SOCIETE GENERALE : la direction huée par les actionnaires

28/05/2008 - 10:12 - Option Finance

(AOF) - L'assemblée générale de la Société Générale qui se tenait hier n'a sans doute pas été une partie de plaisir pour les dirigeants de la banque rouge et noire. D'après l'AFP, les actionnaires du groupe se sont montrés particulièrement virulents à l'encontre du management, qu'ils estiment responsable de la perte de 4,9 milliards d'euros engendrée par l'affaire Kerviel. L'un d'eux a accusé les patrons d'avoir "transformé la banque en casino". Toutefois, toutes les propositions du conseil d'administration ont été adoptées. Le ton est monté dès les premiers échanges entre les actionnaires et la direction de la Société Générale. Un actionnaire individuel a estimé que les positions de Jérôme Kerviel n'avaient pu être prises "impunément". "Ou bien ceci convenait à la hiérarchie de la Société Générale, ou bien les contrôles sont nullissimes", a-t-il déploré. Il a vivement mis en cause Daniel Bouton, le président de la banque qui occupait également les fonctions de directeur général au moment de la révélation de l'affaire, fin janvier. "Vous avez spéculé, un point c'est tout. C'est vous qui êtes en cause et monsieur Kerviel n'est qu'un pantin qu'il aurait été facile d'arrêter si vous l'aviez voulu ou si vous aviez eu des contrôles vraiment corrects", a déploré le même actionnaire. Daniel Bouton a répondu à ces accusations en rappelant que le titre du groupe restait l'un des plus performants du secteur en Europe. L'actionnaire a alors réclamé que les administrateurs de la banque abandonnent leurs jetons de présence au titre 2007. Daniel Bouton a été hué par le public lorsqu'il a avancé que "toutes les enquêtes ont montré que les positions du trader à l'origine de la perte étaient dissimulées". La rémunération des traders a également suscité la colère des actionnaires. Celui qui a comparé le groupe à un casino a estimé que "quand on crée les conditions d'un gros bonus, on abaisse le seuil d'honnêteté des gens". (AOF)

EN SAVOIR PLUS

ACTIVITE DE LA SOCIETE

La Société Générale est l'un des premiers groupes financiers de la zone euro. Son activité s'articule autour de trois grands métiers principaux : la banque de détail pour une clientèle de particuliers et d'entreprises (55% du produit net bancaire), la banque de financement et d'investissement (30%), enfin la gestion d'actifs et la banque privée (14%). Dans la banque de financement et d'investissement, la Société Générale se classe parmi les leaders européens et mondiaux, en marchés de capitaux en euro, produits dérivés et financements structurés. Le 24 janvier 2008, la Société Générale a fait état d'une perte de trading de 4,82 milliards d'euros. Selon le groupe, elle résulte du débouclage de position "frauduleuses" d'environ 50 milliards d'euros prises par un de ses traders. L'enquête pour déterminer les responsabilités de chacun est en cours. Le bénéfice net du groupe a par conséquent été sérieusement amputé. Il s'inscrit en baisse de 81,9% sur l'année à 947 millions d'euros. La banque a rejoint en 2007 le consortium Project Turquoise, un système transactionnel alternatif qui regroupe neuf banques d'investissement.

FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR

Points forts de la valeur

- SG est le leader mondial des dérivés actions avec une part de marché de l'ordre de 15 %. - Le groupe bancaire est présent dans des pays à fort potentiel, notamment en Europe de l'Est et continue à s'y développer. - La politique de dividende du groupe est appréciée. - Le titre est opéable.

Points faibles de la valeur

- La Société Générale a échoué plusieurs fois dans ses tentatives de rapprochement avec une autre grande banque, française ou européenne. - Certains analystes jugent que le profil de revenus du groupe est plus heurté et plus volatil que celui de ses concurrents. Il est de plus très dépendant de la croissance des profits issus des activités d'investissement et de financement ainsi que de celle du marché français, en raison de l'exposition forte du groupe à la banque de détail en France. - Société Générale tire la majeur partie de ses bénéfices de la banque d'investissement et des réseaux France. Le groupe doit encore accroître sa présence à l'étranger. - Certains portefeuilles à risques de CIB, la banque d'investissement de Société Générale, pourraient être plus surveillés.

COMMENT SUIVRE LA VALEUR

- Les activités de dérivés actions et produits structurés sont dépendantes de l'évolution des marchés financiers. - Par ailleurs, en tant que valeur financière, le groupe est sensible à l'évolution des taux d'intérêts. - Enfin l'évolution de la consommation, de l'épargne et du crédit des ménages a également un impact fort sur la Société Générale, dont plus de la moitié des résultats provient de la banque de détail. - La Société Générale est également l'objet de rumeurs régulières sur un éventuel rapprochement avec d'autres banques, françaises ou internationales, même si sa direction estime être en mesure de faire " cavalier seul ". Dans un contexte de concentration, la banque française peut aussi bien être proie que prédateur. - En raison de la crise actuelle du crédit, le titre est plus sensible aux variations des grandes valeurs financières.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Finance - Banques

La crise des crédits à risques américains n'a pas fini d'influencer les résultats des banques européennes. En effet, selon certains analystes, celles-ci pourraient encore avoir à déprécier plusieurs dizaines de milliards d'actifs en 2008. De nouvelles provisions pourraient également fragiliser à nouveau les banques américaines. Sur le dernier trimestre 2007, le taux de défaut des consommateurs a bondi de 35,2% - la plus forte hausse en vingt-quatre ans - pour atteindre 1,4% de l'encours total des crédits. Dans cet environnement à risque, les banques centrales sont intervenues pour la troisième fois : la Réserve fédérale américaine (Fed), la Banque Centrale Européenne, la Banque Nationale Suisse, la Banque du Canada et la Banque d'Angleterre se sont associées pour injecter des liquidités sur les marchés financiers. Un plan de 200 milliards de dollars a été mis en place pour endiguer le regain de tensions sur les taux d'intérêt du marché monétaire.