GDF SUEZ débute enfin en Bourse

22/07/2008 - 08:49 - Option Finance

(AOF) - Journée historique à la Bourse de Paris. A l'issue de deux ans et demi de longues fiançailles, le mariage des deux groupes est consommé. Le nouvel ensemble baptisé GDF Suez a pris la place de GDF et chassé Suez du SRD. Avec une capitalisation lundi soir de 95,83 milliards d'euros, il prend d'emblée la deuxième place de l'indice CAC 40 derrière Total (près 114,31 milliards d'euros) et EDF (près de 92,56 milliards d'euros). Le marché prendra comme cours de référence celui de GDF lundi à la clôture, soit 43,76 euros par action. 2,19 milliards d'actions seront en circulation. Début juin, les conseil d'administration de Suez et GDF avaient approuvé les termes de la fusion. Ils ont notamment arrêté la parité d'échange de 22 actions Suez contre 21 actions GDF, après la distribution par Suez à ses actionnaires de 65% du pôle environnement. L'Etat détient 35% du nouvel ensemble ainsi qu'une action spécifique qui lui permet de s'opposer à des cessions d'actifs jugés stratégiques en France. La part de l'Etat n'a pas vocation à baisser, a déclaré la semaine dernière le vice-président de GDF Suez, Jean-François Cirelli. Hors Suez Environnement, son chiffre d'affaires 2007 de 62 milliards d'euros le classe au deuxième rang mondial du secteur des services aux collectivités derrière l'allemand E.ON (69 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2007) et devant EDF (60 milliards de chiffre d'affaires en 2007). Pour Gérard Mestrallet, le président de GDF Suez, cette fusion permet de "constituer un acteur majeur du secteur énergétique". "Ce projet est porté et justifié par la formidable mutation des marchés de l'énergie et les enjeux de développement durable", a-t-il souligné lors de l'assemblée générale de Suez. Ces dernières semaines, les dirigeants de Suez et Gaz de France ont martelé d'une même voix leurs objectifs. Le nouveau groupe devra réaliser un Ebitda d'environ 17 milliards d'euros à l'horizon 2010. Les synergies opérationnelles attendues de la fusion sont estimées à environ un milliard par an à l'horizon 2013. Dans le même temps, le programme d'investissement industriel se montera à 10 milliards d'euros par an en moyenne sur la période 2008-2010. S'il est conséquent, ce programme d'investissement laisse cependant la place à une ambitieuse politique de retour à l'actionnaire. GDF Suez entend redistribuer plus de 50% de son résultat net part du groupe récurrent. Le dividende devrait croître de 10% à 15% par an en moyenne entre 2007 et 2010. Le direction a également promis des rachats d'actions et le versement de dividendes exceptionnels. Ainsi, Suez déjà a annoncé la semaine dernière le paiement avant la fin 2008 d'un dividende exceptionnel de 0,80 euro par action. En fin de semaine dernière, Lehman Brothers a initié le suivi de GDF-Suez avec une recommandation Pondération en ligne et un objectif de cours de 46 euros. Le bureau d'études estime que le nouveau groupe dispose de solides fondamentaux, mais que les bonnes nouvelles sont pour l'essentiel dans les cours. Selon le broker, GDF-Suez exercera une influence importante sur le marché de l'énergie en Europe où il est bien positionné dans le gaz et l'électricité. Comme autres atouts, l'analyste cite la solidité du bilan et le fait qu'il est vraisemblable que les objectifs de synergies soient dépassés. (AOF)

EN SAVOIR PLUS

ACTIVITE DE LA SOCIETE

Le groupe Gaz de France est un acteur majeur de l'énergie en Europe. Numéro un européen de la distribution de gaz naturel, Gaz de France emploie près de 50 000 collaborateurs et a réalisé, en 2007, un chiffre d'affaires de 27 milliards d'euros. Le groupe dispose d'un portefeuille d'environ 14 millions de clients, dont environ 11 millions en France. Coté à la Bourse de Paris, Gaz de France fait partie de l'indice CAC 40 et du Dow Jones Stoxx 600. D'ici la fin 2008, GDF et le groupe d'énergies et de services environnemental Suez devraient fusionner afin de créer un géant national baptisé GDF-Suez.

FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR

Les points forts de la valeur

-GDF bénéficie de perspectives de croissance intéressantes sur un marché porteur et bénéficie d'une structure financière saine. - Des acquisitions à l'étranger et la fusion avec Suez devraient limiter son exposition en France et lui permettre de trouver des relais de croissance sur des marchés non régulés.

Les points faibles de la valeur

-Le positionnement domestique de GDF le rend vulnérable aux tendances de l'activité économique française. - La tarification de GDF est pour l'instant toujours régulée et dépend des décisions de l'Etat. - GDF est menacé par l'ouverture du marché à la concurrence en France, élargie aux particuliers depuis 2007. - L'importance du plan d'investissement de GDF inquiète les investisseurs qui craignent que le groupe surpaye des acquisitions.

COMMENT SUIVRE LA VALEUR

Pour les analystes, le nouvel ensemble GDF-Suez offrira une action intéressante dans un marché vendeur. GDF-Suez combine en effet une croissance à deux chiffres des résultats, des multiples inférieurs à ceux du secteur, un faible taux d'endettement et un Ebitda qui s'appuie à près d'un tiers sur des activités réglementées et donc peu risquées.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Services aux collectivités

Le verdict des parlementaires européens, rendu mi-juin, relance le débat sur la séparation patrimoniale des activités de production et de transport des électriciens européens. En effet, en obligeant les énergéticiens européens produisant de l'électricité à céder leurs réseaux de transport, il s'oppose à l'accord conclu le 6 juin dernier à Bruxelles entre les gouvernements des Vingt-Sept, qui laissait aux opérateurs le choix de céder ou garder leurs réseaux de transport. Ils se conforment néanmoins à la proposition initiale de la Commission Européenne, qui imposait dans sa directive de 2003 une séparation juridique entre la production et la distribution d'énergie. L'objectif étant de casser les monopoles et favoriser la concurrence au profit du consommateur final. Face aux ambitions du futur groupe GDF-Suez, et pour compenser ses pertes de part de marché en France avec l'ouverture du marché à la concurrence, EDF poursuit sa politique d'internationalisation. Il est ainsi prêt à payer 515 millions d'euros pour racheter les 25,5% de GDF dans SPE, numéro deux belge de l'électricité. Néanmoins cette opération risque d'être compliquée par le fait que le Britannique Centrica dispose d'un droit de préemption pour acquérir la participation de Gaz de France. EDF souhaite également acquérir British Energy pour un prix d'acquisition d'environ 14 milliards d'euros. Pour le moment le gouvernement britannique n'a pas donné son accord.