INTERVIEW / Christian Foriel-Destezet et Christophe Cybak (CMCIC AM)

27/04/2006 - 10:31 - Option Finance

Premier FCP de la catégorie or et métaux précieux de Standard & Poor's, avec 86,04% au 31 mars sur un an, CM Actions Or décroche les troisième et deuxième places sur trois et cinq ans. Fonds commun de placement exclusivement aurifère, CM Actions Or est cogéré depuis l'an dernier par Christophe Cybak et Christian Foriel-Destezet. Le premier en assure la gestion depuis 2000 au sein du Crédit Mutuel, tandis que le second, qui œuvre au CIC, est devenu, à la suite du rapprochement des deux structures, responsable des fonds or et matières premières du nouvel ensemble.

Comment travaillent-ils ?

"La sélection des sociétés d'exploitation de mines d'or ? Elle est probablement moins complexe que l'analyse de sociétés industrielles...", résume sans détours Christian Foriel-Destezet. Les deux gérants travaillent à partir d'informations fournies par les sociétés qui figurent dans leurs bases de données, et des études livrées par les services d'analyses de brokers spécialisés afin de sélectionner, parmi une centaine de sociétés d'exploration et de production, la trentaine de titres qui constituent le portefeuille de CM Actions Or. Ils tiennent compte de la localisation géographique (existence ou non d'un risque politique, évolution de la devise), de l'effort d'exploration, de la qualité des projets, de la croissance de la production, de l'importance des réserves qui conditionne la durée de vie de la mine, du niveau et de l'évolution des coûts de production, de la qualité et de l'expérience du management, garant du développement et de l'exécution opérationnelle de projets d'envergure.

L'approche du fonds

Ce fonds agréé le 17 février 1984, extrêmement concentré, contient 26 lignes dans un univers composé d'une centaine de titres. FCP exclusivement monosecteur, il n'est orienté que sur les mines d'or, c'est-à-dire sur les sociétés en charge de la prospection, de l'exploration et de la production d'or. La ventilation géographique de CM Actions Or, investi en totalité, se limite au Canada (59,76%), aux Etats-Unis (14,80%), à l'Afrique du Sud (13,35%), à l'Australie (6,97%) mais aussi à la Papouasie/Nouvelle Guinée (2,86%). "L'arrivée en fin d'exploration de certaines mines et la difficulté à trouver de nouveaux gisements en Afrique du Sud conduit à une baisse régulière de la production aurifère au sein de cette zone géographique, explique Christophe Cybak. L'orientation résolument canadienne de CM Actions Or s'explique par les projets de grande envergure menés par des sociétés installées sur ce territoire, à ceci près que ces dernières exploitent également des gisements en Amérique latine, notamment au Brésil, au Chili ou encore au Mexique." Ces nouveaux projets se développent grâce à la remontée du cours de l'once : de nouvelles mines sont créées, tandis que d'anciennes, un temps délaissées, reprennent leur activité. Les cours de l'or ont commencé à remonter au printemps 2001, et la hausse s'est accélérée depuis septembre 2005, au point de toucher 600 dollars l'once il y a quelques jours. Pour Christian Foriel-Destezet, les raisons de cette hausse sont à chercher du côté d'une demande en augmentation alors que la production est stagnante : face aux déficits américains, aux incertitudes géopolitiques et aux craintes de retour de l'inflation, l'or retrouve un peu de son statut de valeur refuge. L'Asie, (notamment l'Inde et la Chine), n'a pas été étrangère à cet accroissement de la demande. "Le coût de production moyen d'une once d'or, qui a tendance à augmenter avec la hausse des prix de l'énergie, est estimé autour de 250 dollars l'once", précise Christian Foriel-Destezet. L'effet de levier de la hausse du métal sur la rentabilité des mines d'or est donc important, ce qui explique que la hausse de l'indice des mines ait été environ deux fois supérieure à celle de l'indice de l'or depuis 5 ans. Les deux gérants pensent que cette hausse n'est pas terminée, mais que la volatilité va rester forte sur les mines, avec des mouvements intercalaires de correction assez violents.

Stratégie d'investissement

Christian Foriel-Destezet et Christophe Cybak ont fait le pari d'être largement investis sur les moyennes capitalisations (80%) peu représentées dans l'indice de référence le FTSE Gold Mines. Une orientation qui explique, selon eux, les performances générées par le fonds. Les principales positions du portefeuille sont des valeurs canadiennes : Agnico-Eagle Mines, GoldCorp (7,6% chacune), Glamis Gold (7%) Yamana Gold en passe d'absorber Desert Sun Mining (7%) et Kinross Gold (6,3%). Ces sociétés connaissent une croissance de production et de réserves supérieure à celle des très grandes sociétés comme Newmont Mining. La taille assez modeste du fonds a facilité cette exposition du portefeuille à des mines à plus fort effet de levier. Valérie Riochet