Inflation : un vrai retour

04/06/2008 - 10:34 - Sicavonline - Montsegur Finance

À peine les conséquences bancaires du retournement de l'immobilier américain circonscrites, les marchés doivent intégrer un nouveau paramètre macro-économique : le retour de l'inflation. Les pays développés vivaient depuis plus de 10 ans avec une inflation proche de 2 % en rythme annuel, correspondant à l'objectif maximum visé par la Banque Centrale Européenne rappelé fréquemment par son président Jean- Claude Trichet. Les marchés émergents avaient également réussi à contenir l'inflation, qui était à 11 % en 1999, mais qui était revenue à 4 % en 2000 pour y rester.

Evolution des marchés

Désormais, les chiffres mondiaux s'emballent et l'inflation européenne atteint 3,6 % en rythme annuel, presque deux fois la limite fixée par la BCE. Comme dans les années 1970, cette inflation trouve son origine dans le renchérissement des matières premières, un mouvement général qui affecte toutes les économies en pesant sur la croissance. Le concept de « stagflation » (faible croissance et inflation) revient brutalement sur les marchés et explique de nombreux comportements sectoriels.

Taux d'intérêt

Des différences existent pourtant par rapport aux années 70. D'abord, la hausse du pétrole est plus progressive : x20 de 1970 à 1980 contre x10 depuis le point bas de fin 1998. Or ce sont les chocs, les accélérations qui pénalisent le plus les économies. Les difficultés d'approvisionnement n'existent plus, seule reste l'inquiétude sur les capacités futures à satisfaire la demande croissante. L'augmentation de l'intensité énergétique réclamée par la croissance a diminué grâce à des efforts structurels, et le poids relatif des hydrocarbures dans l'énergie diminue.

Marché des changes

Ensuite, les entreprises ne devraient plus souffrir des hausses de salaires automatiques. Les salaires ne sont plus indexés sur les prix, ce qui atténue le risque d'un «effet de second tour», cercle vicieux inflationniste. Mais cela atteint la consommation des ménages et durcit le débat social en alimentant les revendications pour le pouvoir d'achat. Le partage de la valeur ajoutée devrait rester favorable aux actionnaires, excellente nouvelle pour la Bourse.

Cours du pétrole (WTI)

Enfin, il reste des pressions déflationnistes fortes comme la chute du prix des logements ou le durcissement des conditions de crédit. Mais le risque d'accélération des prix n'est pas nul et les banques centrales, en injectant des liquidités pléthoriques dans le système financier pour en assurer la sauvegarde, deviennent des pompiers pyromanes, car ils augmentent massivement la masse monétaire, facteur d'inflation. L'inflation se traduit par le transfert de richesse du créancier vers le débiteur. Les acteurs économiques endettés (surtout à taux fixes) profitent de l'inflation ainsi que ceux dont les revenus sont indexés sur les hausses de prix. Les grands vainqueurs seront les Etats. Même si l'activité diminue, leur fardeau de dette sera allégé et leurs revenus (impôts et taxes) augmenteront parallèlement au niveau des prix, sur lesquels ils sont largement indexés.

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