Premières fissures avant un krach du dollar ?

21/04/2006 - 19:00 - Option Finance

(AOF) - Par Michala Marcussen, directeur de la stratégie et de la recherche économique, Société Générale Asset Management Au cours des derniers mois, l'Islande et la Nouvelle-Zélande ont subi une soudaine dépréciation de leurs devises respectives. Bien que situés aux antipodes l'un de l'autre, ces deux pays ont en commun certaines caractéristiques économiques. Au cours des années récentes, la surabondance de la liquidité mondiale et la recherche par les investisseurs internationaux de marchés à rendements élevés ont entraîné un afflux de capitaux étrangers vers ces deux économies, provoquant alors en leur sein un boom du crédit, des prix immobiliers et de la consommation. Il en a résulté un très fort creusement du déficit de la balance courante, qui atteint aujourd'hui 13 % du PIB en Islande et 9 % en Nouvelle-Zélande. Or, maintenant que les conditions monétaires mondiales se resserrent et que les taux d'intérêt dans les pays du G7 remontent, ces mêmes investisseurs internationaux tendent à revoir leur appréciation du risque et à dénouer leurs positions initiales, d'où les turbulences financières récentes en Islande et en Nouvelle-Zélande. Un premier risque serait une contagion vers les économies partageant le même type de déséquilibres (Australie, Turquie, Hongrie). Mais une source plus sérieuse d'inquiétude vient du fait que les Etats-Unis pourraient aussi figurer sur cette liste. Alors, faut-il interpréter les craquements récents sur les devises islandaises et néo-zélandaises comme les signes précurseurs d'une crise du dollar américain ? A notre avis, ce serait tout à fait exagéré. Tout d'abord, la liquidité mondiale demeure abondante en termes absolus, et la demande pour des actifs en dollars américains reste soutenue. Ensuite, le billet vert bénéfice de son statut de monnaie de réserve mondiale. Enfin, n'oublions pas que le reste du monde est tout aussi tributaire du consommateur américain que les Etats-Unis le sont des capitaux étrangers. Certes, si l'amélioration de la demande intérieure en Asie et en Europe se confirmait, la monnaie américaine pourrait reperdre de sa vigueur. Mais un véritable krach du dollar n'est guère d'actualité !