L'ampleur de la déception sur le PIB français du second trimestre (en retrait de 0,3% par rapport au précédent trimestre) accroît la probabilité d'une récession technique (c'est-à-dire deux trimestres consécutifs de recul du PIB) pour la deuxième économie de la zone euro, estime aujourd'hui Global Insight, la principale société d'études économiques privée dans le monde.
Le recul du PIB français sur le deuxième trimestre, si les chiffres présentés ce matin par l'Insee sont confirmés en deuxième lecture, serait le premier repli trimestriel du produit de l'activité économique en France depuis le dernier trimestre 2002 (et la plus forte dégradation depuis le dernier trimestre 2001).L'activité a subi un ralentissement généralisé sur la période, mais le commerce extérieur a plus particulièrement pénalisé l'expansion économique, coûtant 0,5 point de croissance au total, alors qu'il apportait une contribution positive sur les deux précédents trimestres. Pour Global Insight, c'est la confirmation des dégâts causés par un euro fort et un affaiblissement de la demande à l'export. Seuls les stocks ont en réalité apporté une contribution positive...
Si les divers indicateurs mensuels suggéraient une forte décélération de l'activité, la déception est nettement plus forte qu'attendu.
La consommation des ménages, qui est un élément clé de la croissance française, continuera à s'affaiblir en raison de la montée de l'inflation (bien que son niveau devrait s'atténuer quelque peu au cours des prochains trimestres), du tarissement des crédits à la consommation et du ralentissement du marché immobilier résidentiel, prédit Global Insight. En outre, le marché de l'emploi, qui a été relativement solide au cours de l'année écoulée permettant une réduction significative de la croissance du chômage, est voué à ralentir au cours des mois à venir en raison. En outre, les investissements seront limitées étant donné la dégradation des conditions de crédit résultant de la crise financière en cours, la hausse des taux d'intérêt, le ralentissement de l'activité économique et le faible niveau de confiance des entrepreneurs.
Sur le front de l'export, les perspectives sont guère meilleures. En effet, les exportations continueront à être pénalisées non seulement par la force de l'euro (qui devrait rester à des niveaux très élevés contre les principales monnaies au moins jusqu'à la fin de l'année selon le cabinet), mais aussi par une baisse de la demande de partenaires commerciaux. Ces facteurs aggravent les carences de l'industrie française, au niveau de sa structure géographique (insuffisamment établie sur les marchés en croissance) mais aussi sectorielle (le secteur de l'aérospatiale, qui a une pondération importante dans les exportations françaises, a été frappée de manière drastique). De plus les entreprises exportatrices tricolores ont connu une hausse des coûts salariaux unitaires plus rapides que chez leurs concurrentes allemandes).
Malheureusement pour le Gouvernement, l'importance du déficit budgétaire limite les possibilités de relance keynésienne. Global Insight estime cependant que le gouvernement actuel est prêt à assouplir la discipline budgétaire si le ralentissement de l'économie s'intensifie.
Tous ces risques amènent Global Insight à croire qu'une récession technique en France, définie comme deux trimestres consécutifs de croissance négative, est un scénario de plus en plus probable. Anticipant jusqu'ici une croissance du PIB de 1,5% sur l'ensemble de 2008, la société d'études indique qu'elle procèdera certainement à une révision en baisse.
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