La Réserve Fédérale maintient le statu quo.

01/07/2008 - 15:22 - Sicavonline - JP Morgan

La Réserve Fédérale a maintenu le statu quo en matière de taux d'intérêt, à l'issue de la réunion du FOMC la semaine dernière. Sa déclaration s'est peut-être révélée plus accommodante qu'attendue. La banque centrale américaine a indiqué qu'elle estimait que l'économie était désormais sur la voie de la reprise, tout en reconnaissant éprouver des inquiétudes concernant l'inflation. Elle n'a pas désigné de priorité entre les inquiétudes liées à la croissance et celles concernant l'inflation, se réservant ainsi une large marge de manoeuvre. Cette ambiguïté trouve sa contrepartie sur les marchés à terme qui misent, selon une probabilité de 25 % à 48 %, sur une hausse des taux d'intérêt de 25 points de base lors de la prochaine réunion du 5 août. Comme le faisait remarquer un observateur, il est parfois instructif de méditer sur ce que la Banque Centrale Européenne aurait fait si elle était responsable de la politique monétaire américaine. Il est en effet tentant d'imaginer qu'avec un objectif d'inflation (au lieu du double mandat de la Réserve fédérale), M. Trichet aurait augmenté les taux d'intérêt américains. L'inflation américaine apparente devrait, selon toute vraisemblance, progresser de nouveau au cours des mois d'été à plus de 5 % en glissement annuel. En effet, les prévisions d'inflation à court terme ont bondi, les anticipations moyennes de l'Université du Michigan concernant l'inflation des prix à la consommation atteignent 5,1 % sur 12 mois. En ajoutant à cela le fait que la croissance est supposée se renforcer au second trimestre (avec une croissance réelle du PIB qui pourrait atteindre 1,5 % à 2 % en taux annuel), et l'impression, d'un point de vue européen, serait que le caractère extrêmement accommodant de la politique de la Réserve fédérale mérite d'être révisé. En premier lieu, une Réserve Fédérale Européenne formulerait un jugement relatif à l'écart entre croissance attendue face à la tendance, ainsi qu'à celui entre l'inflation et sa cible. Une autre variable à considérer serait la croissance de la masse monétaire et de ses conséquences. On remarque que la croissance de l'agrégat monétaire américain M2 s'est réduite de façon alarmante. En 13 semaines, sur base annualisée, la croissance de M2 a chuté d'un pic de 15,2 % fin mars à -0,6 % début juin. Les autres agrégats monétaires ont suivi, laissant supposer que les conditions monétaires américaines accommodantes s'inversent. Ceci signifierait qu'une Réserve fédérale européenne y regarderait à deux fois avant d'augmenter ses taux. On observe également que le crédit et les spreads interbancaires se sont élargis une fois de plus, alors que les données économiques demeuraient faibles. Le spread entre les taux interbancaires et les taux officiels a progressé à un niveau actuel de 80 points de base, proche de ses précédents plus hauts de septembre et novembre 2007 puis d'avril 2008. L'appel à la Réserve fédérale semble ainsi motivé à la marge par les influences combinées des pressions du système financier et des anticipations inflationnistes.

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