EDF : enfin le dénouement en Grande-Bretagne ?

25/07/2008 - 12:49 - Boursier.com

La première grosse acquisition d'EDF depuis sa privatisation pourrait enfin avoir lieu, après plusieurs semaines d'incertitudes...

La première grosse acquisition d'EDF depuis sa privatisation pourrait enfin avoir lieu, après plusieurs semaines d'incertitudes. Le géant français de l'énergie serait très proche d'un accord avec British Energy, l'opérateur britannique de centrales nucléaires, pour un rachat voisin de 770 Pence par action qui valoriserait l'entreprise à environ 12,4 Milliards de Livres (15,7 Milliards d'Euros). La BBC annonçait hier l'imminence d'un accord et les dernières sources laissent à penser que la transaction pourrait être finalisée d'ici au milieu de la semaine prochaine. EDF s'était faite éconduire au début du mois de juin par British Energy avec une proposition à 735 Pence par action, soit une facture globale 11,8 Mds£. Pas assez généreux, selon la direction de l'entreprise basée en Ecosse, qui pouvait à l'époque se retrancher derrière un cours de bourse qui naviguait proche de ce niveau. Ceci dit, les acquéreurs ne se bousculaient pas vraiment et la pression politique sur le dossier était forte : le gouvernement de Sa Majesté détient en effet 35,2% du capital et cherchait à s'en séparer rapidement, histoire d'encaisser une copieuse dotation. Les rumeurs laissaient d'ailleurs entendre que Gordon Brown soutenait une prise de contrôle par EDF, déjà bien implantée dans le pays et qui dispose des compétences nécessaires pour développer la part du nucléaire dans l'énergie britannique. Car la situation du parc nucléaire du pays est précaire, avec des centrales vétustes et des arrêts définitifs de la plupart des réacteurs programmés sur les prochaines années. Face à la montée du prix des matières premières, Londres avait fait le choix de relancer son programme nucléaire en début d'année. Il lui faut pour cela un partenaire solide à même de combler le déficit de production qui va poindre d'ici 2020. British Energy est sortie hier soir de sa réserve en confirmant l'existence de "négociations avancées", sans pour autant citer EDF ni affirmer qu'elles iront jusqu'à leur terme, selon la formule consacrée sur les marchés financiers. Pour prendre le contrôle de British Energy, EDF se serait alliée à Centrica, un autre groupe britannique du secteur de l'énergie, à qui il pourrait rétrocéder 20 à 25% du capital. Une façon de réduire la facture de l'ordre de 3 Mds£ alors que l'électricien français ne semblait pas prêt, il y a quelques semaines, à aller au-delà de son offre initiale. Les analystes voient d'un bon oeil la décision d'EDF de se lancer avec un partenaire, car ils estiment généralement que la transaction sera destructrice de valeur, dans un premier temps, pour le français. Pour mettre la main sur le parc nucléaire britannique, EDF va en effet payer le prix fort pour des actifs de mauvaise qualité. D'un point de vue industriel en revanche, l'opération tient la route en offrant des débouchés importants au numéro un mondial de l'exploitation nucléaire. En outre, British Energy possède de nombreux terrains attenants à ses sites actuels, qui permettraient de développer plus aisément de nouvelles centrales. "Ce prix de transaction pour une opération hautement stratégique nous paraît non seulement crédible mais souhaitable pour entériner une bonne fois pour toutes une opération où finalement seul EDF peut emporter le dossier mais en acceptant de laisser le gouvernement anglais sortir la tête haute en termes de prix", explique l'analyste Patrice Lambert de Diesbach, du CM CIC Securities, dans une note adressée ce matin à ses clients. A la bourse de Paris en cette fin de semaine, la rumeur profite largement à l'action EDF, qui s'envole de plus de 3%. Le dossier en profite pour reprendre à GDF Suez sa place de dauphin de Total en terme de poids boursier au sein du CAC40, qui lui avait été brièvement ravie en début de semaine à l'arrivée du nouveau colosse de l'énergie en bourse.



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