CREDIT AGRICOLE: le patron de la BFI explique son départ

20/05/2008 - 10:02 - Option Finance

(AOF) - Dans une interview accordée au "Figaro", Marc Litzler, l'ancien patron de la banque d'investissement et de financement du Crédit Agricole, a expliqué les raisons de son départ. Selon lui, il s'agit d'une décision personnelle, qui n'est pas liée à des tensions entre la banque verte et son actionnaire majoritaire, les caisses régionales du groupe. L'ancien directeur général de Calyon affirme que les dépréciations d'actifs supplémentaires dans son entité et leur impact significatif sur les comptes, constituent deux raisons de sa démission. Mais surtout, Marc Litzler affirme avoir voulu donner, "en prenant [ses] responsabilités, les meilleures chances à l'augmentation de capital que lance Crédit Agricole", qui devrait se monter à 5,9 milliards d'euros. Il a reconnu que le métier produits structurés de crédit, dont il est un spécialiste, était à l'origine des dépréciations et avait "pris un poids proportionnellement trop important" dans le portefeuille des activités de la banque. L'ancien patron de Calyon reste pour l'instant salarié du groupe "pour aider à la transition et pour continuer de présider Newedge", a-t-il précisé. (AOF)

EN SAVOIR PLUS

ACTIVITE DE LA SOCIETE

Le Crédit Agricole est la première banque mutualiste française et, depuis la fusion avec le Crédit Lyonnais, l'une des premières banques mondiales en termes de fonds propres. Ses activités se répartissent entre la banque de proximité en France, la banque de détail à l'étranger, la gestion d'actifs, l'assurance et la banque privée et la banque de grande clientèle. L'organisation du groupe Crédit Agricole repose sur une structure à trois niveaux. Les 2.629 caisses locales sont regroupées en 44 caisses régionales qui, par l'intermédiaire d'une holding de contrôle, sont majoritaires au capital de Crédit Agricole S.A, le véhicule coté du groupe. Le rapprochement du Crédit Agricole et du Crédit Lyonnais opéré en 2003 a conduit à la création d'une banque d'envergure européenne, leader en France. Crédit Agricole S.A. est coté en Bourse depuis décembre 2001. Crédit Agricole S.A. détient 25% du capital des Caisses régionales, 94,8% du Crédit Lyonnais, et l'ensemble des participations du groupe dans ses filiales opérationnelles spécialisées par métier, ou dans des banques à l'étranger.

FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR

Points forts de la valeur

- Via sa filiale Calyon, le groupe a fusionné ses activités de courtage avec Société Générale et constitué le leader de l'exécution et de la compensation sur produits dérivés listés. - Le groupe a relevé ses prévisions de synergies dans le cadre de sa reprise des trois réseaux italiens. La fusion de Cariparma et de FriulAdria ainsi que des agences acquises auprès de Intesa Sanpoalo présentes dans la Botte devrait faire émerger 253 millions d'euros de synergies, à en croire le groupe bancaire français, contre 155 millions prévu auparavant. - Crédit Agricole a simplifié la complexité de son organisation, dont il pâtissait auparavant. Ses métiers sont désormais structurés autour de cinq domaines d'activité : banque de détail, développement international, assurances, gestion d'actifs et de fortune et banque de financement et d'investissement.

Points faibles de la valeur

- La politique d'acquisitions déroute certains investisseurs - Crédit Agricole SA consolide 25 % seulement des résultats de la banque de réseau (Caisses régionales), mais 100 % de la branche de banque de financement et d'investissement. Les résultats sont donc exposés de façon disproportionnée à la volatilité des marchés financiers. - Le Crédit Agricole, plus que ses homologues, de par ses implantations rurales, est concurrencé par la nouvelle Banque Postale.

COMMENT SUIVRE LA VALEUR

Depuis la clôture de l'offre sur le Crédit Lyonnais en mai 2003, les équipes des deux établissement s'efforcent de mener à bien ce rapprochement, dont la mise en oeuvre opérationnelle est à surveiller notamment dans les activités de banque d'investissement. Plus généralement, la banque verte, en tant que valeur financière, est sensible à l'évolution des taux d'intérêts. Le titre est également sensible à l'évolution des Bourses mondiales, qui influe sur les activités de gestion d'actifs et de banque de financement et d'investissement du groupe, mais également sur les investissements en actions qu'il réalise. Par ailleurs, au titre de son activité de banque de détail, Crédit Agricole est sensible à la fois au niveau d'épargne et au niveau de consommation des ménages. Le niveau de ses provisions pour créances douteuses ou risque bancaire est aussi fortement surveillé par les investisseurs. En raison de la crise actuelle du crédit, le titre est plus sensible aux variations des grandes valeurs financières.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Finance - Banques

La crise des crédits à risques américains n'a pas fini d'influencer les résultats des banques européennes. En effet, selon certains analystes, celles-ci pourraient encore avoir à déprécier plusieurs dizaines de milliards d'actifs en 2008. De nouvelles provisions pourraient également fragiliser à nouveau les banques américaines. Sur le dernier trimestre 2007, le taux de défaut des consommateurs a bondi de 35,2% - la plus forte hausse en vingt-quatre ans - pour atteindre 1,4% de l'encours total des crédits. Dans cet environnement à risque, les banques centrales sont intervenues pour la troisième fois : la Réserve fédérale américaine (Fed), la Banque Centrale Européenne, la Banque Nationale Suisse, la Banque du Canada et la Banque d'Angleterre se sont associées pour injecter des liquidités sur les marchés financiers. Un plan de 200 milliards de dollars a été mis en place pour endiguer le regain de tensions sur les taux d'intérêt du marché monétaire.