Economie : Paris à l'heure de l'entente cordiale avec la BCE ?

09/09/2008 - 10:17 - Boursier.com

A quelques jours de la réunion à Nice des Ministres Européens de l'Economie, Paris semble vouloir jouer la carte de l'apaisement avec la Banque...

A quelques jours de la réunion à Nice des Ministres Européens de l'Economie, Paris semble vouloir jouer la carte de l'apaisement avec la Banque Centrale Européenne. La réunion présidée par Christine Lagarde -le Ministre français de l'Economie, de l'Industrie et de l'Emploi- se déroulera en présence de Jean-Claude Trichet, le Président de la BCE. Alors que Paris avait âprement critiqué la politique de taux d'intérêt menée par le Président de la BCE, Christine Lagarde met de l'eau dans son vin en cette phase préparatoire d'Ecofin. Le 5 juillet dernier, sur la décision de la BCE de relever les taux d'intérêt européens, le Président Sarkozy était monté au créneau devant l'UMP. Il avait même engagé la polémique en interpellant très froidement Jean-Claude Trichet sur sa politique européenne de taux d'intérêts. Nicolas Sarkozy avait assimilé cette décision à une perte de compétitivité pour la France, et avait aussitôt dénoncé le "dumping monétaire" subi par les entreprises exportatrices. Interrogé dans le cadre du Grand jury RTL-Le Figaro-LCI ce week-end, Christine Lagarde a rigoureusement contourné les multiples questions qui lui ont été posées sur point : "Ce qui est important, à mon niveau des Ministres de l'Economie et des Finances, c'est 1) que la Banque Centrale comprenne nos positions, qu'elle comprenne la situation de nos entreprises et en particulier de celles qui exportent et 2) que nous, on comprenne quelles sont les analyses d'anticipation inflationniste qui sont établies par la BCE". Cet évitement de Christine Lagarde est manifestement le signe d'une tentative d'apaisement entre la BCE par Paris. Ce positionnement du Ministre français de l'Economie est manifestement un appel à la compréhension mutuelle et au dialogue... Mme Lagarde l'a dit très clairement : "il faut développer le dialogue entre les membres de la Zone Euro et le Président de la Banque Centrale Européenne". Par ce volte-face, Christine Lagarde rejoindrait-elle la BCE sur son cheval de bataille inflationniste ? Cautionnerait-elle le positionnement de la BCE ? Peut-être... En tout cas, le discours y est ! "Il est important de restaurer les conditions de la croissance, et d'éviter de rentrer dans une spirale inflationniste. Une spirale inflationniste serait catastrophique en particulier pour les plus démunis, et ne serait pas bon pour l'État non plus. Je crois qu'on a besoin de comprendre quelles sont les analyses de la Banque Centrale Européenne, et le Président Banque Centrale Européenne doit entendre nos préoccupations de terrain, et les préoccupations de nos entreprises"... Dans son bras de fer économique avec Paris, la BCE aurait-elle fait des émules ? Aurait-elle imposé ses vues à Paris ? En tout cas, Christine Lagarde n'a pas montré la moindre once d'hésitation à expliquer le bien fondé de la politique européenne, voire à faire la promotion des décisions de la BCE ! Elle a ainsi déclaré : "ce qui est tout aussi important que la baisse ou la hausse des taux de 0,25%, c'est le langage qui est tenu et les mouvements dont le long terme. (...) On a observé que l'Euro s'est véritablement déprécié par rapport au dollar parce que pour la première fois au mois d'août, le Président Banque Centrale Européenne, le Président Trichet a dit que la situation n'était pas bonne, et a laissé entendre que, peut-être, une révision serait envisageable". De son côté, lors de sa dernière conférence de presse mensuelle, le Président de la BCE n'a en revanche pas montré la moindre intention d'infléchissement de sa politique. Il a rappelé que "le risque inflationniste pointe vers le haut. (...) Nous observons des effets de second tour inquiétants, même s'ils ne sont pas largement implantés". Il avait également poursuivi par un... "et nous sommes résolus à les empêcher" ! Maîtrise de l'inflation ou stimulation de la croissance, le débat est lancé, et sera omniprésent dans les échanges de l'Ecofin du 12 et 13 septembre prochain ! Dans l'attente, une chose est sûre... A défaut de paix des braves, l'entente cordiale semble conclue !



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