureau d'études identifie cependant des raisons de penser que le recul de l'emploi restera limité. Le bureau d'études cite à cet égard la réaction des autorités américaines (réductions d'impôts, nouveau train de mesures pour venir en aide aux propriétaires, forte baisse des taux de la Fed). Ensuite ING rappelle que la structure de l'économie mondiale est en train de changer. Les économies des marchés émergents demeurent particulièrement vigoureuses et même la zone euro reste relativement épargnée par le ralentissement américain. La demande en provenance de ces marchés reste forte et favorise, en corrélation avec la faiblesse du dollar, les exportations américaines. Enfin, les entreprises se portent bien. A l'exception du secteur financier, les bilans sont sains et aucune restructuration agressive n'est à l'ordre du jour, selon les spécialistes. De plus, les déséquilibres sont nettement moins importants au niveau des stocks: "vu qu'il n'y a pas eu d'excès au niveau de la production au cours de la précédente période de croissance, la probabilité de voir des stocks excessifs dans la période à venir est également plus faible". La baisse des prix de l'immobilier, la flambée des prix de l'alimentation et de l'énergie, le recul de l'emploi et la montée des craintes en matière d'emploi mettent les consommateurs sous pression. Etant donné leur poids dans le PIB, c'est d'eux que dépendra l'évolution des Etats-Unis dans les prochains mois, à savoir : soit une légère récession, soit un scénario nettement plus pessimiste. A l'heure actuelle, ING Investment Management table toujours sur une récession de courte durée et de faible ampleur, notamment pour les raisons citées ci-dessus. En revanche, la reprise sera aussi modeste et lente. L'assainissement de la dette des ménages pourrait peser sur les dépenses des consommateurs pendant plusieurs années : les propriétaires ne peuvent plus profiter du surplus de valeur de leur maison pour consommer et ils vont, donc, devoir épargner davantage. En outre, il faudra du temps pour restaurer la confiance dans le secteur financier. "Nous tablons sur une croissance légèrement négative de l'économie américaine au cours des deux premiers trimestres de cette année. Ensuite, la croissance va rester modérée jusqu'en 2009, pour lentement rejoindre sa moyenne à long terme de 2,5%. Il ne faut pas s'attendre à une croissance durable et supérieure à la moyenne avant 2010", conclut le bureau d'études.



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