EADS : cap sur l'international

09/09/2008 - 17:11 - Option Finance

(AOF) - Power 8 +, ou le dernier né des plans de réduction des coûts lancé par EADS. Après les déboires de l'A380, ce sont les pertes liées à la faiblesse du dollar qui sont visées. Présenté devant le comité d'entreprise d'Airbus cet après-midi, le projet prend le relais de Power 8 à partir de 2010. Objectif : réaliser des économies et des gains de productivité de 1 milliard d'euros par an à partir de 2011-2012. "Des mesures supplémentaires pour améliorer notre base de coûts et notre efficacité sont nécessaires pour assurer la compétitivité à long terme de notre entreprise", a martelé le PDG d'Airbus Tom Enders. Environ 650 millions d'euros concernent Airbus. Sur cette somme, le constructeur aéronautique entend mettre de côté 350 millions par "l'élargissement des objectifs de Power 8 ", le reste étant assuré grâce à des implantations en zones dollar ou à bas coût. "En continuant notre internationalisation nous assurons notre croissance, nous profitons de structures de coût plus faibles, nous accédons aux talents sur une base mondiale et, simultanément, soutenons l'emploi et le coeur de nos compétences en Europe", a expliqué Tom Enders. L'avionneur européen va notamment "reprendre le projet de Latécoère d'implantation en Tunisie pour fabriquer des pièces classiques et investir en France dans les productions les plus sophistiquées, notamment les composites. Nous ferons de même en Allemagne et en Espagne", a annoncé le président exécutif d'EADS au cours d'un entretien accordé au Monde.fr. Il s'agirait de la première implantation d'Airbus hors de la zone euro. Louis Gallois a ajouté qu'il souhaitait également mettre le cap sur l'Inde, " en raison du nombre et de la qualité des ingénieurs ". " Pour des raisons de proximité de marché, la Chine s'impose ", a poursuivi le dirigeant, avant d'évoquer le Maghreb, la Russie et le Mexique. Ce qui n'empêche pas le groupe franco-allemand de rechercher parallèlement des acquisitions aux Etats-Unis, comme l'a rappelé Louis Gallois. Enfin, le patron a déclaré qu'il " espérait que le premier vol de l'Airbus A400M ait lieu avant la fin de l'année en fonction des essais du moteur sur le banc volant ". Un événement qui était initialement prévu cet automne. (M-L.H) (AOF)

EN SAVOIR PLUS

ACTIVITE DE LA SOCIETE

Né en juillet 2000 de la fusion entre l'Allemand Dasa (DaimlerChrysler Aerospace), l'Espagnol Casa et le Français Aérospatiale, EADS est aujourd'hui le premier groupe aéronautique européen et le second à l'échelle mondiale. Ses activités se répartissent entre l'aviation commerciale et militaire, l'espace, les systèmes de défense et les services. EADS compte cinq divisions : Airbus (le grand concurrent de Boeing sur le marché des avions commerciaux de plus de 100 places), Avions de Transport Militaire, Eurocopter, EADS Astrium et enfin Defense & Sécurité. EADS emploie environ 116 000 personnes sur plus de 70 sites, principalement en France, en Allemagne, au Royaume-Uni et en Espagne, ainsi qu'aux Etats-Unis et en Australie.

FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR

Les points forts de la valeur

- Malgré ses déboires autour de l'A380 et de l'A350, Airbus reste un leader de l'aéronautique commerciale, à même de concurrencer le géant américain Boeing. - La mise en oeuvre de "Power 8" et le lancement de l'A350, dont le carnet de commandes grossit, placent Airbus dans une situation offensive. En outre, l'avionneur européen est moins exposé que Boeing aux compagnies aériennes américaines, confrontées à d'importantes difficultés financières. - 2007 a été une année de commandes record pour Airbus, avec 1341 commandes nettes. Le groupe reste cependant légèrement derrière Boeing.

Les points faibles de la valeur

- Le groupe EADS est sensible au dollar, dans la mesure où il facture l'essentiel de ses ventes dans la devise américaine. Néanmoins, ce risque est limité par la politique de couverture du risque de change mise en place par la direction. - C'est seulement dans quelques années que l'on saura si EADS a eu raison dans son pari sur le marché des gros porteurs matérialisé par le lancement de l'A380. -Les activités de défense manquent de taille critique tant pour atténuer la cyclicité de l'aviation civile que pour rivaliser avec les grands groupes américains. EADS affiche toutefois sa volonté de poursuivre le rééquilibrage de ses activités, en développant encore son pôle défense. - Les surcoûts liés au développement problématique de l'avion de transport militaire A400M, la montée en cadence de production de l'A380 et d'éventuels nouveaux retards risquent d'affecter le titre sur le long terme.

COMMENT SUIVRE LA VALEUR

- EADS est extrêmement sensible à l'évolution du secteur aéronautique civil et donc à la santé des compagnies aériennes qui lui achètent des avions. Or, la bonne santé du secteur du transport aérien dépend de la situation économique et géopolitique mondiale, qui influe sur le tourisme et les voyages d'affaires, mais également d'autres facteurs, comme le prix du pétrole. Les prévisions de livraisons d'avions sont de bons indicateurs de tendance. - Plus spécifiquement, le titre pourrait présenter un attrait spéculatif, en vue d'une possible consolidation du secteur spatial et de la défense. Une alliance à trois avec Thales et Alcatel a souvent été évoquée par les marchés. - Le dossier lié aux accusations de délit d'initiés est à suivre.

LE SECTEUR DE LA VALEUR

Aéronautique - Défense

Les groupes aéronautiques français sont pénalisés par la faiblesse du dollar car leurs coûts de production sont essentiellement libellés en euros alors que leurs contrats le sont en dollars, ce qui réduit leurs marges. Avec une rentabilité amoindrie, la capacité de recherche et développement de ces groupes est menacée, notamment par rapport à leurs concurrents américains. Face à des stratégies de couverture de change qui deviennent insuffisantes, les intervenants multiplient les délocalisations. C'est pourquoi, les effectifs à l'étranger explosent, alors qu'ils stagnent en France pour l'ensemble du secteur.