Les valeurs du jour à Paris - M6 et TF1 gâtés par Christine Albanel

03/06/2008 - 11:26 - Option Finance

(AOF) - TF1 (+4,80% à 13,53 euros) et M6 (+6,87% à 16,03 euros) s'envolent, une nouvelle fois dopés par la perspective de l'annonce de mesures favorables pour les groupes audiovisuels français. Elles concernent principalement l'augmentation du volume maximal d'écrans publicitaires sur les chaînes privées. Dans un entretien aux "Echos", le ministre de la Culture et de la Communication, Christine Albanel, a indiqué qu'un décret à ce sujet sera prêt à être publié dès l'été. Par ailleurs, la loi sur l'audiovisuel, dont l'examen est prévu cet automne, doit alléger les règles anticoncentration. Après Jean-François Copé, président de la commission pour la nouvelle télévision publique, c'est au tour du ministre de la Culture et de la Communication de se déclarer favorable à une seconde coupure publicitaire dans les oeuvres de fiction. Selon Christine Albanel, cette disposition "permettra d'éviter que les films disparaissent des antennes". Un important broker parisien estime, lui, qu'une telle mesure doperait de 5% le bénéfice par action de TF1 en 2009 et de 4% celui de M6. D'une manière plus générale, l'objectif du ministre est d'augmenter le volume maximal de publicité par jour sur les chaînes privées. Il passerait de 6 à 9 minutes par heure en moyenne et ne serait plus comptabilisé sur une heure d'horloge, de 20 heures à 21 heures par exemple, mais sur une heure glissante, comme de 20h45 à 21h45. Un décret à ce sujet sera prêt à être publié cet été, a précisé Christine Albanel. Le ministre a également évoqué la révision des règles anti-concentration. Celle qui empêche un groupe de détenir plus de 49% d'une chaîne hertzienne devrait être supprimée, tandis que la règle interdisant à un même groupe de détenir à la fois un journal national, une télévision et une radio sera, elle, repensée. Christine Albanel a estimé ces mesures favorables aux groupes audiovisuels français en raison de leur fragilisation dans un contexte d'érosion des audiences et de mauvais état du marché publicitaire. Elle a également souligné le manque de taille critique de ces groupes au niveau international. "Si on les compare aux opérateurs téléphoniques, ce sont des nains", a-t-elle ajouté. (C.J) (AOF)

EN SAVOIR PLUS

ACTIVITE DE LA SOCIETE

Privatisée en 1987, TF1 est l'une des premières chaînes européennes en termes de parts d'audience. TF1 est diffusée en clair par voie hertzienne, par câble et par satellite. Le groupe édite également des chaînes thématiques (Eurosport, LCI, TV Breizh...). En 2006, TF1 a acquis 33,5% du groupe AB. TF1 est également un groupe de communication intégré avec des activités de diversification développées en synergie autour de son métier principal (édition et distribution de produits dérivés comme la vidéo, téléshopping...). TF1 continue de se diversifier et a acquis 1001listes en 2006, un site de listes de mariages en ligne. TF1 est détenue à hauteur de 42,9 % par le groupe Bouygues.

FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR

Les points forts de la valeur

- TF1 bénéficie de son statut de première chaîne française, détenant plus de 50% du marché de la publicité TV. - La chaîne dispose d'un portefeuille d'activités diversifiées et rentables. Le potentiel d'amélioration de la rentabilité des activités de diversification du groupe constitue d'ailleurs un levier de performance pour le groupe. - Le groupe pourrait bénéficier de la révision de la loi sur l'audiovisuel, qui empêche un groupe de détenir plus de 49% d'une société de télévision, et d'une possible suppression de la publicité sur les chaînes publiques.

Les points faibles de la valeur

- TF1 est confrontée à un univers audiovisuel en profonde transformation, marqué notamment par le poids de plus en plus important pris par Internet et la fragmentation des audiences, provoquée par le succès de la Télévision Numérique Terrestre. - La rentabilité du groupe est très dépendante de la chaîne TF1 et de ses recettes publicitaires. - La société doit faire face à une inflation du coût des programmes depuis ces dernières années. Son concurrent M6 y réalise des investissements significatifs. - Sa présence à l'international reste faible et la chaîne n'a pas de projet majeur de croissance en dehors de ses métiers de base. - Les analystes regrettent que la stratégie à moyen et à long termes reste floue.

COMMENT SUIVRE LA VALEUR

- Comme pour tous ses concurrents, la principale ressource de TF1 provient des recettes publicitaires (près de 60% du chiffre d'affaires). Celles-ci sont liées à la conjoncture économique et plus particulièrement à la consommation des ménages. - Les baromètres de mesure d'audience (type Médiamétrie) sont des indicateurs intéressants à suivre. Il faut également surveiller l'évolution du coût de la grille de programmes. - TF1, qui a renoncé à ses ambitions dans la distribution de la télévision payante en France avec son désengagement de TPS, va devoir réinvestir le produit de la vente de TPS, soit dans les diversifications, soit dans la télévision à l'international.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Communication - Medias

Plusieurs éléments remettent en cause le modèle économique des chaînes de télévision hertzienne. Premièrement, le gouvernement a annoncé, dès 2009, la fin de la publicité pour les chaînes publiques. Le manque à gagner pourrait être en partie compensé par une taxe sur les recettes des chaînes privées, qui sont hostiles à cette décision. L'autre tendance importante est l'inexorable progression d'audience de la télévision numérique terrestre (TNT). Enfin, l'Internet à haut débit représente lui aussi une menace. Pourtant, le média télévisuel pourrait être renforcé par la directive européenne "services de médias audiovisuels sans frontières", qui devrait être transposée en France en 2008. Elle prévoit une augmentation du volume publicitaire sur les antennes, ce qui pourrait permettre aux chaînes privées de profiter d'un relais de croissance au détriment des autres médias comme la presse et la radio.