France Telecom : 15 jours pour convaincre TeliaSonera

05/06/2008 - 10:32 - Boursier.com

"France Télécom engage une démarche amicale auprès de TeliaSonera en vue d'un rapprochement entre les deux groupes", explique ce matin l'opérateur...

"France Télécom engage une démarche amicale auprès de TeliaSonera en vue d'un rapprochement entre les deux groupes", explique ce matin l'opérateur historique français, qui propose une acquisition pour partie en liquide (52%) et pour partie en actions France Telecom (48%). L'opération valoriserait le géant scandinave environ 27,2 milliards d'euros sur la base du cours de clôture de l'action France Telecom hier soir, mais un peu plus de 30 milliards d'euros en se fondant sur la valorisation médiane prévue par les analystes pour le titre de l'entreprise française, qui a cependant tout d'hypothétique. A la bourse de Paris, la capitalisation boursière de France Telecom avoisinait les 50 milliards d'euros avant l'annonce. Depuis plusieurs semaines, le marché bruissait de rumeurs au sujet de cette proposition de mariage. A tel point, c'est inhabituel dans un milieu où l'on préfère taire ses véritables intentions, que le président de France Telecom Didier Lombard avait dû confirmer son intérêt pour son homologue scandinave, l'une des entreprises du secteur parmi les plus rentables. L'union des deux sociétés donnerait naissance au numéro trois mondial du haut-débit fixe et numéro quatre mondial du mobile, présent aussi bien sur les marchés matures d'Europe de l'Ouest que sur plusieurs marchés émergents clefs. Le duo disposerait de 237 millions de clients au total dans 30 pays, dont 168 millions dans le mobile et 69 millions dans le fixe. Le projet d'offre a été transmis au Conseil d'Administration de TeliaSonera et à ses deux principaux actionnaires, l'Etat Suédois (37,3% du capital) et l'Etat Finlandais (13,7% du capital). "Un tel rapprochement n'est envisagé que sur une base amicale et dans le strict respect des critères de croissance externe de France Télécom et de ses engagements financiers, tels que précédemment énoncés", explique France Télécom. En particulier, l'opérateur français explique que son taux d'endettement par rapport à sa marge brute opérationnelle redeviendrait inférieur à 2 sous 3 ans, ce qui constitue l'un des engagements à long terme des dirigeants. La politique de dividende serait maintenue. En cas succès de l'opération, France Télécom envisage de coter ses actions sur les bourses de Stockholm et d'Helsinki, ce qui permettrait de ménager les susceptibilités locales puisque la Suède et la Finlande verraient passer leur porte-drapeau dans les télécommunications sous bannière étrangère. Mais les premières difficultés n'ont pas tardé à pointer leur nez, puisque le conseil d'administration a rejeté officiellement l'offre en début de matinée, à l'unanimité, au motif qu'elle est trop chiche. Evidemment, les dirigeants scandinaves ont retenu le prix fonction du cours actuel de France Telecom et non celui sur lequel le français a tenté de communiquer, fondé sur la valorisation théorique médiane des analystes (soit 24,25 Euros alors que l'action se traitait hier soir juste au-dessus des 19 Euros). TeliaSonera a indiqué avoir fait appel à des conseils spécialisés et communiquera en temps et en heure si le besoin s'en fait sentir, selon le communiqué diffusé ce matin. Dans ce type d'opération où le risque de voir émerger une contre-offre d'un concurrent est faible tant sa taille est conséquente, l'acquéreur a souvent tendance à faire une proposition un peu faible en vue de disposer de davantage de latitude pour revaloriser par la suite la proposition, après avoir amené la direction de la société visée à la table de négociations. C'est sans doute ce qu'attend Didier Lombard, qui indiquait ce matin lors d'une conférence de présentation de l'opération qu'il se donnait 15 jours pour "discuter et ajuster" avec ses homologues scandinaves dont la réaction "n'est pas un scoop". La bourse, elle, est sceptique. L'action France Telecom a perdu plus de 15% de sa valeur depuis que les premières rumeurs d'intérêt pour TeliaSonera sont sorties. Elle cède plus de 3% en matinée sur le marché parisien. Les fusions transfrontalières entre grands opérateurs de télécommunications n'ont pas vraiment bonne presse auprès des analystes, après quelques ratages durant la constitution de la bulle spéculative internet. Les bureaux d'études mettent surtout en avant la faiblesse des économies réalisables par une telle fusion, qui juxtapose deux grosses structures opérant généralement sur des marchés différents, à l'exception, en l'occurrence, de l'Espagne. Car malgré le refus de TeliaSonera, la proposition de France Telecom est loin d'être négligeable puisqu'elle offre une prime de 25% sur le cours de l'opérateur scandinave avant l'annonce, voire de 39% en se basant sur l'objectif de cours des analystes pour le dossier. Aussi certains spécialistes pensent que le prix à payer est finalement relativement élevé pour des synergies de coûts minimes. "Nous doutons toujours que le niveau de synergies sera suffisant pour justifier une telle opération", écrit d'ailleurs ce matin le bureau d'études allemand WestLB. France Telecom balaie l'argument en rappelant que le secteur est en pleine mutation et que la taille mondiale devient l'élément déterminant. L'opérateur français va donc devoir convaincre à la fois les analystes, les investisseurs et la direction de TeliaSonera que sa stratégie est la bonne. Les prochains jours seront à ce titre déterminants. France Telecom dispose d'un atout non-négligeable dans sa manche : l'Etat Suédois est vendeur de sa participation dans le cadre d'un vaste programme de cession d'actifs. De surcroît, les acquéreurs ne se bousculeraient pas au portillon car après tout, les entreprises intéressées et disposant de la force de frappe financière nécessaire se comptent sur les doigts d'une seule main. Un article du 'Financial Times' laissait même entendre récemment que Stockholm avait fait traîner les choses volontairement car un seul prétendant s'était déclaré : France Telecom...



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